Charité bien ordonnée…

Papesse de la pédopsychiatrie, chroniqueuse sur France Info, adjointe UMP du maire du VIIIe arrondissement parisien, Edwige Antier a un agenda bien chargé mais surtout une passion, les enfants. Aussi n’a-t-elle pu refuser de s’engager dans une noble cause, l’Association mondiale de l’aide à l’enfance.

Véritable attrape-tête-couronnée, l’Amade a été fondée en 1963 par la princesse Grace de Monaco et est désormais dirigée par son Altesse royale la princesse de Hanovre, plus connue sous le nom de Caroline de Monaco. Toute la famille princière monégasque s’y retrouve mais pas seulement. Beaucoup de souverains s’y croisent et fraient avec des roturiers, certes mal nés, mais désormais bien implantés. Et en 2004, dame Antier, forte de son auréole médiatique prend la tête de l’antenne française de l’association. Et, peut-être, quelques libertés avec sa trésorerie.

Un étrange PV du conseil d’administration de l’Amade, daté du 23 janvier 2006 et qui sera le dernier d’Antier à la tête de la structure, le suggère. « 180 000 euros environ avait disparu (sic) ». Mais précise la bonne Edwige, elle « a rendu, en presque totalité, les sommes détournées des comptes ». Point donc besoin d’aller plus loin, tant elle risquerait alors « des préjudices moraux importants ». Pour une proche de Nicolas Sarkozy et de sa plume Henri Guaino, qui rêve en secret si ce n’est d’un maroquin ministériel, au moins d’un porte-feuille de secrétaire d’État, une mise en examen serait du plus mauvais effet. Et son aura dans les milieux de l’enfance, tout au service du candidat Nicolas, s’en trouverait écornée.

Mais les têtes couronnées sont des gens comme les autres. Et comptent leurs sous. Si bien que le 18 avril 2006, une plainte en bonne et due forme «  pour détournement de fonds » est déposée au Tribunal de grande instance de Paris et décrit une étrange situation. « Il apparaît en effet que la trésorerie de l’association a été captée par la présidente pour atteindre fin 2005 la somme de 169 407 euros, puis a été remboursée en trois versements de : 53 000, 59 000, et 55 000 euros en date des 26-28-29 décembre 2005. Le compte présentant à ce jour un débit de 2407,59 euros ».

Et la dite plainte a été instruite. Fixée au 20 mars, l’audience de fixation des faits devait déterminer de la requalification ou non des faits reprochées à Edwige et à son époux Bernard Regard, alors secrétaire général de l’Amade-France. À savoir « recel de bien obtenu à l’aide d’une escroquerie » pour Madame, « escroquerie et contrefaçon ou falsification de chèques » pour Monsieur.

Jointe par Bakchich, la défense assure « qu’il ne s’agit que de vils règlements de comptes ». Et se veut tout à fait sereine. D’autant que, finalement l’audience a été repoussée au 29 mai soit après les présidentielles. Sage décision.

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Actualisation au 14 avril 2010 :

Edwige Antier a été relaxée par un arrêt de la Cour d’appel de Paris en date du 7 mai 2008 de l’accusation de recels de fonds détournés par son mari.