Cette campagne molle et floue où chaque grand parti se pousse au centre, notre télé la rend-elle plus claire et plus nerveuse ? Pour son « Tour de France des municipales », la chaîne parlementaire LCP nous jouait Bienvenue chez les ch’tis à Hénin-Beaumont, cité ex-minière du Pas-de-calais, la seule vraie ville que le Front national pourrait conquérir. Il y a même une vedette : Marine Le Pen, et sa voix de fumeuse, numéro 2 sur la liste du FN. La fille de Saint-Cloud à l’assaut des terrils…
En plein air, les candidats – dont deux socialistes en guerre civile – pestent dans le micro de LCP. Aïe ! C’est de la radio filmée, avec une répartition des rôles légèrement désespérante : sur le « terrain », en anorak, des nénettes journalistes tandis qu’en studio, au chaud des mecs « experts » prennent de la hauteur. Du classique indémodable… La parole est aux grands partis, aux chefs qui n’ont même pas l’accent du coin. Mais on n’entend pas ces ch’tis irréductibles qui, dans leur friche à chômeurs de Héninorum, persistent à voter FN à 40% (le score de Marine Le Pen à la dernière législative). Y a-t-il terril en la demeure ? Réponse dimanche soir.
Pour en savoir plus sur le populo, il fallait suivre John Paul Lepers et la caméra maligne de « Telle est ma mairie ». Dans un style très Canal, où le journaliste se filme en train de filmer les autres, Lepers fait de la provoc intelligente (« alors c’est vous qui polluez ? » demande-t-il à un betteravier-céréalier), souffle ce qu’il faut sur les braises de Clochemerle et s’aperçoit que les électeurs d’un bourg picard ne connaissent pas la loi électorale. Nous non plus d’ailleurs…
Par exemple, dans les villes de moins de 3500 habitants, on peut panacher les listes, voter pour un non-candidat et écrire son nom à la main sur le bulletin de vote sans que ce dernier soit « nul ». S’il n’y aucune liste constituée, les bulletins imprimés sont blancs et on peut écrire soi-même la liste de ses rêves. Quant au maire picard suivi par Lepers, il court partout pour 500 euros par mois, allant jusqu’à repeindre lui-même à la peinture blanche les passages piétons. « Le maire est un peu ici la bonne à tout faire » explique-t-il. Tiens, des domestiques non immigrés en France ? Votez bonne-à-tout-faire !