Le peintre-dessinateur Baudoin remet son pinceau virevoltant au service d’une nouvelle policière de Fred Vargas.
Pour la deuxième fois, après les Quatre fleuves, le dessinateur Edmond Baudoin a mis son pinceau virevoltant au service d’une nouvelle policière de Fred Vargas.
Un clochard « sans grade » déambulant dans les rues parisiennes au volant de son Caddie baptisé Martin survit de la vente de ses éponges – 1 euro pièce. Pas de quoi pavoiser. Plutôt de quoi entretenir une douce folie, seule issue aux vertiges de la solitude. Pi, de son prénom, ne pensait pas être le témoin d’un meurtre. Et encore moins se retrouver dans la chaleur d’un commissariat pour livrer sa version des faits. Au commissaire Adamsberg qui tente la méthode forte lors de l’interrogatoire, Pi répond par la poésie. Donne la circonférence des pâquerettes, s’inquiète du devenir de son Caddie Martin et de l’état du marché des éponges.
S’ensuit une rencontre entre les deux hommes, où la quête de la vérité emprunte les détours d’une rêverie maussade. En fait, urbaine. Une pointe de mysticisme mais pas de religiosité gonflante. Pi, ou 3,14 pour l’Assistance publique, qui n’a pour seule constante dans sa vie que son prénom, est un païen. « Je vous salis, ma rue », pourrait-il prier. Porté par le noir et blanc, classique dans l’œuvre de Baudoin, le polar de Vargas s’avale comme un café serré. Amer et palpitant.