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Hommage à Roger Colombani

Coup de boule / jeudi 9 avril 2009 par Louis Mesuret
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Grand reporter à « France-Soir », co-fondateur du « Matin de Paris », Roger Colombani est mort le 23 mars à Paris. Hommage.

Un journaliste, un journaliste ni plus ni moins. De ceux qui, au lendemain de la Libération, avaient continué le combat. Ils ne se prenaient pas au sérieux, mais c’était pour eux un métier sérieux, « un métier sérieux qu’on fait en s’amusant ». Les écoles professionnelles existaient à peine, le savoir faire venait d’ailleurs, de cinq années de guerre et d’occupation, de privations ; ils avaient la tête politique, et les quelques qualités que demandait alors la profession : beaucoup de curiosité, un don d’écriture et le sens de l’équipe… Fouiner ne les rebutait pas. Ils écrivaient vite et bien (on n’avait pas encore inventé le « style journalistique »). Ils aimaient leur rédaction, leur presse « pluraliste », leurs quotidiens d’opinion. Ils appartenaient à Combat, à l’Huma, à Libération, à l’Aurore, au Monde, à France-Soir… Le mot appartenir leur convenait, ils étaient fiers de leur journal. Ils enquêtaient- le terme « investiguer » les aurait amusés-, ils ne croyaient pas a un quatrième pouvoir. Bien vu, moins bien vu, ils dénonçaient ce qui les indignait. Le métier n’en demandait pas davantage, la démocratie non plus. Après des années de censure, de presse pourrie, les lecteurs s’étaient réconciliés avec ces journaux de l’après-guerre. France-Soir tirait a un million d’exemplaires. Beau temps pour une profession sans vedette, ni stars. Une « grande signature » c’était un journaliste avant tout, mais qui écrivait plus souvent de bons que de mauvais papiers.

Roger Colombani avait commencé, en 1947, dans les journaux issus de la Résistance (La Marseillaise, Libération), avant d’assurer la correspondance permanente de France-Soir pour le Sud-Est. Grand reporter, il avait suivi, à l’époque de la French Connection, les filières de la drogue en Turquie et en Sicile, et la mafia aux États-Unis. Il était devenu l’un des meilleurs connaisseurs du milieu dont il avait su mettre en évidence les liens avec le monde des affaires ou celui de la politique. Il avait ensuite couvert, en Espagne notamment, le franquisme agonisant et ses impitoyables condamnations à mort ; en Argentine, la répression et les tortures des dictateurs. Il avait enquêté sur la plupart des grandes affaires criminelles de l’époque. Il « faisait » régulièrement les cinq colonnes à la Une de France-Soir : c’était devenu un journaliste de renom.

Mais l’estime de ses confrères comptait tout autant. Car c’était lui qu’ils rencontraient sur les coups, souriant et amical, qui connaissait déjà le juge ou le commissaire, qui souvent obtenait des « exclusivités » et qui, le soir, après avoir téléphoné son papier au sténo, enchainait à table des souvenirs de reportages. C’était une figure de la profession, un conteur né, disait-on : « tout le monde l’aimait parce qu’il savait raconter des histoires ». Pas seulement. On l’aimait aussi parce qu’il ne trouvait pas forcément innocente une victime désignée, ni forcément suspecte la décision d’un magistrat. Et qu’il tournait avec humour les extravagances et les absurdités de ses contemporains. Alors qu’on supportait encore l’inévitable subjectivité d’un rédacteur, il ne cachait pas son engagement à gauche.

Il avait donc quitté France-Soir en 1977, au moment ou l’ancien collaborateur Robert Hersant en prenait la direction, pour participer avec Claude Perdriel à la création du Matin de Paris. Puis, sans bruit, il avait démissionné, en 1983, en désaccord sur l’orientation du journal qui s’éloignait du projet initial (un grand quotidien populaire de gauche), pour n’être plus que l’écho parisien du Parti socialiste. Il avait terminé sa carrière comme chroniqueur à la radio et producteur d’une émission télévisée. Il n’avait plus d’équipe. Sans rédaction, son talent devenait une affaire personnelle. Il écrivit des livres.


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1 MESSAGES

Forum

  • Hommage à Roger Colombani
    le jeudi 9 avril 2009 à 13:44, Gérard LANFRANCHI a dit :

    toutes mes condoléances à Christian son fils, mon copain d’enfance

    Gérard LANFRANCHI

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