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Armand cuve à l’ombre

mercredi 20 septembre 2006 par Moussa Ka
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Des vertus de la concurrence pure et parfaite.

Le gombo n’est pas qu’un délicieux légume, c’est aussi la déclinaison locale du bakchich.

Il arrive que l’économie camerounaise s’émancipe quelque peu, c’est un euphémisme, des règles de l’orthodoxie libérale. Et pas uniquement dans les plus hautes sphères de l’État. C’est ce qu’a appris à ses dépens Armand, gérant d’un modeste bar dans un quartier animé de Yaoundé, qui vient de passer quatre jours en cabane pour n’avoir pas compris à temps les vertus de la concurrence pure et parfaite… dans sa déclinaison locale. Car c’est à son concurrent direct, le patron d’un bar à la mode qui a élu domicile de l’autre côté de la rue et qui entretient les meilleures relations – financières s’entend – avec les brigadiers du quartier, que le jeune homme de 23 ans doit son baptême carcéral. Armand, pourtant, n’a rien d’un aventureux businessman.

C’est au contraire pour vivre paisiblement qu’il a abandonné son emploi d’agent de sécurité, quelques jours après qu’un de ses collègues fut assassiné. Armand se contente maintenant d’empocher 50 F CFA (0,08 euros) sur chaque bouteille consommée. Un maigre revenu qui, dans un pays où la bière est éclusée à un rythme quasi olympique, lui assure une survie décente. Ainsi aligné sur les prix communément pratiqués dans la capitale camerounaise, Armand pensait pouvoir s’épargner les tracasseries concurrentielles.

L’outrecuidance de désaltérer le chaland à un prix modéré

C’était oublier les ambitions de son puissant concurrent. Sponsorisé par une grande marque de bière européenne et fréquenté par la jeunesse dorée de Yaoundé, le voisin d’en face surfacture les boissons pour amortir ses investissements… et pour arrondir les fins de mois des policiers du secteur.C’est ainsi que, profitant d’une obscure affaire de bouteilles volées, l’ambitieux cafetier a fait plonger le vilain Armand qui a l’outrecuidance de désaltérer le chaland à un prix modéré. L’affaire aurait pu mal tourner pour Armand s’il n’avait su trouver les arguments, sonnants et trébuchants, pour convaincre le plaignant et son ami brigadier de passer l’éponge. S’étant engagé à « dédommager » le premier des bouteilles mystérieusement disparues, il a du graisser la patte au second pour sortir de cellule. À défaut de l’avoir chassé du quartier, les deux compères espèrent que le séjour entre quatre murs, sans fenêtre, sans électricité et sans matelas, qu’ils ont infligé à Armand lui aura définitivement appris les fondamentaux de l’économie camerounaise : la main invisible fonctionne mieux quand on lui lâche quelques billets.


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