L’annonce des pertes de la Société générale provoque des séismes en chaîne. Son Pdg Daniel Bouton et le gouverneur de la Banque de France sont sur des sièges éjectables. Un plan de reprise de la Générale est concocté. Mais d’autres catastrophes sont à craindre.
La crise de la Société générale a donné un tour dramatique à la situation d’ensemble des banques. Si, comme toujours dans ces cas là, on commence à faire le procès des responsables accusés d’inertie et d’impéritie et si, au niveau international, l’aura d’Alan Greenspan commence à en prendre un coup, la phase actuelle est surtout celle des règlements de compte.
Le premier à devoir être emporté est évidemment Daniel Bouton. Si la Société générale menace de poursuivre en diffamation tous ceux qui prétendraient que l’agitation entretenue autour des imprudences coupables de Jérôme Kerviel aurait comme objectif de masquer la réalité, les avocats du jeune courtier ne se privent pas de se positionner sur ce créneau. D’autant que la direction de la banque a commencé par faire un portrait du jeune trader plutôt condescendant.
Les syndicats maison ont d’ailleurs manifesté leur agacement quand ils ont entendu la direction indiquer qu’il s’agissait d’un second couteau dans la mesure où il gagnait à peine 100 000 € par an. Quand on sait que 95 % des salaires en France sont inférieurs à ce chiffre, on comprend la réaction des syndicats… Des actionnaires salariés (l’Association des actionnaires salariés de la Société Générale) viennent d’ailleurs de déposer plainte.
Plus fondamentalement, l’avenir de Bouton est scellé, d’autant qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis dans le milieu. Son hostilité militante au plan de redressement du Crédit Lyonnais avait été perçue à l’époque comme un manque de réalisme et de solidarité dans le milieu bancaire. En outre, s’il est inspecteur des finances, il n’est pas passé à Bercy par le Trésor, mais par le Budget, ce qui a toujours paru à ses pairs comme incongru.
Autre personnage qui est montré du doigt, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. D’abord, il n’est même pas inspecteur des finances, mais simple énarque de base. C’est dire ! Ensuite et surtout, il a accumulé les erreurs de communication depuis l’été, paraissant toujours en retard d’un train, corrigeant un discours globalement lénifiant par des remarques quasi apocalyptiques. Quant à ses rapports avec le gouvernement, il les a réduits au strict minimum, s’abritant pour ce faire derrière le principe d’indépendance de la Banque centrale.
Pourtant, l’ineffable Henri Guaino, qui, lui, n’est même pas énarque, rêve de se mêler de l’affaire. Il a appelé pendant tout le week end les dirigeants du monde financier pour mettre au point un plan de reprise de la Société générale. Il verrait bien BNP Paribas et le Crédit agricole mener l’opération.
Mais si les dirigeants de ces deux banques cogitent, ils cherchent par tous les moyens à éviter l’encombrant conseiller de l’Elysée. Quant à la direction générale du Trésor et de la politique économique, fer de lance prestigieux de Bercy, elle s’inquiète des crises à venir.
La situation de Natixis, filiale des Caisses d’épargne, la préoccupe, car si jamais on découvrait un réel désastre, la population réagirait certainement vigoureusement : nul ne serait plus protégé, pas même les temples supposés de la gestion en bon père de famille.
Le personnage qui sort renforcé de tout cela est Michel Pébereau. BNP Paribas est plus solide que jamais, il a su endiguer les maladresses des débuts de crise de la direction de la banque et tout le monde le consulte sur ce qu’il faut faire. Pour l’instant, il réfléchit et continue à tenir avec sa régularité habituelle la rubrique « science fiction » du JDD…
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Mais que faisaient les fameux inspecteurs de la Société générale ?
Citation : "En outre, s’il est inspecteur des finances, il n’est pas passé à Bercy par le Trésor, mais par le Budget, ce qui a toujours paru à ses pairs comme incongru".
Moi y’en a être pauvre citoyenne inculte qui a besoin qu’on lui explique ça : pourquoi cela parait-il incongru à certains qu’il soit inspecteur des finances en étant passé par le Trésor plutôt que le Budget ?
Merci. Chele.
Je me fou des problèmes de cette banque, ils l’ont bien cherché. Pendant que quelques uns pataugent dans leur milliards, d’autres beaucoup plus nombreux vivent chaque jour d’avantage les méfaits du libéralisme et du capitalisme.
Au fait c’est quoi la définition du libéralisme, j’ai ma petite idée que je vous soumet :
Le libéralisme est la liberté pour quelques uns de s’enrichir sur le dos d’une majorité de travailleurs à qui l’on ne donne que quelques miettes.