Le consultant ès rugby de Canal + Thomas Castaignède ne devrait pas s’essayer aux analyses médicales.
Le consultant de Canal + en panne de consultations. Thomas Castaignède, est un estimable rugbyman. Brillant international (54 sélections entre 1995 et 2007) aux postes d’arrière, de trois quart centre mais aussi de demi d’ouverture, il est devenu consultant pour Canal +.
C’est comme ça. Dans le passé les vieilles gloires ouvraient des bistrots, sauf Bernard Laporte qui n’a jamais été une gloire mais qui a ouvert des campings, des restos et des ensembles immobiliers, maintenant le but suprême est de devenir consultant.
Le problème est le suivant : je veux bien que Castaignède cause de rugby, mais je deviens fou quand je l’entends parler médecine. Là, le consultant ferait mieux de consulter ! Ma folie (douce), qui couvait depuis un moment, s’est déclarée le 2 février, à la lecture de l’Equipe, le journal qui n’a plus le droit de faire de scoop en matière de dopage. Evoquant le cas clinique de Dan Carter, le demi d’ouverture All Black de Perpignan, qui s’est rompu le tendon d’Achille, le docteur Castaignède déclarait : « C’est le genre de blessure qui ne prévient pas. Deux jours avant de me blesser, j’avais passé une IRM qui n’avait rien révélé. »
Ici je dis « Castaignède occupes toi de croiser les passes, puisque le rugby est une maison de passes, mais laisses tomber la médecine ! » Pour toi comme pour Dan Carter la blessure était parfaitement prévisible puisque la rupture du tendon d’Achille est toujours précédée d’une tendinite « lisible » à l’IRM.
Celui , qui à l’époque de son activité de rugbyman professionnel, était surnommé Petit Tom, a la mémoire courte. Commissaire Navarro, rappelons les faits. Ceux qui ont précédé la rupture du tendon gauche de notre consultant ; survenue durant l’échauffement avant la rencontre France-Australie au Stade de France le 4 novembre 2000. En lisant les dépêches d’agence, remontant aux premiers jours de novembre 2000, on apprend que : « Depuis le début de la semaine, Thomas s’était inquiété de cette tendinite au talon gauche qui le faisait souffrir. Son forfait pour le match contre l’Australie avait été évoqué à plusieurs reprises. L’arrière des Saracens avait même quitté les séances d’entraînement de mardi et mercredi à Clairefontaine. Mais la dernière séance collective, vendredi après-midi, l’avait rassuré. Il se sentait apte à jouer cette rencontre. Il n’en aura pas eu l’occasion : l’échauffement s’achevait lorsque la blessure s’est produite. »
C’est en quelque sorte la base du mollet, lequel est constitué par les muscles jumeaux (interne et externe) et le muscle soléaire situé plus en profondeur. Ces trois muscles se réunissent vers le talon pour former le tendon d’Achille, le plus volumineux du corps. Il va s’attacher à la face postérieure de l’os du talon qui porte le nom technique de calcaneum. L’appellation de ce tendon nous vient de la mythologie grecque : selon la légende, Thétis, désirant rendre immortel son fils Achille, l’aurait plongé dans le Styx en le tenant par le talon. Il s’ensuivit que la région du tendon, appelée depuis lors « tendon d’Achille », était chez le plus fameux des héros grecs de l’Iliade, le seul endroit vulnérable. Au siège de Troie, Achille tua Hector mais il fut atteint au talon par une flèche que lui lança Paris et il mourut des suites de ses blessures.
