C’est à 20 heures 34 minutes et 49 secondes, dimanche soir dernier, que l’estimable Laurent Delahousse, de France 2, est venu m’annoncer que j’étais un ringard. Un has-been, un loqueteux, un miséreux, un rétrograde, un gagne-petit…
Mon crime : je ne possède pas un téléviseur 16/9 comme un peu plus de la moitié des Français. C’est vous dire combien je suis suspect : je m’obstine à regarder les programmes enchanteurs du service public sur mon vieux poste 4/3, qui, malgré ses huit ans d’âge, fonctionne à merveille. Suffisamment, en tout cas, pour entendre le platiné Laurent m’annoncer, sans vice, que, dorénavant, par la grâce du passage de France 2 au 16/9, je serai privé d’une partie de l’écran (mais non des incrustations des logos de la chaîne, des fois qu’à la faveur d’une interview de Nicolas Sarkozy par Madame Chabot, je me crois sur TF1).
Bien fait pour moi, il y a longtemps que j’aurais dû me précipiter chez Darty, ou l’un de ses concurrents, en téléspectateur modèle. Premier prix 229 euros, payable en 3 fois. Ça vaut le coup de se priver de viande, hein !
De fait, c’est ce qui a failli se produire. L’envie sauvage de décocher un grand coup de pied dans la tronche cathodique de mon illustre confrère, m’a, je l’avoue, traversé l’esprit. Et le tube de mon fidèle téléviseur, je le sais n’aurait pas résisté. Peut-être était-ce là, d’ailleurs, l’objectif inavoué de cette annonce publique : réduire le parc des appareils obsolètes.
« Mon bon Faubert, (les gens sont d’une condescendance dès qu’ils ont un écran plat…) me rétorquera-t-on, rien ne vous oblige à regarder France 2. Que venez-vous grogner ! »
Contraint de regarder, non. Mais de payer, la re-de-van-ce, oui. 116€ chaque année ! Et me voilà sommé, maintenant, de rajouter au pot, pour visionner correctement un contenu qui m’est facturé à mon corps défendant. Que voulez-vous, j’ai la très légère impression que l’on se fout de moi. Et ça me titille la rate…
C’est la faute à la concurrence, plaideront les défenseurs du service public. Toutes les chaînes passent au 16/9.
Objection, votre honneur, comme on dit dans les séries américaines – dont la compréhension risque de m’être désormais plus difficile à cause de mon écran amputé. Imaginez que l’assassin reste sur les côtés… S’il est bien un secteur protégé de la concurrence, c’est, par définition, le service public de l’information, dernier kolkhoze au pays du CAC 40 triomphant.
Alors, amis législateurs et cher Monsieur Carolis, soyez sympas. Rendez-moi ma liberté de consommateur. Celle de choisir de payer et de m’équiper pour regarder France 2. Peut-être alors estimerai-je la dépense raisonnable… Ou peut-être pas. C’est ça, la vraie loi du marché !
"De fait, c’est ce qui a failli se produire. L’envie sauvage de décocher un grand coup de pied dans la tronche cathodique de mon illustre confrère, m’a, je l’avoue, traversé l’esprit".
si you plait Monsieur Faubert,
Si vous pouviez viser plus bas, afin de ne pas abimer la belle tronche de Laurent Delahousse.
Enfin …pas trop bas quand même
merci
Mouais..
S’il est avéré que les écrans 16/9 sont maintenant majoritaires, c’est tout à fait normal que le service public s’adapte pour offrir le meilleur service au plus grand nombre (en droit public, principe de la mutabilité du service public).
Je suis aussi en 4/3, et deux bandes noires ne me donnent pas envie de frapper qui que ce soit..
On se détend ?