Pour les jeux olympiques, la république populaire promeut huit expatriés pour qu’ils fassent la pub du régime.
Pied de nez au sacro-saint « terrorisme », aux « séparatismes » (chacun a un corse dans sa bergerie, ici, en l’occurrence la volonté autonomiste ouïghoure de la province occidentale du Xinjiang) et à l’« extrémisme » de tout poil (sont nominés dans la catégorie « extrémisme » : toutes voix, tous mouvements de contestations chinois et étrangers et toutes autres petites mains gouvernementales dites non-gouvernementales crachant « injustement » sur le régime et ses travers) : les autorités de Beijing et le BOCOG (Comité d’organisation des Jeux de la XIXème Olympiade de Beijing) ont décidé que huit étrangers résidant en Chine seraient sélectionnés et deviendraient ainsi les portes flambeaux des lumières de la paix olympique en République Populaire.
Les critères de sélection ou les devoirs et obligations des heureux gagnants sont au nombre de cinq : premièrement ils doivent, dans le cadre de leur champ professionnel (économie et commerce, politique, culture, sport, ou science et technologie) promouvoir les relations entre la Chine et les autres pays du monde. Ils doivent également, et c’est un ordre, « aimer la culture et l’histoire chinoise », « une longue histoire et une brillante culture », pensif suranné mais bel et bien toujours fortement ancré dans le conscient collectif chinois. Ils doivent troisièmement et parce que, à l’heure de la désinformation et de la manipulation de masse, ce n’est pas un mal, « être dévoué à communiquer des informations sur la vraie Chine dans leur pays d’origine », au cas ou nous irions dénigrer le Grand Timonier au delà des frontières de la Chine éternelle. Un mot quand même sur les Jeux, nos mauvais patriotes passés à l’« ennemi » doivent « promouvoir l’esprit olympique dans une constante recherche et exploration de l’excellence ». Et enfin, et surtout, parce qu’il ne faut pas oublier que nous sommes dans le pays où tout va bien, où chacun à sa place, en rang et aligné, et où rien ne dépasse, ils doivent « contribuer à la réalisation d’une société harmonieuse ».
Non content de remplir l’ensemble de ces divins commandements, les candidats au privilège olympien du portage des lumières dans ce monde rouge d’obscurité, candidats certainement apolitiques, devront soumettre leur copie au bureau d’inspection du respect des règles du BOCOG, un essai en anglais d’environ 500 mots, dont le titre d’une profondeur psycho-sinocentrique irait jusqu’à émouvoir un rude paysan du Hunan, seul dans sa chaumière, « La Chine et Moi », ou la description « touchante et vraie » (Ah ! Cette recherche de la vérité…) de « my story in China ».
Sponsorisé par Lenovo, sponsor officiel des Jeux Olympiques de Beijing de 2008, ce grand jeu concours, cautionne de fait le régime tant décrié de nos amis Hu et Wen, par le truchement des jeux et la collaboration inconsciente d’étrangers expatriés, à la remontée au flambeau olympique vers la capitale chinoise. Pied de nez des autorités chinoises aux mondes qui ne les aiment pas, nous disons donc, en ayant l’air de dire : « Vous voyez, nos étrangers à nous, ils aiment la Chine », et ils le prouvent.