Alors que les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, la France tentent de forcer les monarchies pétrollières à leur acheter des armes, celles-ci font en douce la danse du ventre devant l’Iran.
C’est une certitude : l’Iran inquiète les monarchies du Golfe. Celles-ci ne sont pas pour autant convaincues qu’il faille s’aligner sur la position guerrière des Etats-Unis à l’encontre de Téhéran. Elles en tiennent pour preuve les revers successifs essuyés par les forces de coalition en Irak et en Afghanistan. Voici en substance le contenu du rapport rédigé par les conseillers du roi d’Arabie Saoudite et qui a été remis au souverain à la veille de l’arrivée de Georges W. Bush dans le pays, le 15 janvier dernier. Rusées renardes, les monarchies craignent en effet que la prochaine administration américaine ne change de cap et n’allège les pressions politico-économiques sur l’Iran, histoire de mettre définitivement la main sur la région. Une évolution à priori difficile tant elle suppose que Washington donne son feu vert aux Iraniens pour qu’ils se dotent de l’arme nucléaire. Mais cela, les monarchies du Golfe ne l’excluent pas et, même, s’y préparent. Du coup, elles coopèrent avec l’Egypte et la Jordanie à la création d’une force militaire commune capable de faire face à l’Iran. On n’est jamais trop prudent.
Il n’en va pas de même pour le président américain. Lors de sa tournée moyen-orientale de la mi-janvier, George W. Bush a roulé des mécaniques et décrété sa détermination à signer des contrats d’armement démentiels avec le Golfe. Ceux-ci devraient se concrétiser dans les mois à venir. Petit hic : les monarchies pétrolières n’étaient pas demandeuses. Une réalité ahurissante quand on connaît les montants en jeu. En août 2007, la secrétaire d’État américaine, Condoleeza Rice, parlait de contrats avec le Golfe qui pourraient atteindre les 63 milliards de dollars. Un mois plus tard, l’Arabie Saoudite signait un contrat avec le Royaume-Uni pour l’achat de 72 avions de combat Eurofighter. Coût de ce shopping de luxe : plus de 20 milliards de dollars. En novembre, c’était au tour du sultanat d’Oman d’acquérir des chars britanniques. Et ce n’est là que la partie visible de l’iceberg.
Le plus cocasse reste toutefois que pour prouver aux Iraniens qu’on les avait forcé à acheter ces beaux joujoux de guerre, les dirigeants des pays du Golfe ont dépêché des émissaires à Téhéran. Dès le lendemain du départ de Bush. Leur message : « les États-Unis nous ont forcés à signer ces contrats. Nous vous assurons qu’en aucun cas ces armes ne seront utilisées contre votre pays ». Les Iraniens sauront se montrer compréhensifs, rassurant par exemple Bahreïn et le Koweït par le biais de leur population chiite.
La France est, elle aussi, victime de ce double jeu des monarchies pétrolières. Ainsi, les Emiratis ont été conter aux Iraniens qui occupent depuis les années 70 trois îles émiraties (les deux îles Tomb et celle d’Abou Moussa) que la présence française au travers de la future base militaire à Abu Dhabi n’était qu’un exercice de forme. Sympa !
Dans les diwaniyyates [1]. (lieux de rencontre entre politiques, intellectuels, businessmen) réparties sur les six États du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), on persifle sur le fait que les Français osent construire des centrales nucléaires alors que le nombre d’habitants dans la région ne dépasse pas les 30 millions de personnes. Enfin, le très vénérable ayatollah chiite libanais Cheikh Mohamed Hussein Fadlallah, qui est toujours en contradiction avec le régime iranien et le principe de vilayat al-Fakih*, a mis en garde la France et ses intérêts dans la région si elle persiste à suivre aveuglément les Américains.
Un message à prendre au sérieux : il émane d’un sage qui dans le passé n’a jamais été impliqué dans des actes terroristes.
[1] Concept de la gouvernance par la loi islamique
Aucune idée, google ne ramenant rien (autre que cet article et 2 autres pas plus explicites). Juste autre chose, en rapport avec les aventures arabes et militaires de notre pays qui ne laissent pas indifférents les iraniens tout proches, cette drôle d’idée que cette base chinoise près de leurs côtes .. Amusant ?
Pas toujours d’accord avec Asia Times mais ils n’inventent rien qu’on ne leur ait dit ailleurs …