« Ne filmez pas ! », « éteignez ça ! » c’était le leitmotiv entendu dans « Pékin 2008 doubles jeux » dimanche sur France 5. Qu’il s’agisse de visiter dans son immeuble le dissident Hu Jia – condamné depuis à 3 ans et demi de prison - ou de s’entretenir dans la rue avec un groupe d’irréductibles, le reporter occidental rencontre partout des flics qui posent la main sur l’objectif.
Et pour toute réponse, il n’obtient des officiels que de la langue de bois brut. Curieuse et heureuse impression : le pouvoir communiste est mal barré pour ces JO, tant sa domination est archaïque, décalée, inefficace, stupide. La dictature n’est pas à la hauteur du défi qu’elle s’est lancée. Les maîtres de Pékin ont-ils bien mesuré ce qu’impliquera bientôt la présence à Pékin de milliers de journalistes fouineurs ? Ont-ils compris le pouvoir de l’image télévisée ? Savent-ils que ce qu’on retient des JO de Mexico en 1968, ce sont quelques secondes, quand Tommie Smith et John Carlos levèrent leurs poings gantés de noir sur le podium ?
Le récent fiasco européen de la flamme olympique risque de se répéter à la puissance dix mille, d’autant que le petit peuple, pas plus couillon qu’un autre, ne se laisse pas faire. On l’a vu dimanche au cours de ces « Doubles jeux », avec l’interview d’un groupe de pékinois bientôt expulsés de leurs maisons (les JO servent de prétexte à de louches opérations immobilières), parlant à visage découvert devant la caméra, en pleine rue, arrachant les affiches officielles, rigolant à l’algarade d’un membre du parti outré.
Les JO seront-ils un cauchemar pour la dictature ? Les accepter, c’est accepter des normes universelles, par exemple en matière de pollution. Or le taux de particules fines en suspension dans l’air de Pékin est en moyenne le double de celui préconisé par l’Organisation mondiale de la santé. Marathoniens et sprinters, à vos masques ! C’est bien la peine de se doper dur toute l’année pour risquer l’étouffement le jour de l’épreuve !
Quant aux retransmissions « en direct », les gens du pouvoir central avouent sans vergogne prévoir un décalage de dix à vingt secondes : ce sera donc du faux direct, pour éviter de voir à l’écran les protestataires et autres pro-tibétains. Que dira le CIO, dont la faux-culterie est parfaitement illustrée par les réponses « formelles » de Hein Verbruggen filmé dans son bureau de Lausanne ? C’est sûr, à Pékin, cet été, il y aura du sport, mais pas forcément celui qui est prévu.
Une bonne idée piquée dans le courrier des lecteurs du "Monde" : pourquoi ne pas faire du CIO (comité international olympique) un organisme dépendant de l’ONU, au meme titre que l’Unesco ou l’OMS ?
La cause olympique est universelle et mondiale et on ne voit pas pourquoi un clan de barons corrompus s’arrogerait le droit de "louer" cette cause tous les quatre ans au régime le plus offrant, même s’il est dictatorial
Je suis bien d’accord avec vous. En tant que sportif et enseignant, cela fait déjà bien longtemps que je n’ai plus d’illusion sur le respect de la charte olympique. La Chine, c’est le pompon ! Mais toutes les précédentes olympiades n’ont été que des simulacres d’esprit sportif. Argent,dopages,chauvinisme, magouilles en tout genre. les JO sont la négation du rapprochement des peuples. On compte les médailles, malheur aux mauvais résultats : on se moque des "perdants" et Coubertain par ci et Coubertain par là, bla bla bla. Ce héros des JO serait étonné de voir aujourd’hui des athlètes qui appartiennent à des peuples à "civiliser" l’importer dans certaines disciplines. sans parler des femmes … Le concepteur des JO modernes était "raciste", c’était la norme à l’époque … Certains le savent, d’autres l’ont oublié. Pour conclure, les JO sont un spectacle et un conflit "soft" organisés tous les 4 ans pour servir un projet politique. Vive la Chine … c’est à leur tour … Moi, je vais à la pêche …
Thierry J.L-CH