Un point de vue sur les élections au Maroc par Abdellatif IMAD, Professeur des Universités, Université des Sciences et Technologies de Lille (France).
Depuis plusieurs mois, l’organisation des élections législatives au Maroc, prévues le 07 septembre 2007, a fait l’objet de plusieurs articles dans les journaux nationaux et internationaux, plusieurs échanges et débats. Des « observateurs », nationaux et internationaux, prédisaient une occasion « unique » au Maroc qui va contribuer à changer le cours de la chose politique au Maroc, un « processus démocratique », une « participation record » signe de « l’adhésion des marocains aux politiques suivies ».
La monarchie voulait saisir cette occasion pour redorer son image auprès de l’opinion internationale afin de montrer, qu’au Maroc en 2007, « l’opération des élections » se passe « comme » dans les vraies démocraties. Cette opération médiatico-politique a été orchestrée par des spécialistes de la communication et de « calculs électoraux ». Trente trois partis, anciens et nouveaux, sont entrés dans la scène pour se départager le « gâteau parlementaire » : la course aux places a été lancée (des anciens parlementaires se battent pour garder leurs privilèges, des nouveaux s’acharnent pour trouver une place au chaud au parlement). Les marocains, en ville comme dans les campagnes, ont bien compris ce jeu, qu’on appelle, à juste titre, le « jeu électoral » ou « l’opération électorale ». Le peuple marocain a compris, depuis longtemps, qu’il est « hors jeu » dans cette opération. Il a compris une chose : ce sont les mêmes qui se partagent toujours le « gâteau », le parlement est une chambre d’enregistrement et un moyen d’enrichissement individuel, le roi est le seul aux commandes, il règne et gouverne.
Tout « observateur », qui se donne tout de même un temps d’observation, doit se rendre compte que la situation de la majorité des marocains est catastrophique : la pauvreté s’accentue, le chômage ne cesse d’augmenter, la vie devient de plus en plus chère, la majorité des jeunes cherche à quitter le pays (Harragas), les bidonvilles continuent d’abriter des milliers de marocains, la formation et l’éducation sont en situation de décadence et se privatisent de plus en plus, l’analphabétisme dépasse toujours 50% de la population, la santé est privatisée et devient un privilège, les paysans souffrent des effets néfastes de la sécheresse, la corruption bat son plein, le retour à un état policier au nom de la sécurisation, les droits de l’homme bafoués, la presse cadenassée, etc. La liste est longue. Face à ça, une minorité ne cesse de s’enrichir et même de trop s’enrichir. De grands projets sont en cours avec la bénédiction d’investisseurs étrangers (européens, américains et du golfe). « Deux Maroc » s’observent que nos « observateurs » daignent d’ignorer.
Je ne veux pas dresser, à tout prix, un tableau noir mais la réalité est amère et elle est là. Je ne veux pas, à tout prix, dresser un bilan pessimiste mais ça serait hypocrite de ma part que de faire de la langue de bois qui a monnaie courante durant cette période pré-éléctorale. L’autre Maroc a eu une occasion, ce vendredi 07 septembre 2007, d’exprimer son ras-le-bol et son dégoût du « jeu électoral » au Maroc. Malgré toutes les formes d’incitation à participer à « l’opération électorale » : appel du roi Mohammed VI, flashes publicitaires audio et vidéo visuels, tracts, panneaux, réunions, fanfares. Bref, tous les moyens ont été utilisés pour faire passer la « pilule électorale ».
Les marocains ont boudé les urnes. Les marocains ont désapprouvé le système politique marocain qui leur est proposé depuis l’indépendance. Les marocains ont montré que « l’opération électorale » ne les intéresse pas en premier lieu car ce sont les mêmes qui font cette opération, et ce depuis longtemps. A 63%, ils ont exprimé à leur manière le rejet de cette opération. C’est une abstention qui exprime, sans équivoque, un point de vue d’une majorité silencieuse. C’est un silence qui parle qu’il faut, et il est grand temps, de l’écouter. Il est incontestable que cet événement constitue la leçon principale qu’il faut tirer de cette opération.
Que les « observateurs nationaux et internationaux » ont donné de bons points à cette opération, cela ne change en rien à la réalité de la situation au Maroc. Que ces observateurs aillent constater les conséquences néfastes de toutes ces politiques d’appauvrissement poursuivies par cette classe politique qui a accepté d’être sous la tutelle du « Makhzen » (Makhzen : vient du mot « magasin » et résume le système politique marocain qui pille par la répression). Cette même classe politique a contribué ces dernières années à redorer l’image de la monarchie dont le « système makhzénien » reste fonctionnel dans sa globalité et même avec la venue du roi Mohammed VI après la mort de Hassan II. Il faut y ajouter une nouvelle classe qui accepté d’accompagner le Makhzen pour le changer de l’intérieur et qui a fini par se « makhzaniser », ce qui constitue le « nouveau makhzen – zen ».
La présentation des résultats de cette « opération électorale » ressemble aux résultats donnés par le maître à ses élèves qui note de 0 à 20% : il y a les « bons » et il y a « les mauvais » élèves, comme il y a ceux qu’on punit et ceux qu’on gratifie. Mais, ce sont les mêmes qui reviennent, on recommence et on joue les mêmes cartes : Blanc Bonnet – Bonnet Blanc (ou bien Haj Moussa – Moussa Haj).
Que nos « observateurs » soient satisfaits, que ceux ou celles qui ont gagné une place au parlement font la fête, que les « analystes » constatent un léger recul des « islamistes » ou une avancée des « conservateurs », etc., le rejet du système politique marocain est le vrai résultat de cette opération.
Cette situation est la conséquence directe du manque d’un projet de société clair et explicite. Un projet politique qui a l’audace de poser les véritables problèmes de notre système politique. Il ne peut y avoir de changement politique sans un changement radical de la constitution marocaine. La démocratie ne peut être une notion adaptable dans le temps et dans l’espace. La démocratie c’est le pouvoir du peuple. C’est loin d’être le cas au Maroc aujourd’hui. Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du roi. Le parlement est une boîte d’enregistrement et le gouvernement est chargé d’exécution des directives royales.
J’appelle tous les démocrates et progressistes au Maroc et ailleurs de redoubler d’efforts pour que la situation de l’autre Maroc constitue la priorité des priorités. J’appelle les observateurs nationaux et internationaux à changer leur optique pour enfin constater la réalité amère dans laquelle vit la majorité des marocains. J’appelle les marocains qui refusent de vendre leur âme au Makhzen de ne pas baisser les bras pour faire entendre les voix des sans voix. J’appelle les marocains résidants à l’étranger (MRE), qui sont soucieux de l’avenir du Maroc, de prendre part activement à la reconstruction du pays sur la base d’un projet de société tourné vers l’avenir et mettant au centre l’intérêt général du peuple marocain qui doit jouir pleinement de sa citoyenneté.
Lille, le 10 septembre 2007.
je ne comprend pas pourquoi mon message d’hier n’était pas diffuser. Je tiens a préciser que je n’incite pas a la violence c’est ma propre constatation !!!
Pour Grand-…. ça te dit rien (mazaganais=> mazagan=>el jadida) , j’avais relater les événement qui se sont passé a Sefrou dimanche dernier lors d’une manifestation contre la vie chère…
un marocain qui en a marre
Le maroc a besoin d’hommes conscient et cultivés ;
On voit comment la chose peut changer pacifiquement, avec le dialogue, le sérieux, les réformes, la restructuration des administrations, le lancement des projets, des élections transparentes, pas de magouilles, même si le taux de participation était faible mais fiable et raisonnable.
tu vas assister à une épopée, grâce à notre guide spirituel le jeune monarque, qui faire pâlir et jaunir tous les jaloux même les occidentaux, qui rêvent d’un chao chez tous les pays musulmans. cette épopée se réalisera grâce à dieu et grâce à la volonté du peuple marocain, digne de porter cette nationalité.
le nouveau makhzen nous respecte et peut être que toi tu es plus bette que cons et même ta foi.
Non il a simplement besoin de démocratie réelle. Le pouvoir du peuple, puisque telle est la démocratie, doit être exercé Du peuple, PAR le peuple, POUR le peuple. La démocratie réelle ne saura jamais s’accommoder d’un pouvoir parallèle. Pas de démocratie tant que REGNE le roi. Alors pas de révolution. simplement la disparition de cet être insignifiant et anachronique. Qu’il se contente, comme la reine d’Angleterre, d’inaugurer les chrysanthèmes……. Le califat…. c’est fini ou alors ça reviendra… plus terrible encore.
Remarques : à tous ceux qui désignent comme "algérien" tout détracteur du royaume enchanté qu’il soit bien précisé que je ne le suis pas…..
Trop sombre est la vision !quand on lit ces Phrases.Pour analyser un évènement politique on doit le situer dans son contexte historique et meme géographique et stratégique.Le Maroc se reveille après des siècles paralysies et de descentes vers l’enfer.Le Maroc est un ancien empire enraciné dans l’Histoire(plus de cinq mille ans d’histoire),qui étendait son pouvoir du sud de la France jusqu’au feuve du Senegal.Le Maroc est situé entre la pénunsule ibérique qui s’inquiète toujours d’un Maroc puissant,de l’algérie qui cherche desesperrament une place d’avant garde au Maghreb et au Maghreb,de l’ocean et de l’Afrique subsaharienne."Le maroc a lancé un défi de transiter vers une société democratique sans éffusion de sang" a declaré Abdellatif Laabi au lendemain de la mort de Hassan2."Mohammed6 a besoin d’au moins 20ans poun qu’on puisse passer à l’ère de démocratie" a déclaré de son coté Abraham Serfaty,leader de l’opposition la plus acharnée contre le régime hassanien. les dérnières éléctions avec leurs irrégulaités,avec 63%d’abstention reste les plus transparents et les plus significatives de l’Histoire moderne du monde arabe. C’est un début vers un nouveau Maroc,ou les partis politiques sont appelés à assumer leurs responsabilités,d’etre sur le terrain pendant cinq ans pas seulement la veille des éléctions. à suivre (sans correction)
zitouni