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Nausée post-électorale

La chronique du Blédard / vendredi 11 mai 2007 par Akram Belkaïd
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J’ai l’embarras du choix pour l’accroche de cette chronique. Par quoi commencer pour vous décrire le sentiment de dégoût que j’éprouve depuis dimanche soir ? Nicolas Sarkozy a été élu président de la République et il faut, me dit-on, respecter le verdict des urnes. Je veux bien, mais, pour autant, il n’est pas question de se taire ni de verser dans l’angélisme intéressé. « Tu verras, il n’est pas si méchant que ça. Il va faire de bonnes choses. Il faut lui donner sa chance », m’a, par exemple, affirmé un confrère qui, pourtant, avait voté Bayrou au premier tour. C’est ça, grand militant sincère, va vite à la soupe, il n’y en aura sûrement pas pour tout le monde.

Justement, parlons de soupe et commençons par le cas d’Eric Besson, le « socialo-traître » qui a rejoint, en pleine bataille, le camp adverse et dont on dit qu’il pourrait être l’un des futurs ministres « de gauche » de Sarkozy. Un comble mais aussi un signe annonciateur de la France qui se profile, celle de la fin qui justifie les moyens et du cynisme et de l’opportunisme portés au pinacle des grandes valeurs. « Qu’est-ce qu’il a dans la tête ? », s’est interrogé à mon propos un très respectable lecteur, peut-être agacé par mes diatribes anti-Sarko. En fait, pas grand-chose à l’exception d’une haine solide du mensonge et de la manipulation, surtout quand c’est le fait des puissants et des plus que nantis. J’ai en tête un récit de l’époque des croisades où un roi chrétien fit décapiter un prince musulman qui, trahissant les siens, était venu lui faire allégeance. L’honneur…

Bien entendu, personne ne demande la tête de Besson à Sarko (quoique…) mais la morale aurait exigé que le chef de la droite décline, au nom des grands principes et pour l’exemple, l’offre de service de ce félon dont les historiens détermineront un jour l’impact qu’il a eu sur le scrutin avec la publication de son livre assassin sur Ségolène Royal.

On retiendra que ce pamphlet a eu droit à toutes les couvertures possibles, avec des passages récurrents ici et là, télévisions et radios s’empressant de lui tendre le micro, tandis que l’opus anti-Sarkozy d’Azzouz Begag (ouvrage dont il y a néanmoins beaucoup à dire tant sur le contenu que sur le style) a été traité de loin, avec une prudence qui ne fait guère honneur à la profession.

Le fait est que la presse française a joué un rôle non négligeable dans la défaite de Ségolène Royal. Elle a instruit avec zèle son procès en incompétence mais elle s’est gardée d’appliquer la règle de réciprocité par rapport aux dérapages et approximations du candidat de la droite, tant elle était terrifiée - et ce terme n’est pas faible - par la perspective de représailles sarkozyennes.

Des journaux, et non des moindres, se sont autocensurés et ont préféré ne pas publier des articles et des documents qui auraient placé le candidat de la droite dans une position difficile vis-à-vis de l’opinion publique. D’autres, ont repris à leur compte le « spin » efficace des experts en communication réunis autour de Sarkozy. Un exemple : qui peut avaler qu’Eric Besson n’a pas renseigné son nouveau mentor sur le programme de Royal ? Et bien, la grande majorité des journalistes politiques, affirme, bouche en cul-de-poule, y croire dur comme fer. Bah tiens !

La nausée ? Oui, assurément. La nausée, quelques minutes à peine après l’annonce du résultat du scrutin, quand, sur l’écran, j’ai vu le visage trop fardé et fermé d’un Dominique Strauss-Kahn, dague à la main, prêt à l’assaut pour exécuter Ségolène Royal et prendre le contrôle du parti socialiste sans aucune décence. De quoi désespérer des millions d’électeurs de gauche pour qui l’expression « dignité dans la défaite » n’est pas simplement réservée aux sportifs. La social-démocratie a un avenir en France mais sa figure de proue n’est certainement pas celle de Strauss-Kahn.

