La chute du gouvernement de Romano Prodi a donné lieu à des scènes théâtrales assez enlevées. Au menu des répliques : « homo » et « mafioso ». Du grand art italien !
La politique italienne est rarement source d’ennui. Lors de la dernière séance de Romano Prodi, qui s’est jouée au Sénat le 24 janvier, on se serait carrément cru au spectacle :– crachats, champagne et confusion.
En tête d’affiche, le petit parti centriste et catholique, l’Udeur, qui ne passionnait pas les foules avant qu’il ne provoque la crise. Son président, Clemente Mastella, le ministre de la Justice, mis en cause dans des affaires de corruption, s’est retiré de la majorité bien fragile du chef du gouvernement italien.
Alors, ce 24 janvier, bien mal en a pris à Nuccio Cusumano, sénateur de l’Udeur, quand il a dit, lui, qu’il voterait, malgré tout, sa confiance à Prodi. En pleine séance parlementaire, son collègue Tomaso Barbato lui a craché dessus en l’assimilant à une… « Merde ! », parce qu’il ne suivait pas la ligne du parti, pendant qu’un autre élu en rajoutait une couche en le traitant d’ « homosexuel » et de « mafioso »…
Cusumano en a fait un malaise. On a dû l’évacuer du Sénat sur un brancard, pendant que Mastella faisait forte impression en se mettant à déclamer un poème de Neruda, évoquant une agonie…
Fine allusion à celle de Prodi, qui n’allait pas être bien longue, quand s’est créée une union sacrée entre centres gauche et droit pour le faire tomber. Cinq votes manquants ont eu sa peau et les élus de la très droitiste Alliance nationale de Fini en ont débouché le champagne. Le président du Sénat, Franco Marini, a dû dignement mettre fin à la séance : « on n’est pas au bistrot, ici ».