Où comment le cabinet de Sarko et la police parisienne ont pris un gardien de la paix mythomane pour un dangereux terroriste
L’affaire n’a ni fait la une des journaux, ni celle du 20h. Le cabinet de Sarkozy croyait avoir découvert un terroriste infiltré dans la police. Depuis plusieurs mois, les flics parisiens, dont l’ancien commissaire spécialisé dans le terrorisme à la DST, Eric Meillan, patron de l’IGS (police des polices), croyaient avoir identifié dans leurs rangs un redoutable terroriste, une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde voire une taupe de Ben Laden. Une vingtaine de policiers de la Brigade Criminelle et de l’IGS ne lâchaient pas d’une semelle leur collègue, un gardien de la paix de 26 ans, Jérôme L., un beur en fonction au SRPT (Service Régional de la Police des Transports) d’Ile de France. Mais ce dernier n’a été finalement mis en examen que pour « effraction de la porte d’une cave ». « Selon ses propres collègues de travail, Jérôme L. n’arrêtait pas de poser des questions sur les explosifs. Il demandait comment on pouvait se procurer une bombe, glosait sans arrêt sur sa conversion à l’islam et tenait un discours plutôt virulent sur l’État français. Cerise sur le gâteau : il se rendait chaque week-end à Vaulx-en-Velin, où les RG ont neutralisé plusieurs réseaux terroristes, dont celui du fameux Khaled Kelkal », explique un policier. Personne n’a pensé une seule seconde que tout cela était trop gros pour être vrai. « En fait, ce genre d’investigation toute bête, le b. a. b. du métier de flic, aurait montré rapidement que le gardien de la paix Jérôme L. est un mythomane, psychologiquement fragile, et sûrement pas un terroriste. » Cette belle bavure montre aussi qu’on engage presque n’importe qui dans la police. Ancien adjoint de sécurité, Jérôme L. avait fait l’objet d’une enquête de moralité, lors de son intégration dans la police. Une investigation un peu bâclée…
L’enquête a carrément versé dans l’illégalité, quelques heures avant l’arrestation de Jérôme L., durant le week-end du 30 septembre. Les flics ont tout simplement procédé à une perquisition « espagnole » au domicile du terroriste présumé. C’est à dire à une perquisition sauvage, effectuée en dehors de tout cadre juridique. Ce même dimanche à partir de 2h du matin, le préfet de police de Paris, Pierre Mutz, s’est vu dans l’obligation d’organiser une réunion spéciale sur la foi de l’intime conviction d’Eric Meillan. Le « terroriste » a été arrêté sur place à Vaulx-en-Velin, ramené en avion à Paris. Au quatrième jour de sa garde à vue, il a été présenté à un juge qui l’a remis en liberté après l’avoir mis en examen. Aujourd’hui, les huiles de la préfecture de police apprécient peu d’avoir été réveillées en pleine nuit pour rien. Pour ne pas se couvrir de ridicule, Sarkozy va demander la révocation du gardien de la paix Jérôme L… L’honneur est sauf !