Une Chantal chasse l’autre. avec l’élection de son président de mari, Thomas Yayi Boni, Chantal de Souza Yayi a été propulsée première dame du pays le 20 mars dernier. Au grand dam de…Chantal de Souza Idohou, maîtresse attitrée de l’ex-président Mathieu Kérékou. L’égérie du Caméléon a pourtant beaucoup oeuvré pour faire avorter l’élection. En vain.
Chantal de Souza n’en décolère plus. A 43 ans, celle qui a « envoûté » le président du Bénin, Mathieu Kérékou, n‘a pas supporté l’idée que le deuxième tour des élections présidentielles, le 20 mars dernier, marque, avec la nomination d’un nouveau chef de l’Etat, la fin de son propre règne.
Une perspective pourtant inéluctable. Rien n’a perturbé le bon déroulement du processus démocratique au Bénin : le président, malgré les suppliques de sa maîtresse, a refusé de réformer la constitution en sa faveur. Il ne s’est donc pas représenté et a souhaité, comme la majorité du pays, une transition en douceur. Seul un incident politique majeur aurait pu empêcher la tenue des élections ; ce que beaucoup ont redouté et que certains dans l’entourage de Chantal de Souza avaient préparé activement : « Si quelque chose arrivait, n’importe quoi qui soit susceptible de retarder ces élections et de maintenir le président au pouvoir, cela ne surprendrait malheureusement personne », nous avait confié, inquiète, une source proche du pouvoir.
En novembre dernier déjà, à Paris, une visite semi-privée du président Kérékou a viré aux règlements de compte au sein de la délégation béninoise. Certains auraient tenté - un peu avant l’heure - de faire comprendre à la « numéro 2 du régime » que son ère avait pris fin : elle ne fut pas invitée aux dîners officiels et dut se contenter d’une simple chambre au Bristol, quand d’autres - l’ambassadeur du Bénin en France, par exemple - bénéficiaient d’une suite. La réaction de la « conseillère » du président a été immédiate : elle a tout simplement confisqué la suite de l’ambassadeur. Faut-il voir une mesure de rétorsion dans l’impossibilité pour le chef de l’état béninois, lors de sa visite à l’ambassade, d’entrer dans le bureau de son ambassadeur ? Celui-ci en avait, semble-t-il, perdu les clés.
Quelques anodins qu’ils soient, ces incidents (parce qu’ils se sont déroulés à l’étranger et devant témoins) reflètent le malaise politique profond qui rongeait le Bénin depuis que Chantal de Souza s’était approchée du premier cercle du pouvoir. A tel point que, quelques semaines avant l’élection, le départ à la retraite de Mathieu Kérékou, 72 ans, figure centrale de la vie politique béninoise depuis trente-cinq ans (à la tête de la dictature marxiste qui a sévi de 1972 à 1990, il a remporté triomphalement les élections présidentielles de 1996 - ses deux principaux concurrents s’étant retirés après le premier tour), recueillait beaucoup moins d’attention que la stratégie employée par la jeune femme, pour rester au pouvoir, coûte que coûte. Et question stratégie, Chantal de Souza n’a pas fait pas dans la subtilité mais dans l’efficace.
C’est par le biais d’un pasteur évangéliste que cette grande bourgeoise, mariée en deuxièmes noces à Simon Idohou, un médecin militaire à la retraite, était parvenue à faire, il y a deux ans, la connaissance du président Kérékou. Très vite, son influence était devenue quasi-totale : officiellement chargée de mission pour les affaires économiques et financières, elle avait fait nommer son mari représentant permanent du Bénin à l’ONU, et placé ses hommes à des postes-clés (Pierre Osho, l’ancien bras droit de Kérékou, a ainsi été brutalement limogé mi-janvier). On l’accuse également d’avoir eu tendance à piocher dans les fonds publics avant de partir en virée chez les grands couturiers.
Pour les Béninois, le salut venait du fait que Kérékou, trop âgé pour briguer un second mandat, allait bientôt être contraint de quitter le palais présidentiel, lui et sa redoutable maîtresse. Chantal de Souza semble s’être affolée à cette perspective ; persuadée à juste titre qu’aucun nouvel élu ne la reprendrait dans son entourage, elle a essayé de jouer sa dernière carte : empêcher à tout prix la tenue des élections. Elle s’efforçait ainsi d’obtenir la libération de Gbadamassi, un homme politique accusé d’avoir commandité un assassinat (« Le ministre de la Justice m’a dit que Kérékou l’avait appelé deux fois pour lui dire de libérer Gbadamassi », a révélé fin janvier un membre du bureau de l’Assemblée nationale) ; ce dernier aurait promis par écrit, en échange de sa liberté, de provoquer des troubles afin que les élections soient reportées. Des rumeurs insistantes, et semble-t-il étayées, affirment qu’elle a tenté également de faire interner l’un des candidats. D’autres ont même craint pour leur vie.
Les trésors déployés par Chantal n’ont pas suffi. Thomas Yayi Boni a été élu, Chantal de Souza Yayi est devenu première dame. Quant à Chantal de Souza Idohou, elle a finalement quitté les ors de la République et le lit de Kérékou…pour retourner dans celui de son mari. Aux dernières nouvelles, Chantal se serait installée à New-York. Son mari, le Dr Idohou, a su conserver son poste de représentant du Bénin à l’Onu. Cocu soit qui mal y pense…