Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
COUPS DE BOULE

La véritable scission de l’Internationale satirique

COUP DE BOULE / mercredi 11 juin 2008 par Arthur
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

L’avalanche de réactions suscitées par mon « coup de boule » sur Philippe Val me contraint à une mise aux poings historique, à l’attention des jeunes générations. Lesquelles se demandent – parfois avec raison – pourquoi ces bisbilles de cours de récréation quand gronde l’orage sarkoziste. Alors faisons un peu d’histoire en abandonnant pour une fois le second degré.

Prolongeant le succès du mensuel « bête et méchant » Hara-Kiri, l’hebdo Hara-Kiri devenu Charlie-Hebdo en novembre 1970 à la mort de De Gaulle suite au fameux « bal tragique à Colombey », réunissait la plus formidable panoplie de talents satiriques, autour du tandem de vrais potes Cavanna-Professeur Choron. On y trouvait – excusez du peu –, les noms de Reiser, Gébé, Cabu, Willem, Wolinski, Fournier, Isabelle Cabut, DDT, rejoints plus tard, dans le milieu des années 1970 par Siné, Manchette, Berroyer, Sylvie Caster, Arthur, Nicoulaud, Soulas, Carali et autres puis Coluche et Desproges. Que du beau monde ! (Sauf Arthur).

Mais cet hebdo irrévérencieux qui tapait tous azimuts, gauche et droite confondues, avec l’humour pour seul viatique, qui vendait 150 000 exemplaires en 1974, à la mort de Pompidou, qui avait déblayé le terrain pour Mitterrand, (un moindre mal), a perdu ses lecteurs en 1981 pour tomber à 30 000 exemplaires.

Voulant épargner son mensuel, Choron, qui nous payait malgré dettes et procès, a mis fin à l’hebdo, ce qui donna lieu à la plus belle émission télé-alcoolisée de TF1 (« Droit de Réponse » de Polac).

En 1990, une relance fut tentée par un éditeur courageux, Jean-Cyrille Godefroy : La Grosse Bertha, titre inventé par Gébé, à la veille de la guerre du Golfe. On y trouvait de nouvelles signatures, Lefred-Thouron, JJ Péroni, Frédo, Kafka, quelques anciens de Charlie et un chansonnier en rupture de MJC, le dénommé Philippe Val, complice de Patrick Font.

A la surprise générale, dont la mienne, PV ne tarda pas à prendre le pouvoir, se faire nommer « rédacteur en chef » d’une équipe de libertaires ( !) et imposer une « ligne » avant, n’y arrivant pas, de quitter la Grosse pour relancer Charlie avec l’aide du chanteur Renaud.

C’est de là que date la véritable scission de l’internationale satirique et – au-delà des querelles idéologiques –, c’est ce que l’on peut reprocher le plus à Val : avoir séparé une bande de copains sans hiérarchie, rigolards, pour en arriver aux procès où le pauvre Choron – qui voulait garder son titre de « Charlie » – fut traité d’escroc par l’avocat de son ami Cavanna, alors qu’il avait nourri toute la bande pendant plus de vingt ans ! Choron tenta de relancer ensuite Hara-Kiri Hebdo avec sa bande (dont Vuillemin et Berroyer) mais en vain. Les soutiens médiatiques étaient de l’autre côté.

Pendant ce temps, à Charlie, Val multipliait les exclusions et encourageait les départs sous les yeux complices de Cabu et indifférents de Cavanna. La liste est longue : Lefred-Thouron, Boujut, Fajardie, Corcuff, Camé, Cyran et j’en oublie. Ayant connu Val à la Grosse, j’avais décliné l’offre de Gébé de rejoindre Charlie et DDT puis Caster ont fait long feu. Val était enfin le seul maître à bord, avec ses éditos bobos dans le vent socialo, pénibles digressions moralisatrices et sans humour truffées de citations. Voilà pourquoi Charlie n’est plus Charlie et pourquoi les anciens lecteurs ne le lisent plus. Les jeunes ignorant l’histoire ne peuvent pas savoir. Bénis soient-ils !

Internautes, à vos tomblons : feu à volonté ! J’ai le cuir épais ! Mais au moins vous êtes informés. Quant à Val, promis : plus jamais ça ! Je tire la chasse.


