« C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. » [1] En feuilletant dominicalement La Croix ce 13 avril, je m’arrêtais sur la page 17. Une grande photo de Jean-Pierre Elkabbach y occupe l’espace (voir plus bas). Fermement accoudé sur son bureau, les 70 printemps sonnants et trébuchants, le patron d’Europe 1 et de Public Sénat me regarde droit dans les yeux. « Ne plus se laisser détourner par la dictature de l’émotion » semble-t-il me dire. Mais qu’ais-je fait ? Pourquoi ce ton réprobateur ? Je ne comprends pas.
Le journal pour lequel je travaille, le bien nommé Bakchich, aurait « abusé » Europe 1 et son charismatique patron en publiant sur son site l’information selon laquelle le chiraco-judoka David Douillet possédait un compte au Liechtenstein. Une information qu’Europe 1 s’était empressée de relayer, sans que, comme l’avoue le journaliste que le monde nous envie, la rédaction n’ait pris le temps de la vérifier. Et le bon David Douillet de s’indigner auprès des responsables de la radio. Face à ce haut gradé du judo, c’était dit, nous ne faisions pas le poids.
Notre article ne serait qu’un « coup » pour « exister ». Une « rumeur », une « fausse information », un « ragot », une « nouvelle non-vérifiée », c’est au choix. Pire encore, je participerais du « monde d’Orwell ». Celui que l’illustre écrivain britannique avait décrit dans « 1984 » comme un monde totalitaire et policier où un certain grand frère (non non, pas celui de TF1) regardait, surveillait et contrôlait tout. « Big brother is watching you, répétait la légende » [2]. La Toile ou cette « mécanique du pire », selon Jean-Pierre Elkabbach.
Sa contre-attaque est donc prête. La création au sein de sa radio d’un comité d’éthique. Objectif (plutôt louable d’ailleurs) : s’interroger sur « les problèmes inédits que posent les nouvelles technologies à notre métier » afin « de ne plus se laisser détourner, par les querelles de caniveau ou les vrais-faux scoops… ».
Mais, jeudi 17 avril, la justice ne nous a pas donné tort. Les magistrats de Nanterre ont reconnu « la légitimité du but poursuivi » et condamné David Douillet à verser 3000 euros à Bakchich. Une décision, bien entendu, susceptible d’appel. Rassuré de savoir que, grâce à son comité d’éthique, Jean-Pierre Elkabbach ne se laissera plus « détourner par la dictature de l’émotion », je vais, de mon côté, m’employer à ne plus, comme cette fois, me laisser détourner par l’émotion de la dictature de la bien-pensance [3].
Jean-Pierre Elkabbach dans La Croix
A lire sur le sujet :
Elkabbach joue les M. Propre du Net sur le site de Marianne
Bakchich mis hors de cause par le tribunal de Nanterre : ça eut Douillet
[1] 1ère phrase de « 1984 », de Georges Orwell
[2] Extrait de « 1984 »
[3] Un mot un peu fort certes, mais moi aussi je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure !
http://www.lepost.fr/article/2008/04/23/1184797_affaire-sevran-le-csa-se-penche-sur-le-cas-elkabbach.html
Affaire Sevran : le CSA se penche sur le cas Elkabbach Par La rédaction du Post , le 23/04/2008
L’incident sur l’annonce de la mort de Pascal Sevran -fausse- n’est pas clos pour tout le monde. Le CSA a contacté Europe1.
Rappel des faits : Lundi, le patron d’Europe1 presse sa rédaction pour annoncer la mort de Pascal Sevran. Sauf que celui-ci était toujours vivant. La station dément et s’excuse.
Mardi, l’affaire semble réglée après la crise : Mis en cause par sa rédaction, Jean-Pierre Elkabbach s’excuse devant ses journalistes. "L’incident est donc clos", dit-il en début de soirée. Aux médias qui le sollicitent, il refuse de commenter l’affaire. "Je ne m’exprimerai pas", dit-il à Libération.
Sauf que… Le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’intéresse au cas Elkabbach : hier matin, Rachid Arhab, président du groupe de travail Déontologie de l’information de l’autorité, a contacté Europe 1, raconte mercredi au Post le CSA.
