Dame Dati se veut le grognard préféré de son excellence Sarkozy et a bien assimilé le concept d’ouverture.
« Mais vous savez, Rachida est une femme de gauche ». Cette confidence de proches conseillers de la ministre de la Justice force un peu le trait. Pour une magistrate dont le parcours a été favorisé à la fois par Simone Veil et le très pompidolien Albin Chalandon, inspecteur des finances et ancien président d’Elf, la gauche reste une terre de mission. Ce qui est vrai en revanche, c’est que Rachida Dati soigne, à l’instar de Sarkozy, l’ouverture aux opposants d’hier. Quelques avocats célèbres et trans-courants comme l’irremplaçable Paul Lombard, véritable ministre bis de la Justice, ou Gilles-Jean Portejoie, humaniste de cœur et grand copain de Charasse, lui apportent leurs réseaux sur un plateau. « Je fais confiance à la garde des sceaux », explique Portejoie au Parisien, bravant la solitude au sein d’un barreau plutôt hostile à Dati. Admettons que cette hostilité de principe repose parfois sur de mauvaises raisons quand elle s’appuie sur la défense archaïque d’une carte judiciaire datant du 19ème siècle.
Le 5 novembre dernier au soir, les anciens du Ceres, qui fut l’aile gauche du Parti socialiste dans les années 80, se réunissaient au premier étage d’une brasserie chic du septième arrondissement. Brouhaha soudain au rez-de-chaussée, Rachida arrive avec ses supporters de ce quartier huppé parisien où elle a été parachutée, digne héritière de Frédéric Dupont, le candidat des douairières et des concierges. Quittant ses camarades un court instant, un conseiller d’État socialiste se précipite pour saluer la candidate. C’est que, en 2000-2002, Rachida Dati s’était rapprochée de la gauche gouvernementale. Du moins de Jacques Attali, qui l’a gardée au conseil de sa fondation, et d’Hubert Védrine qui aime le Maroc et la jeunesse. Dans les jours qui viennent, le choix du futur Procureur de Marseille sera un test intéressant. Le ministère de la Justice a le choix entre une UMP pur sucre, très liée aux milieux insulaires les plus claniques et un ancien patron du parquet anti-terroriste qui a eu certaines tendresses pour la gauche. À suivre !