D’accord, ce n’est pas une copie de bac, mais tout de même… Voici, tel quel, ce qui a pu se lire sur le site-blog d’une radio qui, voici 40 ans, faisait sa gloire sur les barricades :
Anonyme - le 16/06/08 à 20:27 merci pour ceu qui ont passé leur bac aujourdhui j’en fai partie je suis en ES et pour la pers qui a di ke les sujet été simple jorai bien voulu vou y voir se matin, se n’est pa parceke le sujet est simple a comprendre kil é simple a interprété !!! pour les L je sui daccor c peut etre leur programme mai suivan le correcteur les note change alor les pauvre si il tonbe sur un mauvai correcteur é kil se tape une vielle note pa de chanse !! bref tt sa pour dire ke ok la filo c’est simpa (jaime bcp) mais pour ceu ki critik joré bien voulu vou i voir se matin !!!!!! une éléve de term
Je veux bien que le sms appelle l’abréviation comme le jardin appelle les nains, mais là, il y a tout un clavier à disposition, avec des apostrophes, des accents et tout. A moins que cette lettre soit en panne sur sa bécane, notre chère anonyme semble avoir décidé de rayer le Q de sa vie (ce qui est un choix désolant). Elle sucre tout ce qui dépasse, les s, le t de suivant, le x de ceux, pour faire court. Mais ce n’est pas par économie (on n’y gagne rien) qu’elle écrit se pour ce, chanse pour chance, tonbe pour tombe, i pour y et simpa pour sympa. Elle ne fait que suivre la dérive contemporaine (presse écrite comprise) pour oublier l’accord (les note change) et confondre participe passé et infinitif (simple a interprété). Bref, nous avons là un échantillon rafraîchissant de l’état de l’orthographe des jeunes gens de nos lycées en mode de communication ordinaire, et il n’est pas certain qu’on ne puisse pas rencontrer pire (les blogs recèlent des monstruosités qu’un esprit sain ne peut pas même imaginer à jeun).
Ne croyez surtout pas que les copies soient absolument différentes de ce spécimen : certes, on y trouvera des que et des quoi, et moins de k. Mais l’invention du verbe « jorai » (variante : « joré ») est un type de faute répertorié : à force de tendre à une transcription phonétique, et en l’absence de toute connaissance systématique de la grammaire, la majorité des élèves ne savent pas exactement à quoi servent les verbes « avoir et « être » quand ils sont auxiliaires, et donc nombreux sont ceux qui ne les reconnaissent pas…
Rien de grave : au pire, l’élève perdra 2 points si sa copie est orthographiquement sinistrée (consigne officieuse, mais clairement énoncée, de l’Inspection Générale). Comme, si l’on en croit les blogs et les micros-trottoirs, l’objectif moyen que souhaitent les élèves est 7/20 pour les S et entre 5 et 6 pour les ES, ce n’est pas cette mine qui coule le navire. On a une explication toute prête, ressassée dans tous les blogs : « suivant le correcteur, tout change ». Eh bien non. Cela se joue, au maximum, à un ou deux points, et plutôt pour les bonnes copies. Il y a bien sûr des correcteurs qui se vengent d’une année pénible, mais pas plus que les profs de gym qui sabrent le petit con fragile qui n’aime ni courir ni monter à la corde, et préfère lire Proust ou le New York Herald Tribune. Ils sont vite repérés, et mis à l’écart des jurys. Risques corporatifs, dirons-nous, mais très exceptionnels. Arrêtons ce cirque ! Les notes sont généreuses. En philo comme ailleurs. Sans ça, comment arriverait-on à 83% de réussite ?
Reste la philo. Il paraît qu’elle fait débat. Ce n’est pas elle qui tue l’orthographe (du reste, notre anonyme l’aime beaucoup). Ce qui la menace, c’est surtout l’incapacité d’un nombre de plus en plus grand d’élèves (attention, je ne dis pas : tous les élèves !) de lire, de comprendre et de résumer, s’il le faut, un texte de vingt lignes. Qu’il s’agisse de littérature, d’un document historique, ou d’une fiche d’information. Alors, un texte philosophique, nécessairement dense… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les profs de philo déconseillent aux candidats (en vain) de choisir l’explication de texte. Mais comme, dans la même proportion, les élèves ne savent pas non plus rédiger, la moitié des copies de philo ne dépasse pas deux pages… Alors, dans ces conditions, ce n’est plus l’idéologie supposée du correcteur ou ses états d’âme sadiques qui font problème. Sûr que si l’on faisait des expositions de copies, il y aurait moins de débilités galvaudées sur la question : le fait est que, souvent, le correcteur a bien du mal à trouver dans ce désert de quoi justifier cinq petits points, par souci de ne pas « couler » un candidat qui a peut-être d’autres talents (mais ce n’est pas certain…).