AFFICHER LES
64 MESSAGES
0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40

Forum

  • La véritable scission de l’Internationale satirique
    le mercredi 23 juillet 2008 à 17:58, Zeppelin a dit :

    Merci Monsieur Arthur pour cette page d’Histoire à l’endroit.

    PS : Un oubli : Delfeil de Ton…

  • La véritable scission de l’Internationale satirique
    le mercredi 23 juillet 2008 à 05:38, una a dit :
    L’émission "Droit de réponse, mort de Charlie Hebdo" est disponible et téléchargeable sur le net (tous ceux qui savent chercher la trouveront facilement). Amusant, en effet, de revoir ça et de constater à quel point ça picolait et ça fumait sec sur ce plateau (mon dieu, des enfants pouvaient voir ça, quelle horreur !!!)… Tout ça était plutôt sympa. Moins sympa : les quelques femmes (à part les étudiantes), présentes sur le plateau, ne la ramènent vraiment jamais. Encore moins sympa, la présence de Bernard Tapie, ce même jour, sur ce même plateau. Signe avant-coureur de l’époque ignoble qui allait suivre et où on n’aurait pas fini de le voir, le Tapie (souvenez-vous de "Ambitions" !). La réapparition de plusieurs des "héros" de Charlie au début des années 1990 avait redonné un certain espoir, déçu depuis, comme tout espoir se doit décemment de l’être. De plus, c’était dans l’air du temps, les jeunes qui pensaient qu’ils allaient "devenir riches et puissants" dans les années 1980 avaient 30 ans, étaient au chômage et étaient du coup plus disposés à lire ce genre de presse. Arthur ne nous dit pas non plus comment Val a pris le pouvoir (il ne se l’explique pas, d’accord, mais ça ne s’est sûrement pas passé du jour au lendemain ni par hasard, et il doit bien avoir une vague idée sur ce qui s’est vraiment passé). Que dire aussi du silence de Cabu et de Cavanna, de leurs dîners chez Ardisson, etc.. (Émission téléchargeable, là aussi, mais peut-être pas à graver car à gerber)- (Bon, Cabu bossait déjà pour Dorothée, mais après tout, elle a tourné pour Truffaut, hein !). Tout cela est bien triste, personnellement, je ne lis plus Charlie Hebdo depuis leur reportage sur le Chiapas (en 1994 ou 1995, si je me souviens bien), où il m’est apparu clairement que ces braves gens n’avaient jamais dépassé la petite couronne et qu’ils ne sont crédibles que tant qu’on ignore absolument tout du sujet qu’ils traitent (Val, en particulier). Pour le reste, je suis toujours super fan de Siné qui était le seul à me faire rire, voire même à me faire rêver quand il parlait de ses vacances en Corse, de ses chats, bref de ce qu’il aime… Pétition signée, bien sûr, encore que j’espère qu’il n’écrira plus pour ce torchon qu’il aurait dû quitter depuis longtemps. Quant à Cavanna, ça fait vraiment de la peine de savoir qu’il se désole pour Siné, mais qu’il ne dit rien… Scandaleux aussi d’apprendre que tous ces gens ont dépendu financièrement de Choron et l’ont ensuite trahi de cette manière. (Encore que pas très étonnant quand on connaît ne serait-ce que très superficiellement la nature humaine, snif !).
  • La véritable scission de l’Internationale satirique
    le mercredi 23 juillet 2008 à 02:12, Henri Lévy Bernard (philosophe, cinéaste, moutardier, écrivain) a dit :

    Tout cela est triste. C’est bien vrai, désormais, je prends plus de plaisir à lire le Nouvel Observateur … non, tout de même, n’exagérons rien … disons, Téléstar (il y a moins de pub que dans le Nouvel Observateur), que Charlie Hebdo.

    Ah, l’éditorial aussi hebdomadaire que pédantesque de Philippe Val, quel délice ! Lieux communs prudhommesques, citations mal entendues, reflexions digestives, stérilité boursoufflée, quelle beauté ! Un prix Goncourt, de l’Académie française ou Nobel, ou tout ce qu’il plairait à vos charmes, pour ce charmant jeune homme, vite, ça urge ! Qu’on le panthéonise fissa, de son vivant, je connais un marbrier pas cher, qui nous fera ça très bien !

