Manger l’info par la racine. Le désherbant Bakchich vous dévoile les secrets de fabrication (et de rédaction) de l’actualité.
L’info. « Woerth ne bat pas en retraite », le Monde, 4 septembre.
Le décryptage. Le quotidien, qui a rencontré Éric Woerth, tente de comprendre la psychologie du ministre du Travail, acculé par les révélations de la presse. L’auteur de l’article relate pour l’occasion un dîner ayant eu lieu le 22 juin chez le milliardaire Albert Frère, dans son appartement de l’avenue Foch, à Paris, en compagnie de Bernard Arnault, PDG de LVMH, Christophe de Margerie, PDG de Total, et sa femme, du couple Kouchner-Ockrent et du couple Woerth. Le ministre du Travail assure plus loin dans l’article : « Je connais infiniment plus de gens modestes que de gens riches. » Sans nul doute, mais l’on sait désormais avec qui il dîne.
L’info. « JPK : l’homme qui faisait trembler Tahiti sera diffusé en Polynésie », Téléobs.com, 7 septembre.
Le décryptage. Comme l’a révélé Bakchich. info, Canal Overseas, la filiale monde de Canal +, a tenté de passer à l’as la diffusion en Polynésie du documentaire de Spécial Investigation sur la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud, et cela sans en référer à la maison mère. Alertée, Canal + France a finalement fait pression pour que le reportage soit diffusé sur ses antennes polynésiennes. Il devrait donc être visible le mercredi 8 septembre, à 22 h 45. Ce n’est pas la première fois que Canal Overseas tente de déprogrammer un documentaire dérangeant. Ainsi, l’année dernière, l’entreprise avait tout fait pour qu’une enquête sur les Békés ne soit pas diffusée en Martinique. Sans succès.
L’info. « Frères jusqu’au bout des ondes », le Parisien, 29 août.
Le décryptage. Le quotidien consacre une pleine page à un portrait croisé tout ce qu’il y a de plus gentil aux frangins Demorand. Nicolas, animateur à Europe 1, et Sébastien, critique gastronomique, membre du jury de l’émission phare de TF1, Masterchef. Plus cocasse, ce dernier tient aussi chronique dans les colonnes du Parisien. Ainsi, cinq pages avant son portrait, Sébastien intervient comme auteur, et non pas comme sujet. Rappelons que Le Parisien a déjà consacré plus d’une dizaine d’articles à l’émission Masterchef, sans pour autant que l’audience décolle. Enfin, pour que le mélange des genres soit bien complet, Sébastien Demorand a consacré, dans le Parisien toujours, deux chroniques gastronomiques élogieuses : l’une sur Yves Camdeborde (qui a aussi eu droit à un sympathique portrait), l’autre sur Frédéric Anton, assurant ainsi la promotion de leurs restaurants respectifs. Deux chefs étoilés qui sont aussi membres du jury de l’émission Masterchef. Demorand, TF1, le Parisien, une triade gagnante.
L’info. « La presse contre-attaque face aux projets grand public de l’AFP », les Échos, 7 septembre.
Le décryptage. Dans l’article, Francis Morel, directeur général du groupe Le Figaro et président du SPQN, le syndicat de la presse quotidienne nationale, assure que « l’Agence France-Presse ne peut pas à la fois assumer une mission de service public (et à ce titre recevoir des financements publics) et venir concurrencer des opérateurs privés ». Une pique assez basse contre l’agence, et d’autant plus malvenue quand on sait par exemple que le Figaro a touché, en 2006, selon le site Owni.fr, 2,745 millions d’euros de subventions publiques pour son imprimerie du Sud ou encore 1,113 million en 2005 pour l’adaptation de l’imprimerie au nouveau format du journal.