Sur « l’homme qui a fait rire la France entière pendant plus de vingt ans », France 2, mardi dernier 7 octobre, n’a pas révélé grand chose, malgré le titre affriolant de son documentaire (« La face cachée de Coluche », présenté par Laurent Delahousse) : ni face cachée ni part d’ombre.
La drogue ? L’artiste a quasiment tout dit lui-même lors d’une émission de télé avec Patrick Sabatier. Le fiasco de sa campagne électorale est connu : lancée comme une farce, l’affaire tourna vite au saumâtre quand les politiciens s’en mêlèrent et que Coluche se prit au sérieux.
Des sondages l’avaient donné à 16% au premier tour. Mais même avec un seul point, le saltimbanque devenait un enjeu politique entre Giscard et Mitterrand (nous étions en 1981). Approché par Jacques Attali, il fit discrètement acte d’allégeance au candidat de la gauche et après quelques tours de piste la plume dans les fesses, regagna l’estrade des comiques. Ou plutôt les coulisses, et leur
Aggravé par le départ de sa femme, cet échec le marqua au point de provoquer dépression et perte de créativité. Le célèbre nez rouge plongea alors dans la coke. Incapable d’écrire, de faire rire, se fâchant avec ses amis, accablé par le suicide de son pote Patrick Dewaere, Coluche fait sa dure crise de 40 ans (middle life crisis comme disent les psy américains). Trois ans au fond du trou dans « le chagrin et le vide », puis la renaissance, le retour heureux à la radio (Europe 1) et le triomphe au cinéma (césarisé pour « Tchao Pantin »). On connaît la suite : Restos du Cœur, mort à moto.
De cette histoire remarquable, la télé n’a pas manqué de faire un scénario religieux. Il s’agissait de faire un saint. Le démon, c’est la drogue, à laquelle notre héros ne résiste pas car la chair est faible. Et puis vient la rédemption avec les Restos du Cœur, qui font de Coluche un Saint Vincent de Paul laïc. Enfin l’apothéose, la mort brutale, absurde et d’autant plus glorieuse : alors qu’il roulait tranquillement en moto, un camion lui barre subitement la route le 19 juin 1986…Depuis, Coluche a son nom gravé au fronton des collèges, ce qui est mieux que de gésir au Panthéon, avec tous ces grands hommes coincés.
Comme comique et comme bonhomme, Coluche était exceptionnel, nul ne le conteste. Et la République a besoin de saints, ça tombe bien. La télé vous fait ça très bien. La seule question est de savoir si on peut raconter cette histoire autrement qu’en livre d’images pour téléspectateurs bien sages. Quelques détails, quelques petites phrases glissées laissaient penser que c’est possible. Prenons – tout à fait au hasard - le cas Attali. Interviewé comme témoin, l’ex-sherpa de Mitterrand gomma artistiquement la manœuvre politicienne dont il fut le messager et l’artisan. Ne reste plus pour l’Histoire que « l’ami » de Coluche (ce qu’il finit par devenir). Peut-être un jour, Attali nous racontera la vraie histoire, vers une heure du matin…Philippe Gildas, qui ouvrit les portes d’Europe 1 à Coluche, glissa sans malice que l’homme à la salopette n’était pas forcément gentil tous les jours et qu’en affaires, il fut « un excellent négociateur » (« avec Lederman [son producteur], ils étaient faits pour se rencontrer »). Tiens, Coluche, artiste d’exception, aurait-il été aussi un coriace, un dur, un chiant, bref un homme avec du blanc, du noir et du gris, ou pour reprendre la formule de Sartre, « fait de tous les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui » ?
Juste pour dire que Coluche était un grand homme, qui malheureusement est parti trop tôt et sans nous dire au revoir ! D’autres auraient mérité partir avant lui ! Alors les critiques positives ou négatives à son sujet, me laissent de marbre…..
Tout ce que je sais maintenant, c’est qu’il nous manque à tous, surtout qu’en ce moment on aurait bien rigolé à ses cotés…
Le fait d’en parler, j’en pleure encore sa disparition, c’est vous dire….