L’Église de scientologie affirme qu’elle n’a rien à voir dans la récente séquestration, en Italie, de la sœur d’un scientologue français de haut niveau. Mais cette détention correspond, point pour point, à un « traitement » de choc prévu par la sciento. « Bakchich » révèle le détail de ces pratiques.
Un simple « drame familial » dans laquelle l’Église de scientologie n’aurait rien à voir. A en croire la porte parole de la secte, Danièle Gounord, c’est ainsi qu’il faudrait apprécier la séquestration pendant plusieurs semaines, en Sardaigne, de Martine Boublil, par trois scientologues, dont son propre frère Claude Boublil, aidés d’une quatrième comparse. Hélas pour elle, cette explication peut être battue en brèche. Bakchich est en mesure de le révéler, le calvaire enduré par la victime ressemble furieusement à un programme de "soins" très particulier que la secte réserve à certains de ses adeptes.
Baptisé "Isolation Watch" - isolement et observation - ce programme est longuement commenté dans une thèse de doctorat en droit rédigée par un ancien fonctionnaire des renseignements généraux, spécialisé dans la lutte antisectes, Arnaud Palisson. Ce vilain juriste dresse une impressionnante liste de chefs d’accusation qui pourraient être retenus contre ceux qui utiliseraient une telle méthode : arrestation arbitraire, séquestration arbitraire… Tiens, on croyait pourtant que les techniques scientologues ne tendaient qu’au bonheur de l’humanité.
Bien que remarqué par la faculté (mention très honorable avec félicitations du jury), ce travail a valu au policier d’être muté dans un autre service à la suite d’une protestation de l’Eglise de scientologie. Voilà ce que c’est que de ne pas comprendre que les disciples de Ron Hubbard, le fondateur de la secte, ne songent qu’à aider leur prochain.
C’est un détail dans l’entretien que Martine Boublil a accordé à nos confrères du Parisien, samedi dernier, qui a mis Bakchich sur la voie du programme "Isolation Watch" La rescapée souligne l’étrange comportement de ses gardiens : « Ils ne m’adressaient pas un mot. Pour dire oui, ils clignaient des yeux, pour non, les laissaient ouverts. »
Attitude qui n’a aucun sens. Sauf en scientologie. Ce mutisme est en effet au cœur du programme « Isolation Watch qu’un « bulletin technique » de la secte, autrement dit une circulaire interne, en date du 23 janvier 1974, détaille en ces termes : « En présence d’une personne en crise psychotique, isolez totalement cette personne, tous ses congénères étant à son égard complètement muselés (interdiction de lui parler) »
Crise psychotique ! Justement, Martine Boublil confie au Parisien qu’elle a été internée en juin 2007 à la suite d’une dépression sévère. Son frère, Claude Boublil, médecin à la retraite, lui aurait cependant fait quitter l’hôpital pour la conduire en Sardaigne après une escale en Normandie puis le départemet de la Sarthe.
Ce praticien n’est pas n’importe qui dans le petit monde de la scientologie. Claude Boublil est un des pionniers de la secte en France. Il en a d’ailleurs gravi tous les échelons puisqu’il est OT8, le plus haut degré délivré par la secte. Seuls une dizaine de Français ont atteint ce niveau.
Accessoirement, Claude Boublil est également l’un des vingt scientologues poursuivis dans le cadre d’une instruction ouverte en 1983 à Paris pour escroquerie, extorsion de fonds et exercice illégal de la médecine. En octobre dernier, le juge en charge du dossier a rendu une ordonnance de non-lieu. Celle-ci fait aujourd’hui l’objet d’un appel des parties civiles devant la chambre de l’instruction.
Pourquoi Claude, médecin, aurait-il soustrait sa sœur Martine aux soins dispensés par l’hôpital ? La doctrine de la secte permet, là encore, d’envisager une explication. Les scientologues tiennent les psychiatres pour les pires ennemis de l’humanité. Ils sont convaincus que les techniques de Ron Hubbard sont les seules à pouvoir soulager et guérir les patients souffrant de troubles psychiques. Les quatre personnes arrêtées en Sardaigne ont d’ailleurs déclaré aux policiers qu’elles avaient retenu Martine Boublil pour son bien.
Bref, le bon docteur aura voulu, tout simplement, faire profiter sa chère soeur des pouvoirs thérapeutiques que l’enseignement de Ron Hubbard est censé procurer aux plus chevronnés de ses disciples. Une histoire d’amour, on vous dit.
