Quand Laurent pas content, lui toujours faire "pfff".
C’est un Laurent Gbagbo particulièrement ronchon qui s’est exprimé dans Le Monde daté du 18 septembre. Le président ivoirien avait déjà annoncé qu’il bouderait la réunion de l’Onu à New-York sur le processus de paix en Côte d’Ivoire. « Le temps des propositions et des négociations est terminé. J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé, et les rebelles n’ont pas désarmé. » Le groupe de travail international, chargé de piloter le processus de paix en Côte d’Ivoire, en prend aussi pour son grade : « J’en ai marre d’avoir des gens comme ça sur la tête. On peut continuer pendant dix ans sans rien régler. Ils travaillent avec légèreté et parti pris. Ils sont de parti pris et se moquent des Ivoiriens ! ». Une bordée de discours démago plus loin, Gbagbo pointe aussi la responsabilité étrangère dans le scandale des déchets toxiques. « Si on ne nous avait pas forcés à former un gouvernement fait de tout et n’importe quoi [majorité, opposition et rébellion y sont représentées] et privé d’une unité d’action autour du chef de l’Etat, cela ne serait peut-être pas arrivé ». Avant d’asséner que tout simplement : « des gens du Nord ont cherché à déverser des déchets sur des gens du Sud, Ils ont cherché et trouvé quelques ripoux. J’attends les résultats de l’enquête. » Bref, tout s’acharne contre Laurent.
On comprend sa mauvaise humeur. Le directeur général du Port, cacique et grand financier de son parti, a été suspendu après le scandale des déchets toxiques. Adieu la manne du port ! Son Premier ministre Charles Konan Banny, imposé par la communauté internationale, est de plus en plus populaire. Et politiquement de plus en plus dangereux. Malin, CKB a démissionné dès lors que le scandale des déchets toxiques pris de l’ampleur. Une démission pour rire, puisqu’il a été immédiatement chargé de former un nouveau gouvernement, mais une manière de montrer qu’il était responsable et digne. Si bien que comme le titrait La Lettre du Continent du 14 septembre, le maître d’Abidjan pourrait se retrouver réduit au rôle de Reine d’Angleterre, au profit d’un Premier ministre tout puissant. Mais Laurent a sa virilité. Lui, reine, jamais ! Aussi rien ne vaut une bonne embardée tiers-mondiste et populiste pour se remettre à flots. Ne manque qu’une descente des jeunes patriotes et on est reparti pour un an de galère. À Abidjan, on surnomme Gbagbo « le boulanger », pour sa propension à rouler ses adversaires dans la farine. Un petit nom mérité.