    Cet étalage complaisant d’une culture puisée dans les plus belles pages du Lagarde et Michard, du Larousse de poche (illustré !), et de Wikipedia ! Et toute cette cascade de livres, "de la Pléiade", s’il vous plait - car M. Val n’achète pas, comme un vulgaire prolétaire, ou un étudiant loqueteux, des bouquins dans la collection Folio ou du Livre de Poche, non merci, c’est pour les pauvres cela, ceux qui traînent leur guêtres racornies et leur manches élimées chez Gibert (Jeune), en faisant des cornes aux pages, en cachette, pour avoir une remise de 4 % (pauvres diables !) - , de cette Pléiade au sein de laquelle la postérité lui a réservé une place, au premier rang, entre Jodelle et du Bellay, Roux et Combalusier, Jacob et Delafon, Luc Ferry et Bernard Henri Lévy (nous rappelons que Bernard, Henri et Lévy constituent une trio de choix pour animer vos fins de banquet) ! J’aime Philippe Val, depuis si longtemps, que l’on ne sait même plus ce que je faisais avant. Sans doute divaguais-je, à la recherche d’une idole. C’est dire.

    Pourquoi tirer sur M. Val ? Après tout, si on le considère comme l’un de ces intellectuels organiques de la bourgeoisie qui partout foisonnent (notamment sur les plateaux télévisés, qui sont friands de ces évanescences conceptuelles), nous pouvons nous réjouir : la pensée insignifiante de ce trublion conformiste signifie heureusement la déchéance dans laquelle est tombée notre glorieuse et multiséculaire bourgeoisie.

    Oui, je sais, on se console comme on peu.

    Du reste, je l’avoue, je suis jaloux de M. Val ; non pas de son talent d’écrivain ou de penseur (car on est rarement envieux de ce que les autres ne possèdent pas), mais bel et bien parce que le paradis lui est promis. Car l’Evangile (qui vaut bien un éditorial de M. Val pour ses vertus analgésiques) ne dit-il pas : "heureux les simples d’esprit, les cieux leurs sont ouverts" ? Et c’est tant mieux, il y retrouvera Ingrid Betancourt. Moi, j’irai en enfer avec Siné. On a les fréquentations que l’on peut.

  • La véritable scission de l’Internationale satirique
    le lundi 21 juillet 2008 à 23:09, Mathias a dit :
    J’y étais aussi (derrière l’ordi, à la maquette) et tout s’est déroulé rigoureusement tel que tu l’as rappelé, grâces t’en soit rendues. A l’exception d’un ou deux numéros, c’est même la raison pour laquelle je n’ai jamais acheté le nouveau Charlie, qui me semblait marqué dès sa naissance par l’hypocrisie de son patron et de ceux qui l’avaient suivi, assez bassement, je dois dire.
  • La véritable scission de l’Internationale satirique
    le dimanche 20 juillet 2008 à 18:39, Gudule a dit :
    Merci Arthur pour cette mise au point claire et objective — n’en déplaise à nos amis trentenaires qui, n’ayant pas connu ce don,t tu parles, sont mal placés pour te taxer de subjectivité. Tu as parfaitement résumé à la fois ce qu’était Hara-kiri puis Charlie hebdo du temps de Choron, et ses dérives sous le règne du tyran Val. Je peux en parler en connaissance de cause : étant, à l’époque, la compagne de Carali, j’assistais dans mon coin à toutes les réunions et ai même commis quelques petits articles par-ci par là. En ce temps-là, donc, ça gueulait, ça picolait, ça foisonnait d’idées, et plus un discours était subversif, plus il avait sa place dans ls pages du journal. Choron était ce qu’il était, mais jamais il ne se serait déculotté devant quelque menace que ce soit — et celle d’un procès moins que toute autre. De cette époque bénie ne restait à Charlie, comme gueulard carabiné, que Siné. Lui seul avait gardé à ce pauvre journal l’âme de ses débuts. Irritant, d’une mauvaise-foi à couper au couteau et d’une totale intégrité, il sauvait, par sa seule rubrique, le navire "Charlie" du naufrage dans la médiocrité et le conventionnel. Tu l’as rappelé. Encore merci.
0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte