La vidéo des menaces d’un lieutenant-colonel français coopérant contre un journaliste photographe togolais a créé le buzz. Bakchich a recueilli le témoignage de Noël Kokou Tadegnon, auteur de la séquence.
La vidéo de l’altercation entre le journaliste photographe togolais Didier Ledoux et le lieutenant-colonel français coopérant Romuald Létondot a créé le buzz mercredi 11 août. On y voit le gradé intimer de façon condescendante voire menaçante au photographe de supprimer une photo prise en marge d’une manifestation d’opposant à Lomé, la capitale.
Lieutenant-colonel : Je m’en fous que tu sois de la presse. Tu enlèves ça. Tu enlèves ta photo s’il te plait sinon c’est moi qui le prend.
Didier Ledoux : D’accord.
Lt Colonel : Alors tout de suite !
DL : J’ai compris.
Lt Colonel : Non. C’est un numérique ? C’est un appareil photo numérique ?
DL : Bien sûr.
Lt Colonel : Il obéit ? (s’adressant aux gendarmes togolais) Tu veux qu’on te donne un coup sur l’appareil ou quoi ?
Noël Kokou Tadegnon : On va y aller doucement.
Lt Colonel : Je te demande gentiment d’enlever la photo.
DL : Mon Colonel…
Lt Colonel : Moi, on ne me prend pas en photo comme ça, ok ? Tu m’as demandé à me prendre en photo ?
DL : Moi je couvre un événement.
Lt Colonel : Je m’en fous !
Noël Kokou Tadegnon : Didier, Didier, silence. On va gérer. Mon Colonel, on va y aller doucement.
Lt Colonel : Est-ce qu’il peut enlever la photo ?
Noël Kokou Tadegnon : On va pas le brusquer.
Lt Colonel : Est-ce qu’il peut enlever la photo ?
Noël Kokou Tadegnon : Il va l’enlever.
Lt Colonel : Vas-y, je veux voir.
Noël Kokou Tadegnon : Il va enlever.
Lt Colonel : Moi je connais hein !
Un gendarme : Il va le faire. Mon Colonel, on va y aller doucement. On va quand même pas…
DL : J’arrive, j’arrive !
Un gendarme : Je vais gérer ça personnellement.
DL : Non, non.
Lt Colonel : Je veux te voir…
DL : Monsieur le Colonel… (…) C’est comme si je lui demandais de me donner son arme !! Je fais mon travail !! (s’adressant aux gendarmes)
Lt Colonel : Moi, j’ai pas d’arme.
DL : Je fais mon travail !
Noël Kokou Tadegnon : Didier, doucement, on va gérer.
Lt Colonel : Hé tu le mets en taule si… tu le mets en taule !
Tu sais qui je suis ? Je suis le conseiller du chef d’Etat major de l’armée de terre. Ok ? Est-ce que tu veux que j’appelle le RCGP (Régiment des commandos de la garde présidentielle ndlr) pour foutre un peu d’ordre là-dedans ? Oui ou non ?
DL : Non.
Lt Colonel : Voilà. Alors, ça je te demande d’enlever la photo. Est-ce que c’est compris ?
Noël Kokou Tadegnon : Didier, on va gérer, on va gérer. On va quand même pas…
Lt Colonel : Toi tu enlèves ça aussi ! (s’adressant à Noël Kokou Tadegnon qui filme)
Noël Kokou Tadegnon : Non.
Lt Colonel : Si.
Noël Kokou Tadegnon : Non.
Lt Colonel : Si, tu enlèves ça. (Coup dans la camera).
Noël Kokou Tadegnon : Non.
Lt Colonel : Si, t’as pas à me filmer !
Noël Kokou Tadegnon : Je ne vous filme pas.
Lt Colonel : Ah ben je sais pas. Tu enlèves ça. Tu ne filmes pas.
La séquence, filmée par le JRI Noël Kokou Tadegnon et postée sur son compte Facebook, a été diffusée sur YouTube et a eu suffisamment d’écho pour que que le Quai d’Orsay annonce des excuses du l’officier français, qui ont eu lieu mercredi soir dans les locaux de l’ambassade de France à Lomé. Didier Ledoux et une de ses consoeurs togolaises étaient présents.
Bakchich a recueilli le témoignage de Noël Tadegnon.
"Avec Didier, nous sommes les seuls à aller couvrir les manifestations. On s’est appelé le matin, et donné rendez-vous, puis à la sortie d’une ruelle pendant la manifestation, on a vu le militaire et les gendarmes togolais, ça nous a surpris. Didier a pris la photo, et moi j’ai filmé. Ensuite le lieutenant-colonel est venu vers nous".
"Pour moi, on est sur la place publique, il y a une manifestation qui oppose les forces de l’ordre et un parti politique. Il ne peut pas plus se prévaloir du droit à l’image : il se retrouve dans un lieu où se déroulent des heurts et la population a droit à l’information. Il aurait dû s’expliquer sur sa présence et dialoguer plutôt que de nous menacer. On avait nous-mêmes besoin d’explications sur la photo". Des clichés de Didier Ledoux ont d’ailleurs fait la une de la presse locale.
"On n’a pas bien compris son attitude. Habituellement, les coopérants sont des gens calmes. Mon père a été le couturier du bureau de coopération militaire et je les fréquente depuis longtemps. J’ai aussi côtoyé des gars de la force Licorne, très sympas. Ce coopérant n’est pas représentatif."
Pendant l’altercation, "il y avait des hommes de la gendarmerie togolaise en civil, que nous connaissons. On s’est dit qu’il fallait calmer le jeu. On a constaté avec Didier que les officiers togolais étaient calmes, davantage que les éléments de troupes. Les officiers de gendarmerie togolais n’étaient pas d’accord avec l’attitude du lieutenant-colonel".
Et le buzz alors ? "Quand il y a ce genre d’incidents, les grands médias refusent les images, mais comme je suis passionné, je les mets sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui les médias traditionnels étrangers me rappellent : Reuters, les chaînes de TV…."
Romuald Létondot, joint par France-2 à Lomé, a donné sa version des faits : "J’ai été victime d’un jet de pierre d’opposant, parce que j’étais dans ma voiture de fonction. Je montrais les faits (la voiture abîmée) à un gendarme togolais quand je me suis rendu compte que j’étais pris en photo, et que cette photo pouvait être mal interprétée, ce qui a été le cas. Je me suis emporté, le but était d’empêcher une photo volée. J’ai effectivement présenté mes excuses à Didier Ledoux. Ce qui est dommage, c’est que je termine mon séjour ici, au Togo, dans quinze jours, de cette façon-là."
Ironie du sort, son rôle de coopérant militaire français au Togo était : "Audit, conseil, pédagogie, formation d’officiers et sous-officiers de l’armée togolaise".
Le ministère français de la Défense a précisé à Bakchich "ne pas se reconnaître dans les propos" tenus par le coopérant, et "ne pas cautionner ce comportement". Le ministère "respecte la liberté de la presse" et exprime sa satisfaction que l’affaire soit terminée après les excuses officielles du lieutenant-colonel Létondot.
Quand on voit la teneur des commentaires, on comprend vite la raison d’être d’un tel article. Et on se prend à rêver du même genre d’article concernant les policiers français d’origine étrangère commettant des actes et paroles racistes envers les "face de craie"…
Mais voilà : C’est un rêve.
Bonjour,
Il ne faut pas généraliser et mettre l’ensemble d’une catégorie de gens dans le même panier : "Dans l’esprit de nombreux militaires français, le colonialisme n’est pas mort et la supériorité de la race blanche sur la race noire est toujours d’actualité."
La moyenne d’âge des militaires français est de moins de 30 ans : en clair la majorité n’a pas connu et ne sait pas ce qu’est le colonialisme du fait qu’elle est née après ! Par conséquent, les pays d’Afrique sont bel et bien considérés comme des pays étrangers et non comme des terres familières où l’on se sent chez soi. Quant à l’accusation de racisme pleine de préjugée, je vous rappelle que des gens de toutes les races servent dans les armées françaises (et pas seulement dans la légion étrangère) et à tous les niveaux de responsabilité.
Cordialement,
Dans le cas de l’armée, on peut hélas généraliser.
S’il est vrai que toutes les origines sont représentées chez les militaires du rang, ça n’est pas le cas chez les officiers. Dire que toutes les races servent dans l’armée française, c’est comme dire qu’il y a la parité dans les usines de textiles, sauf que les places de commandement sont réservées aux hommes. Un petit test. Procurez-vous les liste des personnels d’un régiment de cavalerie, et comparez les proportions de noms à particule dans chaque catégorie (officiers, sous-officiers, militaires du rang) et vous verrez si ’’toutes les races servent à tous les niveaux’.
Pour ce qui est du reste de l’argumentation. Les jeunes militaires n’ont pas connus le colonialisme, mais ceux qui s’engagent à des postes de responsabilité (sous-officiers ou officiers) sont souvent issus de familles de militaires, et ont donc reçu une éducation emprunte de conservatisme, de colonialisme, et souvent de racisme ; quand ils ne proviennent pas de familles catho-tradi ou ils sont officiers de père en fils.
Enfin, pour les jeunes militaires du rang (la majorité des troupes) qui arrivent dans un régiment dont ceux qui représentent l’autorité sont souvent racistes et réactionnaires, ils doivent faire allégeance au système pour espérer faire carrière. D’ailleurs, En 2002, on leur faisait prêter serment avant de leur remettre leur képi. Je ne sais pas si cette pratique issue d’un autre âge est encore en vigueur aujourd’hui, puisque j’ai quitté depuis cette lamentable institution…
Cette lamentable affaire qui montre de manière éclatante que les magouilles franco-africaines regroupées dans le mot "Françafrique" sont toujours à l’ordre du jour…Le nabot suprême avait promis une rupture avec les mauvaises habitudes néocolonialistes de ses prédécesseurs…On constate le contraire, cet incident, symptôme impérialiste, montre que nos gouvernants continuent a agir comme des prédateurs en pillant allègrement les ressources des pays africains avec la complicité de dictateurs installés à vie en favorisant les grands amis du mini guide de la nation comme Bolloré.
En même temps en France on fait la chasse aux émigrés d’origine africaine qui s’expatrient par manque de développement de leur pays (forcément les dictateurs ne favorisent pas le développement ils ne sont pas mis au pouvoir pour ça)…Cette situation devient de plus en plus insupportable non seulement pour les africains eux même mais aussi pour la plupart des français qui ne profitent bien sûr pas de cette scandaleuse situation, bien au contraire la tendance étant d’importer en France ces méthodes criminelles et mafieuses et de limiter la démocratie…
On l’a bien vu avec les attaques contre les médias du net qui osent parler d’affaires impliquant l’état au plus haut niveau, affaire Woerth, Karachigate etc…