Lors de la conférence mondiale sur le Sida à Vienne, Roselyne Bachelot s’est exprimée sur les centres de consommation de drogues supervisés. Pour les associations, c’est un simple effet d’annonce.
Roselyne Bachelot a annoncé deux choses devant les associations : élargir le dépistage du Sida au-delà du corps médical et et lancer l’expérimentation des centres de consommation de drogues supervisés. Or, en conférence de presse, ces projets se sont réduits à « une concertation pour aboutir à des projets consensuels de centres de consommation ». Deux pas en avant, trois pas en arrière.
Bakchich vous en parlait déjà en juin. Le 24 juin, l’INSERM a rendu publique son expertise sur l’utilité des salles de consommation de drogues. Un bilan positif pour les associations. Roselyne Bachelot doit lancer la première expérimentation. C’est loin d’être fait. Il faut dire qu’elle n’est pas vraiment soutenue au sein de son ministère. Le président de la MILDT (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), Etienne Apaire, a déclaré « au nom du gouvernement » que cette expérimentation ne se fera pas. Selon lui, « les Français sont hostiles à ce type de centres ». Sur ce sujet, aucune étude n’a été faite mais s’il le dit c’est que ce doit être vrai…
Article du 23 juin 2010
Depuis des années, des associations et des politiques oeuvrent pour l’ouverture de salles de consommation de drogues en France.
Il existe en France des centres, les CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues). Ce que réclame les associations et certains élus n’est pas tout à fait la même chose. Ils veulent permettre aux personnes les plus marginalisées de se droguer dans des lieux spécifiques à cet effet. Dans ces salles seraient mis à disposition tout le matériel nécessaire et des personnes qualifiées pour les accompagner.
Mais l’idée ne date pas d’aujourd’hui. Dans plusieurs pays, ces lieux existent déjà. Notamment en Suisse et au Canada. En France, comme souvent, le dossier traîne. En juin 2009, Roselyne Bachelot a fait une demande à l’INSERM pour rendre un bilan public sur l’utilité de ces salles. Le rapport sera rendu le 24 juin. À l’étranger, des études ont déjà été faites. Elles démontrent une diminution des risques de contamination, une diminution des overdoses mortelles et une amélioration de la vie des habitants des quartiers.
Même si toutes les études sur les salles de consommation de drogues à moindre risque sont positives, l’étude de l’INSERM pourrait ne pas l’être. Selon Pierre Chappard, co-président d’Act-Up, et Laurent El Ghozi, des pressions auraient été faites pour que le bilan ne soit pas en faveur de l’ouverture de telles salles.
Plusieurs associations dont Act-Up et Asud réclament trois salles dans Paris. Une salle d’expérimentation a été ouverte le 19 mai 2009 pour montrer les dispositifs que cela représenteraient.
En plus de l’INSERM, l’association ESPT (Élus, Santé Publique et Territoire) vient de débuter un séminaire sur ce sujet. Elle réunie plus de 60 villes avec à sa tête Laurent El Ghozi, conseiller municipal de la ville de Nanterre. L’association a auditionné 18 personnes. D’ici septembre, 25 personnes vont visiter les lieux déjà existants dans les villes de Bilbao et Genève.
Les toxicomanes sont bien souvent conscients de leur état et de leur situation.
Si un cadre rassurant et anonyme leur est dédié comme avec les bus de méthadone de Médecins du monde, ils ne restent pas forcément isolés.