Visiblement, l’ancien joueur des Saracens a donc la mémoire qui flanche, il ne se souvient plus très bien des faits antérieurs (amnésie rétrograde) à sa rupture (comme dirait Sarko). Les écrits d’il y a huit ans confirment qu’il avait bien une tendinite préalable à la rupture… Que l’IRM passée à l’époque ait été négative – selon Castaignède - implique quatre hypothèses : il n’avait pas de tendinite (ce que les différents communiqués de l’époque infirment), l’appareil d’imagerie était mal réglé, le radiologue était dans un jour « sans » ou alors le néo-consultant de Canal + à la mémoire comme son tendon, en vrac. Prenons, pour faire exemple, le parcours de notre cher All-Blacks courant janvier 2009. Ainsi, le 2, il ne s’entraîne pas en raison d’une inflammation au tendon d’Achille gauche. Le 10 janvier, contre Bourgoin, il sort au bout d’une mi-temps. Deux jours plus tard, il passe une IRM qui impose un arrêt de quinze jours. Il reprend l’entraînement le 26 et, cinq jours plus tard, le 31, le jour du match contre le Stade Français, à la 80e minute, à la suite d’un plaquage anodin par Juan Martin Hernandez le n° 10 argentin, il sort du terrain en claudiquant. D’ailleurs, à propos du cas Carter, Castaignède se contre dit quant à sa loi de l’imprévisible rupture du tendon d’Achille lorsqu’il dit : « Je l’ai observé à l’échauffement et j’ai senti de la retenue, comme s’il cherchait à s’économiser. Surtout en première période. Après, il est allé plus loin. » Castaignède peut donc travailler chez Madame Soleil puisqu’il prédit des évènements qu’il affirme être « imprévisibles ». Prédire or not prédire ? Voilà la question.
Donc, revenons aux pieds de nos champions : dans les deux cas, que ce soit pour le Néo-Zélandais ou le Français, il y avait bien une tendinite préexistante. Bien normal puisque la rupture est constamment annoncée par une tendinite, évoluant avec des hauts et des bas depuis des jours, voire des semaines.
Le corps, cher consultant, est un partenaire infaillible puisqu’il prévient toujours le sportif avant de déconner. Et que, si ce dernier continue malgré une douleur, il va forcément se faire plus mal. Quelle mère de famille ne connaît pas cette règle. D’une banale tendinite au départ, on passe à une rupture. Pour Castaignède, le tarif sera de 20 mois d’arrêt.
Autre élément à prendre à retenir dans ce type de blessure, et qui peut être annonciateur de la catastrophe : le traitement par infiltration de cortisone. Justement, l’ancien international français, avant sa rupture en novembre 2000, avait connu une première alerte, en août, et il avait subi une infiltration de cortisone chez les Saracens. Les chirurgiens sportifs, ceux-là qui recollent les morceaux, savent qu’un pourcentage élevé des sujets qu’ils opèrent du tendon d’Achille ont, pour soigner une tendinite, eu recours à des infiltrations locales.
Conclusion, ce « Casta » que l’on aime bien quand il parle rugby, devrait cantonner sa consultation aux aléas du ballon ovale et ne pas pratiquer l’exercice illégal de la médecine. Et ne pas faire passer dans le public, des sportifs encore moins encadrés qu’il ne le fut, le mythe que la rupture du tendon d’Achille « ne prévient pas ». « Casta » t’es prévenu.
Bonjour,
Je ne me reconnais pas du tout dans les propos du médecin mais plutôt dans ceux de Th. Castaignède : actuellement, je suis en période de convalescence suite à une opération pour rupture totale du tendon d’Achille, arrivée le 3 Octobre dernier après 1h d’entraînement au Hand-ball. Qualificatif qui peut convenir : foudroyant ! Aucune tendinite précédant cet accident. Les examens radiologiques sous quelle forme que ce soit ne servent à rien puisque ils ne révèlent pas cette pathologie. Pire, l’IRM risque d’amener à un faux diagnostic de rupture partielle ! Un examen, uniquement clinique, simple, bref et non douloureux, a permis de la diagnostiquer. Mais peut-être pouvons-nous avancer l’hypothèse qu’il pourrait y avoir plusieurs "terrains" à la rupture de tendon d’achille,c’est à dire avec ou sans signe annonciateur ?…tout le monde aurait quelque part raison alors ! Cordialement