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La hausse du prix du baril : bonne ou mauvaise nouvelle pour l’Afrique ?

jeudi 25 janvier 2007 par Babacar Wouetu
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Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l’Afrique nous annonçait en 2006 une mauvaise nouvelle déguisée en bonne : l’Afrique est en pleine croissance économique mais cette croissance est portée par la découverte de nouveaux gisements de pétrole (n’oublions quand même pas qu’il n’y a qu’une petite dizaine de pays producteurs en Afrique).

Alors que la « fin du pétrole » commence, l’exploitation de nouveaux gisements en Afrique est une garantie d’enrichissement pour des pays habitués au bas des classements internationaux dès qu’il s’agit de pauvreté et de développement humain (Tchad, Mauritanie, Soudan, Guinée-équatoriale, etc.). D’après les milieux pétroliers, la raréfaction du pétrole qui conduit à la mise en exploitation de nouveaux gisements africains depuis quelques années sonne le glas de la pauvreté dans le continent et ceux qui doutent de cette « évidence économique » font figure d’indécrottables afro pessimistes.

Mais, à part des flots de royalties réexpédies dans des banques européennes, qu’attendre de cette richesse jaillie de la Terre nourricière ? La réduction de la pauvreté ?

Les pays africains depuis longtemps producteurs sont les paradis du pauvre : les Nigérians qui vivent dans la première plate-forme pétrolière du continent avec 2,5 millions de barils par jour ont une espérance de vie limitée à 44 ans et plus des deux tiers d’entre eux vivent avec un dollar par jour ; en Guinée-équatoriale, troisième producteur africain, les deux tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté ; le Gabon, troisième producteur du continent, a 62% de sa population qui vit en dessous du seuil de pauvreté ; le Congo-Brazzaville, cinquième producteur du continent, ne fait guère mieux avec une dette extérieure qui avoisine 243% de son PIB et un président qui se distingue par le soin qu’il porte à ses costumes. C’est là la différence majeure entre les producteurs arabes et les producteurs africains de pétrole : malgré tous leurs défauts (et ils sont nombreux !), les premiers ont au moins réussi à élever le niveau de vie de leur population et à propulser des bédouins éleveurs de chameaux dans le monde de l’économie moderne et d’internet (un tour à Dubaï suffit à ringardiser n’importe quelle capitale européenne).

Autre atout du pétrole : la pacification du continent au prétexte que les compagnies pétrolières n’aiment rien moins que le désordre politique ? L’histoire récente donne là aussi matière à douter : l’Angola a connu la plus longue guerre civile d’Afrique (1976-2003) ; les revenus de l’or noir ont financé, voire provoqué plusieurs guerres civiles au Congo-Brazzaville (1997/98) ; le Nigeria est dans un désordre permanent qui est devenu son mode de fonctionnement normal : le premier producteur de pétrole du continent connaît des pénuries de carburants et les pots-de-vin versés généreusement par les compagnies pétrolières aux autorités ne suffisent plus à garantir la sécurité des gisements. Malgré les enclaves hyper sécurisées autour des gisements, il règne une ambiance à la Mad Max dans le delta du fleuve Niger, ce qui ne confirme pas vraiment la thèse de la pacification par le pétrole. Le conflit actuel entre le Tchad et le Soudan, qui a pour raison officielle le Darfour, a de forts relents de pétrole (les deux pays sont producteurs mais pour des intérêts opposés : les Chinois d’un côté, les Américains de l’autre). Loin d’être un facteur de pacification, l’exploitation pétrolière augmente la conflictualité entre pays africains et entre gouvernants d’un même pays, en aiguisant les appétits.

Conté, d’une lucidité maladive

Quant à la sacro-sainte gouvernance du discours officiel de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, elle est enterrée en grande « pompe » par l’augmentation spectaculaire de la corruption qui est déjà visible en Guinée-équatoriale, au Soudan, en Mauritanie, etc. La transformation quasiment du jour au lendemain de gouvernements pauvres en gouvernements riches n’est pas un facteur d’amélioration de la gouvernance, bien au contraire.

Le pétrole pourrait être une bonne nouvelle si et seulement si les gouvernements africains avaient la capacité de gérer la rente pétrolière – capacité intellectuelle et morale ! L’histoire récente nous a déjà montré ce qu’il en était et l’échec très récent de la tentative de gestion raisonnée et raisonnable du pétrole tchadien n’est guère encourageant (il aura suffi de quelques turbulences politiques pour que le gouvernement tchadien remette en cause l’accord avec la Banque Mondiale qui l’obligeait à déposer une partie des royalties sur un compte bloqué pour le «  développement des générations futures »). Du coup, on se surprend à trouver au dictateur guinéen aveugle Lansana Conté un air de sagesse prémonitoire quand il déclare au sujet du pétrole découvert au large de son pays « ce qu’on trouve par hasard ne m’intéresse pas ». En Afrique, il y a beaucoup de pétrole mais très peu de sagesse.


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