La nausée aussi devant le spectacle de ces motos coursant la voiture du nouveau président (la com, encore la com, toujours la com), fausses images volées pour construire la légende d’une soirée soi-disant généreuse et populaire. Populaire… Avant d’aller rejoindre les ringards qui s’époumonaient sur la scène de la place de la Concorde, Sarkozy qui, jadis aux temps de la campagne, avait cité Jaurès, s’est rendu dans un restaurant des Champs-Elysées où les neuf dixièmes des Français n’auront jamais les moyens de faire bombance. Beau symbole, n’est-ce pas ?

Vous me trouvez méchant avec les chanteurs qui donnèrent de la voix au pied de l’obélisque ? Franchement : Mireille Mathieu et Jane Manson (mais où était Glucksmann ?) ! Pour faire plus chaud, on aurait pu solliciter Gigi de Chamalières et ses accordéonistes hurlants. Cela aurait au moins justifié le vacarme de toutes ces rombières empruntées venues crier leur flamme à Sarko. On me dira, et Faudel alors ? Et bien oui, que voulez-vous, il n’est pas le seul Français d’origine maghrébine à aller à la soupe sarkozyenne. L’un d’eux a même essayé de me faire croire que c’était une question de convictions libérales. Mais bien sûr… Et puis, clou de ce concert qui s’est gentiment terminé à une heure trente du matin (la droite, c’est sage, même quand ça gagne un scrutin), il y avait aussi Enrico Macias et ses « laï laï laï », heureux comme un enfant, peut-être ravi à l’idée que, demain ou dans quelques semaines, le nouveau président tienne ses promesses et réhabilite d’une manière ou d’une autre les anciens de l’OAS (le gouvernement algérien fera-t-il alors semblant de regarder ailleurs ?). Mais passons.

En 1981, François Mitterrand, à peine élu, avait rendu hommage à Jaurès en se rendant, rose à la main, au Panthéon. Sarko, lui, dîne au Fouquet’s, pousse le fa dièse avec quelques vestiges d’une très vieille France, puis s’offre du bon temps sur le yacht d’un patron du CAC 40 (et la presse est formelle : pas de conflit d’intérêt, voyons !). Finalement, il n’y a rien d’autre à dire car ce qui attend la France semble tellement évident. D’ailleurs, et c’est déjà bon signe, il paraît que Johnny la gabelle revient…


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22 MESSAGES
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Forum

  • Nausée post-électorale
    le lundi 21 mai 2007 à 19:38, dabaaz a dit :

    pourquoi avoir la nuséz que ça soit le ps ou l’ump au pouvoir c’es la meme les réformes avec sarko ça sera la maniére forte ,ça fait 5ans comme meme qu’il était au pouvoir on se reveille que maintenant ,pourquoi traité besson de social traite ,il létait avant de rejoindre sarko puisque il était au ps .

    De tout façon on a eu le choix(systeme bien mafieux faut le dire )entre la peste et le choléra .

  • Nausée post-électorale
    le lundi 14 mai 2007 à 12:27, Nadia Babika a dit :
    Moi aussi j’ai la nausée depuis le 6 mai. L’exhibition à la Concorde de tous ses has been, c’était pathétique et grotesque à la fois. J’avais honte pour eux ! Et je me disais : alors c’est cela la France de Sarko ? C’était d’ailleurs la suite de son meeting à Bercy où là on a atteint des sommets dans la servilité et la soumission baveuse. Donc Sarko est à l’Elysée, et je tremble pour ces 5 années à venir. Oui j’ai peur pour la France, pour les libertés, les réformes sociales musclées, la classe moyenne de plus en plus précarisée, et les loosers définitivement laissés sur le bord de la route. Il n’y aura pas de place pour les fragiles, les petits, les paumés. Il nous faut réapprendre à résister, à penser, à agir avec tous ceux et celles qui ont la nausée !
  • Nausée post-électorale
    le dimanche 13 mai 2007 à 19:32, L’inconnu a dit :

    Sans verser dans la paranoïa, sais-tu que les locaux du canard enchainé ont été recemment chamboulés, que le Parisien vient de censurer un article sur l’abstention de Cecilia Sarkozy au 2eme tour de la présidentielle ? Que celui se pose en victime des journalistes libres fume sans modération les articles, que ses potes libéraux qui se nourrissent sur le dos du contribuable à coups des marché publics pour "pailleter", sa frimousse en papier glacé à la gloire d’un quiquennat gagné d’avance ?

