Philippe Boucher, qui fut notamment éditorialiste au « Monde » de 1970 à 1991, chroniqueur du « Journal d’un amateur », nous propose d’ouvrir avec lui son agenda, où il note quelques-unes de ses réflexions
Il y a comme une lacune dans ce que l’on entend et qu’on lit sur le comportement de la Chine à l’égard de la province tibétaine – selon les uns – du Tibet – selon les autres. Le choix de l’une ou l’autre appellation n’est pas précisément neutre ; inutile de s’y attarder.
Cette lacune porte, d’une part, sur le fait que la Chine est, pour la très grande majorité de ses ressortissants qui s’en soucient, dans son bon droit en affirmant sa souveraineté sur le Tibet ; d’autre part, que les diverses manifestations pour contester ce droit rendent ces mêmes Chinois furieux peut-être - mais sans compromettre leur impassibilité.
Faudra-t-il rappeler qu’en matière de gouvernement, de relations internationales ou de civilisation, la Chine a quelques dizaines de siècles d’avance sur le reste du monde. « Nos ancêtres les Gaulois » étaient encore dans des cavernes, au mieux des huttes, quand les Chinois avaient déjà découvert le papier, l’imprimerie, le gouvernail, la boussole, le sismographe ; sans oublier la soie qui faisait frémir les belles (et riches) Occidentales. L’Occident se ruinait à les satisfaire et la Route de la Soie fait encore rêver. De sorte que les pressions exercées sur Pékin, quelles que soient leurs formes, ne pèsent pas plus qu’un duvet sur la conscience chinoise. Elle en a vu d’autres, elle a le cuir épais et, accessoirement, se fâche-t-on vraiment avec un aussi riche client ?
D’autant que l’Histoire, qu’il n’est jamais mauvais de consulter pour comprendre son temps, ne donne pas des très longues relations sino-tibétaines l’image manichéenne qu’on veut nous vendre : les bourreaux contre les victimes, les cruels Chinois contre les gentils Tibétains, si doux qu’ils ont fait du bouddhisme la religion d’État depuis l’an 783. Les ouvrages ou les sites ne manquent pas pour se méfier d’une image aussi simpliste. Les Britanniques ne le pensent certainement pas, eux qui ont, les premiers, reconnu l’imperium de Pékin sur Lhassa en… 1876.
C’est en cela que les menaces de boycottage des Jeux ou de la cérémonie inaugurale (boycottage : du nom de Charles Cunningham Boycott, grand propriétaire terrien irlandais du XIXème siècle qui fit les frais de cette pratique de la part des fermiers qu’il pressurait à l’envi) ; ces menaces, donc, ressemblent à un tigre de papier, pour reprendre ce que disait des États Unis feu le Grand Timonier.
Fallait-il pour autant ne rien faire ? Peut-être pas. Mais les protestations ont ceci de baroque qu’elles n’ont lieu que grâce au choix de Pékin par le Comité international olympique, le 13 juillet 2001. Ces tardives protestations publiques, de plus, ont eu surtout pour résultat de ridiculiser Londres, puis Paris, en attendant la suite. En revanche, le calme règne à Pékin, n’en doutons pas.
Autant, il est légitime de reconnaitre le Droit du peuple tibétaine de massacrer sa minorité Han, autant il est réaliste de constater - à la lueur de la flamme olympique - que la France ne fait pas mieux que la Chine, face aux indépendantistes tibétains.
En organisant les JO, la Chine voulait afficher son retour dans le "concert des nations", la partition est réussie à 200%, le message est tellement bien passé que c’est la panique dans les rangs des défenseur de l’universalisme néo-libéral occidental au pays des droits de … Robert Ménard.
Tout est dans le titre : C’est en 2008 que j’ai entendu pour la première fois le terme de "boycottage", je connaissais "boycott" jusqu’alors mais bon, la langue évolue puisqu’on a "bravitude" etc. etc.
Maintenant je sais :
Le mot « boycottage » fit son entrée en France en 1881, puis est devenu « boycott » récemment, comme dans le reste du monde francophone, à cause de la redondance du suffixe.