Fin analyste, Claude Allègre a compris qu’il valait mieux être sarkozyste de gauche quand on sort un livre…
Pour une nouvelle, c’est une nouvelle : Claude Allègre reste « profondément de gauche ». Il le dit et le répète sur tous les médias en cette rentrée. Il se démultiplie pour vendre son dernier bouquin La Défaite en chantant. L’ancien ministre de l’Education de Lionel Jospin a des comptes à régler avec Ségolène Royal, dont il instruit le procès en incompétence. Il estime que la candidate socialiste à la dernière présidentielle, qu’il a eu sous ses ordres dans le passé, « ne s’intéresse pas aux dossiers mais à sa promotion ».
Il attaque aussi François Hollande, qui n’a pas compris qu’il devait tout faire pour empêcher celle qui était sa compagne de se présenter pour laisser la place à Yoyo, l’austère qui se marre, qui n’avait même pas réussi à se qualifier pour le second tour en 2002. Les critiques d’Allègre sont connues depuis longtemps. Mais on ne parvient toujours pas à comprendre pourquoi les médias français accordent tant d’importance à ce scientifique devenu un spécialiste des approximations. Il est l’un des rares à soutenir que l’activité humaine n’a pas d’impact sur le réchauffement climatique alors que même Bush Junior, qui sait à peine compter et qui est entre les mains du lobby pétrolier américain, a reconnu ces derniers mois qu’il fallait lutter contre les émissions de CO2. Viré de L’Express, où il assénait ses vérités chaque semaine, Allègre s’est retrouvé immédiatement chroniqueur au Point, l’hebdo de FOG devenu l’organe officiel de la Sarkozie triomphante. Et la sortie de son bouquin bénéficie d’une campagne de promotion étonnante. Enfin, pas si étonnante que ça.
On sait depuis plusieurs mois que Franz-Olivier Giesbert est en adoration devant Sarko. Il a fait du Point une sorte d’organe officiel de l’Élysée. Le fait que Catherine Pégard, ancienne chef du service politique, soit devenue conseillère du nouveau Guide, n’est sans doute pas pour rien. Heureux hasard, Le Point sort des « scoops ». Dernier en date : la fusion entre Gaz de France et Suez. L’hebdo a été le premier à annoncer sur son site Internet qu’un accord avait été trouvé, le vendredi 31 août et que le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, avait été lâché par ses grands actionnaires comme Albert Frère et Anne Lauvergeon. Heureux hasard, Sarko avait reçu ces patrons la veille au soir. Du côté de chez Suez, « on n’ose pas imaginer que Pégard ait pu utiliser Le Point pour une manip ». Oh l’horrible soupçon. Comme si Giesbert n’était pas capable d’aller chercher des scoops tout seul.
Car, on se souvient quand, dans les derniers jours de la campagne présidentielle, notre homme avait rendu une visite qui se voulait discrète à Sarko à son siège de campagne, rue d’Enghien. Surpris par des caméras et reconnaissable malgré ses lunettes noires, il avait prétendu qu’il était venu voir François Fillon à la demande de celui-ci. Or, on sait maintenant qu’Allègre est prêt à rejoindre Sarko, qui l’impressionne, selon ses propres termes. Quand sautera-t-il le pas ? « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’avenir n’est écrit nulle part », a-t-il dit à Libération (30/08). Mais on sent que ça le démange d’autant qu’il annonce qu’il quitte le Parti socialiste. Le drame d’Allègre, c’est qu’il est convaincu qu’il n’est pas utilisé à sa juste valeur. Les médias français font tout pour essayer de réparer cette injustice en ouvrant largement les colonnes et les antennes à un homme aigri. Peut-être même « vieilli et usé », selon l’expression de son ami Yoyo.