Le phénomène Sarkozy ne se décode pas seulement auprès des écrivains, qui tentent de percer « le petit garçon » derrière l’ogre de pouvoir parvenu à l’Élysée. Loin du sirupeux feuilleton de Yasmina Reza, le journaliste américain francophile Adam Gopnik, brosse, dans l’édition du magazine The New Yorker du 27 août, un portrait détonant du nouveau Président français. Sarkozy ? C’est « Human Bomb », s’amuse le chroniqueur, faisant référence au surnom du forcené qui avait pris en otage les enfants d’une école de Neuilly-sur-Seine en 1993, conduisant le maire de la ville, un certain Nicolas Sarkozy, à tenter une négociation audacieuse avec HB, finalement abattu par la police. Sarkozy aimait déjà le risque. « Depuis le jour de son élection, le goût du risque de Sarkozy s’est renforcé, écrit Gopnik, à tel point qu’il est sans doute une sorte de Human Bomb lui-même, une quantité d’un explosif inconnu dont on ne peut jauger ni l’échéance, ni les effets. Sa minuterie est enclenchée. »
Pour l’éditorialiste, les Américains feraient pourtant bien de se méfier de cette bombe d’apparence sympathique, aussi attractive que le fut naguère Brigitte Bardot dans sa catégorie, mais sensiblement moins fantasmatique ! Sarkozy, réputé pro-américain, restera, selon lui, ce qu’il est : un Français fervent, nationaliste et modernisateur, mais peu libéral, sans carrure idéologique, plutôt bonapartiste et dirigiste de style, européen de cœur. Un faux ami, en quelque sorte. Mais décomplexé et direct : à Condolezza Rice qui lui demandait ce qu’elle pouvait faire pour l’aider, Sarkozy a répondu : « améliorer votre image dans le monde ». C’est tout. Le président français, selon Gopnik, inaugure une ère post-américaine, plutôt que pro-américaine. Nuance…
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