    Les mêmes journaux qui ont glorifié Sego "l’imbattable" pour qu’elle s’impose dans une primaire socialiste sourire charmeur face à deux concurents dont l’un d’entre eux fut premier minsitre à 36 ans ! un CV qui en impose. L’autre battu des primaires socialistes est un avocat dont la compétence et la cohérence sont manifestes en économie et dont le verbe aurait bouffé tout cru un sarko plus verbale que cohérent plus dynamique que constructif plus alarmant que rassurant.

    Elle est gentille Sego de dénoncer les média en fin de campagne, ces médias qui l’ont monté de toutes pièces. L’arroseur arosé en quelques sortes. Elle n’est que la victime inoncente d’un pari gagné d’avance. Le procés d’incompétence fut instruit bien auparavant.

    Vive la France

  • Nausée post-électorale
    le samedi 12 mai 2007 à 00:16

    Oui, nausée, dégoût, incompréhension. Un peu comme lorsque tu apprends qu’un jeune enfant est mort. Ce n’est pas possible. Si, pourquoi ? (je ne détaillerai pas maintenant)

    Les medias Le PS Les medias Quelques faiblesses de la candidate (il faut bien l’avouer, mais ce n’est pas essentiel)

    Sarkozy a été élu par le système le plus vil qui soit, la désinformation et en particulier la désinformation économique.

    Personne ne l’a jamais vraiment attaqué sur son slogan débile (je reste poli) Travailler + pour gagner +. Ou alors celà s’est fait à des heures tardives, où seuls les convaincus regardent. (émission avec Picketti) Trop de voix "populaires" ont été perdues avec un discours "populiste".

    Le pire est que l’information est toujours absente des medias de grande diffusion, pour informer les gens du véritable programme de Sarkozy (destruction de la sécu, finalisation des retraites, suppression des aides aux plus démunis, etc….) ce qui fait que cette droite extrême risque fort de se retrouver majoritaire à l’assemblée. Et là vraiment la nausée deviendra un mot très faible.

    • Nausée post-électorale
      le dimanche 13 mai 2007 à 19:47, L’inconnu a dit :

      Oui j’ai vu l’emission avec Picketti, son collègue de droite n’a rien trouvé à dire. C’est Copé qui a essayé de défendre l’indéfendable. Une croissance médiocre (comparé àl’UE), un déficit commercial record, et des chiffres du chomage on ne peut dire des plus contesté. Un autre ex-ministre et député européen est venu à la rescousse dans un style plus malfrat que politiquement et économiquement correct. Vincent Peillon l’a remis à l’ordre.

      Ecoute l’ami, Sarko on lui souhaite qu’il reussisse mais il n’a aucune marge de manoeuvre, tout le populisme qu’il a déployé ne fera pas gagné un point de croissance. Wait ans see.

    • Nausée post-électorale
      le mardi 22 mai 2007 à 01:33, cassandre a dit :
      Edwy PLENEL a relevé un slogan dans les manifs anti sarko : MEDIAS PARTOUT INFORMATION NULLE PART
  • Nausée post-électorale
    le vendredi 11 mai 2007 à 23:57
    Don Juan Moreno Errere y Rimenes Juan Moreno est né en Afrique du Nord, mais de nationalité espagnole (ses deux parents sont Catalans). Il prendra le nom de Jean Réno en France, après avoir fui le régime fasciste de Franco. CQFD ?
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