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Le rugby évolue au stade business

Crampons / dimanche 11 avril 2010 par François Maliface
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L’Ovalie est entrée dans l’ère du fric facile : gros salaires à l’avant augmentés de 80 % en cinq ans, salaires réduits à l’arrière, chômage à l’ouverture. De quoi perdre son âme en mêlée.

Jackpot pour les vainqueurs du Tournoi des six nations. Les artisans du neuvième Grand Chelem de l’histoire du rugby français retournent à la maison les poches lestées de 75 700 euros chacun. De quoi faire rêver les soutiers d’un sport à deux vitesses dont les écarts salariaux se creusent à la vitesse d’un tampon chabalien.

En cinq ans, la rétribution des internationaux français et des vedettes étrangères du Top 14 a fait un bond de 80%, passant à 320 348 euros par an en moyenne ! Étrangement, le train de vie des joueurs pro de second rang est moins clinquant. Leur rémunération mensuelle moyenne est tombée de 10 000 à 7 500 euros en une saison. Le syndicat des rugbymen Provale cite l’exemple d’un joueur dont le salaire a été divisé par deux, passant de 18 000 à 9 000 euros.

Pire : le chômage enfle. À l’issue de la saison 2008-2009, soixante joueurs professionnels pointaient au Pôle emploi. Trois fois plus qu’il y a trois ans. Un pilier international, Julien Brugnaut,s’est même retrouvé sur le carreau en juin 2009. Avant d’être recruté par le club irlandais du Munster.

Dessin de Bauer - JPG - 34.2 ko
Dessin de Bauer

Comme il semble loin, le temps béni du rugby cassoulet et des troisièmes mi-temps… Une époque d’avant la professionnalisation, instaurée en 1995, où les amateurs des petits clubs rivalisaient avec les équipes des grandes villes. « Nous sommes des bricoleurs. Mais ça nous motive : c’est intéressant de battre les gros budgets du championnat », plastronnait Jean-Louis Luneau, co-entraîneur du petit poucet Bayonne, à l’aube du « rugbysiness ».

Depuis, les villes moyennes qui ont fait la légende de l’Ovalie (Lourdes, Agen, Tarbes, Béziers) ont été reléguées dans les oubliettes de l’Histoire. « Les dirigeants de la Ligue nationale de rugby sont obsédés par l’argent. Peu importe que Strasbourg ou Lille n’aient aucune tradition rugbystique, seul compte le retour sur investissement », confie un dirigeant du mythique Béziers, onze fois champion de France, aujourd’hui en deuxième division.

Athlètes bodybuildés et sponsorisés de la tête au pied, publicitaires et marketeux omniprésents, fric facile, le rugby est tombé dans les travers de son frère ennemi, le ballon rond. Ex-commentateur des matchs du XV tricolore sur France 2, Pierre Salviac fustige l’évolution de sa chère Ovalie : « On a copié le modèle du foot tout en construisant une économie de smicards, avec tous les dégâts collatéraux liés au professionnalisme. Résultat : ce sport, autrefois singulier, est en train de perdre complètement son identité ! » Simple et direct, comme un placage standard !

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A lire sur Bakchich.info :

Le consultant ès rugby de Canal + Thomas Castaignède ne devrait pas s’essayer aux analyses médicales.

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6 MESSAGES
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Forum

  • le temps béni du rugby cassoulet
    le mardi 13 avril 2010 à 16:37
    celui où le club d’une préfecture pillait celui d’une sous-préfecture en échange d’emplois bidons à la Mairie ou à l’usine du coin, l’amateurisme marron nous manque tous.
  • Le rugby au stade business
    le lundi 12 avril 2010 à 21:38, CB a dit :
    Le rugby est devenu bankable, les stades sont pleins et les audiences télés sont en hausse. Vous voudriez quoi, que les dirigeants se mettent tout ce pognon dans les fouilles ? Je préfère que les joueurs qui risquent leur peaux, leurs tendons et leurs os à chaque instant soient payés à la mesure de ce succès populaire. Si on transposait au milieu de la musique vous reprocheriez à Mathieu Chédid de toucher de gros cachets parce qu’il y a des amateurs qui jouent de la guitare juste par plaisir ? Vous avez oublié dans l’article le "ces joueurs étrangers qui viennent manger le gazon des Français". D’enfoncer les portes ouvertes n’endommagera pas vos clavicules.
  • Le rugby au stade business
    le dimanche 11 avril 2010 à 16:01, nikospyros a dit :
    J’ai fait 20 ans de rugby, en amateur, et je me suis arrêté le jour où les assurances ont multiplié par 3 les cotisations pour les joueurs amateurs, sous prétexte que c’était dangereux, et fait modifier les règles, mais toujours pour les amateurs. Les cotisations servent uniquement à payer les joueurs du top 14 et les dirigeants de la fédération.
  • Le rugby au stade business
    le dimanche 11 avril 2010 à 15:14, Phil2922 a dit :
    C’est surtout l’environnement rugby qui tourne au stade business…. En effet quand on voit le Stade Français évoluer au Stade de France pour les matches de gala avec des spectacles avant le coup d’envoi et des feux d’artifice après… ?! Certes, les meilleurs joueurs ont vu leur salaire grimper ainsi que le montant des transferts de certains mais cela n’a pas atteint encore les dérives du foot et le comportement des joueurs vis à vis de l’arbitre montre que les joueurs n’ont pas encore la grosse tête et reconnaissent qu’ils vont se boire une bonne bière pour respecter l’ambiance de la 3è mi-temps. C’est vrai que si Montauban est relégué en 2è division, ce sera pour raison financière et non sportive mais ce n’est pas encore fait car beaucoup de monde se mobilise pour que cette équipe terroir fasse toujours partie du top 14. Au fait, le Stade Français joue contre Toulouse cet après-midi en Coupe d’Europe et reconnaissons que la LNR ait placé ce match à 17h30 pour donner la possibilité aux amateurs qui se sont défoncés de voir le match…. !
  • Le rugby au stade business
    le dimanche 11 avril 2010 à 12:34, Roger Couderc a dit :
    Un peu léger cet article même si la dérive est patente, ça mériterait une vraie enquête. Parler de la LNR sans parler du gros Serge qui l’a mise en place est absurde. Quant à aller chercher Salviac en renfort c’est un comble : ce mec est un ringard aigri depuis qu’il s’est fait lourder de la télé et se prendrait des baffes s’il s’approchait du moindre vestiaire !
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