Les deux hommes se connaissent : Rachid Arhab a été mis à l’écart de l’antenne du JT qu’il présentait sur France 2 en 1994, peu après que Jean-Pierre Elkabbach a pris la tête de France Télévisions. Certains, comme Bakchich.info y voient clairement un ordre de Matignon, ce que l’intéressé nie.
Que risque Jean-Elkabbach, venant du CSA ? En 2004, France 2 s’est vu infliger une sévère mise en demeure par le CSA, pour l’annonce -fausse- par David Pujadas du retrait d’Alain Juppé en politique, sur la foi d’une info du directeur de l’information, Olivier Mazerolle. Qui a dû démissionner, rappelle Libération.
A quand le prochain épisode ? Un groupe devrait se réunir pour "discuter de l’affaire" et éventuellement "prendre une décision", dit le CSA au Post.
Non seulement courtisan mais en + faux Q..
Elkabbach se défausse sur les journalistes alors qu’il a ordonné la dépêche :
Et c’est ce genre de type qui veulent s’occuper "des questions d’éthique "celui là même qui accuse les autres de diffuser des rumeur sur internet
hihihi
http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/322598.FR.php
Comment Elkabbach a tué Pascal Sevran Jean-Pierre Elkabbach. (AFP) La responsabilité de l’annonce, hier soir sur Europe 1, de la mort de l’animateur télé revient au patron de la station, qui a ordonné la diffusion de la fausse information contre l’avis de sa rédaction.
Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts LIBERATION.FR : mardi 22 avril 2008 82 réactions
Quelle est donc la mystérieuse gorge profonde qui, lundi en fin d’après-midi, a donné à Europe 1 la fausse info annonçant la mort de Pascal Sevran ? Un stagiaire peu aguerri au métier de journaliste ?
Point : c’est Jean-Pierre Elkabbach en personne. Oui, Jean-Pierre Elkabbach, patron d’Europe 1. Sur le même sujet Autopsie de la mort imaginaire de Pascal Sevran
Ce mardi, la Société des rédacteurs d’Europe 1 a publié un communiqué : « Il apparaît que la responsabilité de Jean-Pierre Elkabbach est directement engagée dans cette annonce erronée. Il apparaît que lui seul a été le donneur d’ordre. Il a transmis l’information et ordonné qu’on la diffuse », écrit la SDR d’Europe 1 qui « apporte son soutien à ceux sur lesquels le président d’Europe 1 a tenté de se défausser ».
Lundi, explique un journaliste, « vers 18h45-18h50 », Jean-Pierre Elkabbach appelle la rédaction pour annoncer la mort de Pascal Sevran. « La rédaction a freiné, raconte le journaliste, il n’y avait aucune confirmation. » A deux minutes du journal de 19 heures, Elkabbach rappelle : « Je confirme. » « Après tout, c’est le patron », souligne un salarié de la station. Et Europe 1 d’annoncer la fausse nouvelle de la mort de l’animateur de France 2, démentie dix minutes plus tard.
Mardi matin, Jean-Pierre Elkabbach s’exprime devant sa rédaction : « J’assume personnellement une erreur collective. » Collective ? Le sang de la rédaction ne fait qu’un tour… Et voilà la Société des rédacteurs dans le bureau d’Elkabbach : « Il a mangé son chapeau », raconte un témoin. Et finit par se présenter devant la rédaction pour expliquer que l’erreur collective était son erreur à lui.
Joint par Libération, Elkabbach a fait dire qu’« il ne s’exprimerait pas ».
Il y a à peine un mois, un certain Jean-Pierre Elkabbach annonçait la création d’un groupe de travail chargé, à Europe 1, de réfléchir sur « les sources, la vérification de l’information, la crédibilité des sites Internet, des blogs, les rumeurs, les frontières entre la vie publique et la vie privée ».
Quand Europe 1 fait mourir Pascal Sevran, Jean-Pierre Elkabbach n’a aucun commentaire à faire….