Mais de l’amour vache quand même. Car le programme « Isolation Watch » est des plus gratinés. La phase de rétention et de mutisme total prépare un endoctrinement progressif comme le précise une seconde circulaire de Ron Hubbard : « Durant son isolement, on administre à la personne un parfait programme d’introspection, échelonné en sessions de courtes durée, pour lui faire graduellement reprendre confiance. Entre les sessions, la règle du musellement est de rigueur. Personne ne doit parler à la personne ni à sa proximité »(1)
Rassurons-nous, Ron Hubbard reste un grand humaniste. La circulaire prévoit que "Vient un moment ou le C/S – le « superviseur de cas », autrement dit le chef de l’opération – doit décider de relâcher la personne placée en isolement. » On respire.
Mais, en scientologie, on ne s’en va pas comme ça. « Le C/S doit déterminer le niveau de responsabilité de la personne. Exemple : « Cher Joe, que peux-tu me garantir si on te laisse sortir d’isolation ? » Et il vaut mieux ne pas se tromper dans la réponse. Car « Si la réponse de la personne montre une irresponsabilité continue (…) le C/S doit informer la personne de son maintien en isolement et de la raison de ce maintien. »(1) Des fois que l’adepte penserait qu’on lui en veut…
Et Ron Hubbard qui, décidément, a pensé à tout, détaille la marche à suivre : « Exemple : « Cher Joe, je suis désolé, mais il n’est pas encore question pour toi de sortir d’isolement. Tes actions ont menacé indirectement des centaines de personnes et directement six familles dont les maisons ont été incendiées. Tu n’as pas conscience des effets que tes actes peuvent avoir et tu ne te sens toujours concerné que par ton propre intérêt. Tu dois quelque peu haïr la race humaine ». (1) Qui a dit que les scientologues n’avaient pas le sens de la mesure ?
Le député UMP Georges Fenech, a proposé samedi, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la scientologie. Martine Boublil, elle, a annoncé qu’elle entendait porter plainte contre ses ravisseurs dès qu’elle sera de retour à Paris.
En France, l’enlèvement et la séquestration sont punis de 20 ans de réclusion criminelle. La justice pourrait être tentée de faire découvrir à certains scientologues les joies du silence et de l’enfermement. Ca ne peut pas faire de mal, d’après ce bon vieux Ron !
Les pratiques décrites ici ne sont pas les seules nuisances de l’Eglise de Scientologie.
Son fondateur était agent secret, la secte est un véritable service de renseignement. Comme tous les autres services de cette nature, elle constitue des dossiers sur beaucoup de monde : ses adeptes, ses cibles, ses opposants. Pour ce faire, ses méthodes sont exactement les mêmes que celles de toutes les autres officines barbouzardes. Elle fait aussi des faux qu’elle utilise comme supports de ses opérations de "propagande noire", exactement comme les autres services de renseignement, qui s’ils sont généralement ses rivaux ou adversaires, peuvent aussi être ses alliés en certaines circonstances.
C’est ainsi qu’on arrive parfois à retrouver dans les organisations les plus inattendues des dossiers constitués par la secte sur ses opposants.
Les critiques de ces mouvements religieux ou sectaires contre les différents organismes réputés lutter en France contre les sectes ne manquent malheureusement pas de pertinence. Notez que de toute façon, si les faits allégués dans ces argumentaires n’étaient pas justes, pour le moins ils seraient tombés sous le coup de la diffamation.
En particulier, on pourra s’étonner de l’omniprésence et de l’influence prépondérante des RG dans ce domaine, au moins jusqu’en 2002.
Et l’on rappelle que le rôle de cette police politique a toujours été de déminer pour le compte de personnalités du monde politique et économique, celles-là même que L’Eglise de Scientologie classe en tête de liste de ses recrues de choix.
Rien de l’affaire relatée dans les cinq articles suivants dans la presse nationale ou d’investigation.
Pourquoi ?
http://www.brest.maville.com/Les-seances-tres-speciales-d-un-psychiatre-/re/actudet/actu_loc-469910-----_actu.html
http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/finistere/assises-des-accuses-aux-abonnes-absents-20071205-2088970_1140661.php
http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/finistere/assises-les-seances-tres-speciales-du-psychiatre-20071219-2188215_1158711.php
http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/finistere/viols-sur-personne-vulnerable-douze-ans-de-prison-au-psychiatre-20071220-2192599_1159559.php
http://www.brest.maville.com/Douze-ans-de-reclusion-au-psychiatre-violeur-/re/actudet/actu_dep-484530-----_actu.html