Beau prétexte pour supprimer l’enseignement de la philo au lycée ? Beaucoup y pensent, ce n’est pas un secret. Un espace de liberté bousillé, un apprentissage de la critique en moins, ça peut tenter nos self-made-men-bling-bling-après-héritage. Et pourtant, tenez : « Pourquoi les langues ne s’écrivent-elles pas phonétiquement ? » serait un bon sujet de philosophie. Car le langage est au programme…
PS : Je sais que le japonais peut s’écrire phonétiquement. Mais comme il y a quatre systèmes d’écriture, ce n’est pas évident…
J’appartiens à la génération Gaffiot -Lagarde et Michard ,autant dire que je fus contemporain du big-bang . J’ai un fiston de 16 ans qui écrit le français avec les pieds sauf dans ses SMS où là pour le coup il écrit sans les orteils !!
J’enseigne le projet d’archi à des masteres 2 et je dois me taper des mémoires à 40 fautes la page . Au début -il y a une dizaine d’années pour l’apparition du phénomène- je corrigeais pour que la mouture finale soit nickel . Aujourd’hui j’ai abandonné toute espérance car non seulement la forme est en volapük mais le fond n’est pas en reste . L’indigeansse à deux nivaux .
Si un archéologue pouvait m’éclairer de ses lumières sur les méthodes d’alors et celles d’aujourd’hui, ou sur le basculement survenu entre les exigences de l’ère Coty et celles, contemporaines ,qui nous valent ce tchernobyl de la chose enseignée , je lui en serais éternellement reconnaissant !
En attendant je me régale-comme disait carolusmagnus-de la lecture des bandeaux d’I telé qui prennent l’ascenceur prèt de chez vous …
Je sais que le japonais peut s’écrire phonétiquement. Mais comme il y a quatre systèmes d’écriture, ce n’est pas évident…
Petite précision :
Le japonais n’utilise à vrai dire que deux systèmes d’écriture, les idéogrammes (ou kanji) empruntés aux chinois vers le Vème siècle, et les 2 alphabets syllabaires (kana) ; soit des symboles graphiques représentant des concepts (quoique certains n’aient été repris que pour leur prononciation) et un système de transcription phonétique, dérivé graphique des idéogrammes chinois.
Le japonais ne s’écrit donc phonétiquement que lorsque l’on utilise exclusivement les kana (fait rare), ou le romaji, palliatif à l’ignorance des occidentaux de tout système d’écriture autre que l’alphabet latin, qui subit de légères variations selon les méthodes (Hepburn, Kunrei, Nihon-shiki…)
Le Hongrois s’écrit de manière quasi-phonétique. Mais vu l’importance du pays aujourd’hui, on voit où ça mène ce genre de fainéantise !
Il faut leur donner cette exemple aux petits crétins qui ont décidé de ne plus utiliser leur neurones pour écrire :
Tu veux devenir Hongrois ?! Non ?! Alors corrige toi !
Vous confondez- commme toujours…- orthographe et consonnes doubles ! L’orthographe, c’est aussi l’accord, les désinences (-é ou -er ?), donc tout ce qui relève non du lexique, mais de la syntaxe. Même une notation phonétique parfaite… ne permet pas de distinguer "on" et "ont".
Pour ma part, je veux bien qu’on écrive "téléfone" comme en italien, en espagnol ou en allemand, mais je pense qu’on aura du mal à se comprendre le jour où on n’écrira plus : un téléfone/deux téléfones : dans la plupart des cas, la marque du pluriel ne se traduit pas par une modification phonétique…Eh oui, le fraçais n’est pas le finnois, même si la scolarité finnoise fait rêver !
Le succès de la simplification orthographique allemande doit tenir compte du fait que l’allemand est une langue flexionnelle (les noms se déclinent) et dans les copies de l’abitur (le bac allemand), ce sont les désinences casuelles qui se font la malle !
Enfin, il est faux de dire que la mauvaise orthographe n’interdit pas la bonne compréhension de l’écrit et la correction du langage oral : tous les tests montrent que (sauf dysléxie)la mauvaise qualité de l’orthographe va de pair avec la pauvreté lexicale et l’incapacité de formulation/compréhension de phrases complexes (par ex., avec deux subordinations, une concordance des temps, ou certaines figures du discours comme l’antiphrase ou l’ellipse).
Bref, l’orthographe est la science des ânes qui disent que l’orthographe est la science des ânes. Que dirait-on si, pour simplifier, on admettait au bac que, pour simplifier, le nombre pi peut s’écrire 3,15 et l’angle droit se diviser en 100° ? Parce que si on calcule le viaduc de Millau avec ces données, il s’effondre !
D’abord, ce n’est pas l’orthographe mais l’écriture qui est la science des ânes !
Ensuite, ayant été instituteur public pendant 37 ans (jusqu’en 2000) je peux dire que la catastrophe orthographique n’est pas un accident mais bien le résultat de la main mise sur l’enseignement par les fanatiques de la pédagogie (Meirieu, Foucambert, etc…) qui ont depuis 1981 ( malheureusement) littéralement interdit aux enseignants de faire le travail pour lequel on les avait recrutés, en donnant la priorité aux sciences de l’éducation sur l’apprentissage et la transmission des connaissances…
Comme ce serait beaucoup trop long de raconter ici toutes les absurdités prônées par ces tristes sires, ceux que cela intéresse peuvent aller sur le site Sauver les Lettres ( http://www.sauv.net )