Trop drôle…
http://www.leparisien.fr/home/loisirs/articles/JE-SUIS-CATASTROPHE_298454427
19 h 10 : Laurent Ruquier confirme l’information dans « On n’a pas tout dit » sur France 2. En direct dans sa quotidienne, Laurent Ruquier reprend la « nouvelle ». Christine Bravo et Karl Zéro rendent alors hommage à l’animateur, au passé. Ruquier ajoute même que « pendant plusieurs jours, on va vous en parler sur France 2 ». « J’étais en direct, nous a-t-il expliqué après l’émission. On m’a annoncé que c’était sur Europe 1. A partir du moment où une radio nationale donne cette info, j’ai confiance. J’ai pourtant attendu dix minutes avant de la répercuter. J’ai hésité, j’étais perturbé. Mais pour moi, si on m’apporte une dépêche, c’est qu’elle a été validée. Et je ne comprends pas que, pendant ces dix minutes, personne ne m’ait rien dit… Ce qui m’a décidé, c’est qu’il y avait un horaire de décès. Ça ne s’invente pas. C’est de la pure malveillance, plus qu’une rumeur. Je suis catastrophé. Si Pascal Sevran est en mauvaise santé, c’est encore pire. » Catherine Barma, productrice de l’émission, regrette un « dysfonctionnement complet » : « Il n’y a jamais eu de dérapage en sept ans. C’est la première fois. J’en suis vraiment désolée. »
Jean-Marc Morandini, lui aussi, commente cette « disparition » sur Direct8. A la même heure, Morandini officie dans sa quotidienne sur Direct 8. Lui aussi annonce la mort de Sevran et fait même réagir par téléphone Jacques Pradel, qui y va, à son tour, de son hommage. « Je suis navré de ce qui s’est passé, nous a confié Morandini hier soir. On a eu l’info à 19 heures, mais j’ai décidé d’en parler quand France 2 l’a annoncé via Ruquier. Si la propre chaîne de Sevran en parlait, ça devenait une information. »
19 h 32 : Europe 1 présente ses excuses. Après le communiqué officiel de France Télévisions, Europe 1, Laurent Ruquier et les sites Internet qui avaient divulgué cette fausse nouvelle s’excusent auprès de leurs auditeurs, téléspectateurs et lecteurs.
22 h 04 : Jean-Pierre Elkabbach, patron d’Europe 1 , qui n’a pas souhaité faire de commentaires, renvoyait au communiqué diffusé sur le site de la station. « Depuis le milieu de l’après-midi, Europe 1 avait de sources concordantes journalistiques généralement sûres et fiables, des informations sur la disparition de Pascal Sevran, indique ce texte. A plusieurs reprises, Europe 1 a tenté de joindre la famille de Pascal Sevran sans y parvenir. Jusqu’ici Europe 1 n’avait pas de raison de douter de ces sources et regrette sincèrement que ces propos aient pu affecter Pascal Sevran, ses proches et ses auditeurs » .
le patron d’Europe 1 et de Public Sénat me regarde droit dans les yeux. « Ne plus se laisser détourner par la dictature de l’émotion » semble-t-il me dire. Mais qu’ais-je fait ? (…)
Notre article ne serait qu’un « coup » pour « exister ». Une « rumeur », une « fausse information », un « ragot », une « nouvelle non-vérifiée », c’est au choix
Elkabbach comment s’appelle l’information lancée par Europe1, sur le faux décès de Pascal Sevran ?
J’ai lu l’interview d’Elkabbach, c’est édifiant.
Quand on reçoit une telle leçon de journalisme, on est rassuré sur la déontologie d’Europe 1 et de ses magazines pipole, et de son propriétaire industriel et marchand d’armes (qui n’en vend pas à la Chine). On est aussi rassurés sur l’indépendance d’Elkabbach, même s’il lui est arrivé de parfois demander l’autorisation de l’Elysée avant d’embaucher un journaliste. Et puis on comprend que, contrairement aux irréprochables radios et journaux du groupe Lagardère, ou de vrai journaux comme le New York Times, l’internet est une invention diabolique, qui concentre tous les péchés du monde médiatique. Enfin on est rassuré sur le professionnalisme des collaborateurs de la Croix, aussi serviles que ceux d’Europe 1. Ils iront loin.
Y a-t-il un homme politique en 2008 qui puisse à nouveau intimer à Elkabbach l’ordre de la fermer ?