Big Brother en Chine : à surveillance débridée
Télé-surveillance / jeudi 15 novembre 2007
par
Xiao Long
Les JO à Pékin c’est pour l’été prochain. L’occasion pour l’Empire du Milieu de donner un nouveau tour de vis sécuritaire et de fliquer les élites urbaines.
« Anquan diyi » ou « la sécurité en premier ». À moins d’un an des Jeux Olympiques de Pékin, ce vieux dicton chinois est plus que jamais d’actualité. Si le régime disserte à longueur de Congrès sur « la protection de l’environnement et la sauvegarde des pauvres » ou encore sur le « développement scientifique », il constitue aujourd’hui le socle du nouveau contrat social que Pékin a passé avec ses élites urbaines. Des élites qui, soit dit en passant, composent cette fameuse et stratégique « classe moyenne » que personne n’est capable de chiffrer. Toujours est-il que Pékin l’a maintenant dans la poche : elle est aujourd’hui prête à reverser une partie de ses profits au régime (sous forme d’impôts, de participation à la capitalisation boursière des entreprises publiques mais aussi de manière plus informelle) en échange d’une stabilité nécessaire aux affaires en tout genre. Hélas pour les urbains de l’Empire du Milieu ce n’est pas là la seule concession accordée en vue des Jeux Olympiques.
En sus des quelque 260 000 caméras de surveillance qui quadrillent les rues de la capitale chinoise, les autorités ont arrêté des mesures dignes d’un plan Vigipirate puissance dix : plus de 100 000 policiers seront affectés à la seule surveillance des sites olympiques auquel il faut ajouter 600 000 « bénévoles » qui les auront tout autant à l’oeil. Beaucoup plus drôle mais bien plus liberticide, une nouvelle mascotte du ministère de la Sécurité Publique (gongan bu) vient de faire son apparition dans tous les taxis de la capitale. L’affreuse bestiole est en réalité une petite webcam reliée directement au serveur du ministère. Sa fonction ? Diffuser en temps réel les photos de tous les passagers d’un taxi lambda. Objectif officiel du ministère et leçon bien apprise par les chauffeurs de taxi : renforcer la sécurité des usagers (qui ne pourront plus se faire « arnaquer ») et améliorer celle des chauffeurs de taxi au cas où ils prendraient en charge de jeunes gens ivres ou des délinquants tentés de s’emparer de la recette du jour. Officieusement, l’objectif dudit ministère est tout autre et nettement moins avouable : contrôler tout comportement anormal – ou défini comme tel – à l’heure de la grande messe des Jeux Olympiques. Big brother a encore de beaux jours devant lui… Et ce n’est qu’un début.