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Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)

paris / lundi 18 février 2008 par Elodie Bui, Paul Gypteau
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Deuxième épisode de notre enquête sur les mystères et autres bugs du Vélib’, lancé en grande pompe (à vélo) le 15 juillet dernier par le maire de Paris. Avec quelques questions amusantes : mais comment le groupe Decaux a-t-il emporté ce marché l’an dernier ? Et est-ce une si bonne affaire pour la Ville ?

Pour relire le premier épisode des ratés du Vélib’, cliquez ICI

Petit rétropédalage historique : comment en est-on arrivé à imposer le Vélib’ aux Parisiens ? Quelques jours avant la première réunion de la Commission d’appel d’offres du dossier des vélos pour tous à Paris, les propositions de Jean-Claude Decaux font mauvaise mine face à celles de son concurrent américain Clear Channel. « Ses vélos proposés sont plus lourds, plus chers, moins nombreux. Et la redevance versée à la mairie nettement inférieure », rapporte Yvan Stefanovitch dans son livre « Bertrand le Magnifique » publié chez Flammarion.

Le velib’ est financé par la pub - JPG - 51.2 ko
Le velib’ est financé par la pub
© Nardo

Un vice de forme, et JC Decaux emporte la mise

Et c’est donc Clear Channel qui est logiquement retenu. Coup de théâtre, JC Decaux invoque un vice de forme. Le grand roi de la sanisette obtient gain de cause. Un nouvel appel d’offres est lancé. Fin janvier 2007, la Somupi (filiale de JC Decaux à 66 %) émet des propositions tout juste supérieures à celles de Clear Channel. Quelques mois plus tard, les élus de la Commission d’appel d’offres changent d’avis et choisissent JC Decaux.

L’objet du marché comporte « la mise en place, l’entretien, la maintenance et la gestion d’un dispositif de vélos en libre-service » en échange de « la mise en place, l’entretien et l’exploitation de mobiliers urbains d’information à caractère général ou local et accessoirement publicitaire de 2 m² et de 8 m² » (1648 panneaux), spécifie l’appel d’offres riche de 86 pages.

Cette obtention du marché de la publicité parisienne fait de JC Decaux une vitrine mondiale avec les millions qui vont à la clé. Pour sa part, la Mairie engrange les abonnements des utilisateurs, « 8 millions d’euros en 2007 » et « 20 à 25 millions » escomptés en 2008, selon Céline Lepault, la Miss Petite reine à la direction de la Voirie de la Mairie. Quant à JC Decaux, il verse une redevance annuelle de 3,5 millions d’euros pour l’exploitation du système.

Un bon coup de pub pour Delanoë, mais de retards d’installation

Monté dans la précipitation, le projet a pour but de remettre en selle Bertrand Delanoë, tombé à terre après le pitoyable revers de l’opération J.O. 2012 à Paris. Pour « Bébert », il s’agit d’inaugurer le nouvel art de rouler dans Paris avant les municipales de 2008. Lors de l’inauguration du parc Vélib’, 10 648 vélos et 750 stations sont en place. Et le calendrier prévoit le doublement de ces chiffres au 31 décembre 2007.

Aujourd’hui, on est loin des prévisions annoncées. Mais, tant pis, « politique de civilisation » oblige, l’effet Vélib’ a joué et Delanoë roule en tête. Aujourd’hui la ville possède 1 200 stations et 15 000 vélos au lieu des 1 500 et 20 000 promis. Notre oracle, Jean-Luc Dumesnil, conseiller de Denis Baupin, l’adjoint aux transports à la Mairie, explique : « Il y a des retards dans la phase de rodage… »

Le Vélib’ bientôt en banlieue ? Pas sûr

Evoqué avec trompettes, le déploiement de Vélib’ dans la banlieue est au point mort. Lancé le 19 décembre, le projet prévoyait l’implantation de 300 stations (4 500 vélos) dans 30 communes de la petite couronne (six millions d’habitants). Face à JC Decaux, aucun concurrent potentiel pour l’attribution du marché. La raison ? Le logiciel de gestion Vélib’ n’est pas compatible avec un système concurrent. Ca c’est malin. Il n’y a donc de bons vélos que de JC Decaux. Un JC Decaux qui, selon notre précieux conseiller Dumesnil, « pourrait très bien rendre son service compatible. Il suffit que les communes le demandent. A l’époque on savait qu’il y aurait ce problème mais on n’avait pas le temps d’y réfléchir ».

Mais le temps ne presse pas, et, comme chacun sait, puisque le transport en banlieue frôle l’idéal, réfléchissons. Le groupe Clear Channel peut aider à la méditation puisque, en attaquant la décision du Conseil de Paris d’étendre Vélib’ hors des fortifs, il donne aux juges la possibilité de donner du temps au temps.

Interrogé sur ces retards, JC Decaux « ne communique pas ». Et l’opérateur impose le silence à ses agents envoyés sur le front des bornes. Tant pis si le niveau de qualité du service est clairement défini dans le cahier des charges. Ainsi, en arrivant devant une station, 75 % des usagers doivent pouvoir y « prendre un vélo en moins de 3 minutes ». De même 75 % des utilisateurs doivent pouvoir rendre ce même vélo « en moins de 2 minutes ». Aujourd’hui ce « niveau d’exigence » semble loin d’être atteint.

Vélib’-contre-pub : le bon deal ?

Autre question qui fâche : pourquoi, à Paris, la publicité finance-t-elle les vélos ? Au départ, Denis Baupin, l’Attila du macadam et adjoint au maire de Paris pour les transports, ne souhaitait pas que le marché vélos soit lié à la publicité. Selon son conseiller Jean-Luc Dumesnil, la ville a longtemps mis en place des marchés séparés : « Je trouve que c’est plus sain et plus clair ». OK.

Mais, soudain, Delanoë a sorti le couple vélo-contre-pub de son chapeau et l’appel d’offres a été amputé d’office. Réservé aux seules sociétés de publicité. Pour Jean-Luc Dumesnil : « il aurait plus été intéressant que des entreprises dont le transport est le métier puissent répondre, plutôt qu’un publicitaire ».

Nombre de problèmes découlent de ce couplage. N’ayant pas pour habitude d’être en contact avec le grand public, sauf par le truchement de ses sanisettes et ses panneaux d’affichage, JC Decaux n’est pas un spécialiste de l’offre directe aux citoyens. Ou alors ce citoyen est un peu plus égal que les autres, comme cet Alain Juppé, un écrivain de premier plan, qui a eu naguère droit dans tout Paris à un somptueux affichage signé Decaux de son bouquin « La Tentation de Venise ».

Dans cette aventure à bicyclette, c’est la réélection plus que l’argent récolté qui semble avoir primé. L’admirable Céline Lepault, toujours notre chargée de mission Vélib’ à la direction de la Voirie de Paris, confirme sans penser à mal : « Lors de l’appel d’offres, on a été clair sur le fait que le montant de la redevance due à la mairie importait peu. Il fallait avoir le plus de vélos, le plus vite possible. Mais, pour qui veut être honnête, il n’y avait pas de meilleures solutions. Si le marché n’était pas couplé, nous aurions des sommes astronomiques à investir aujourd’hui ». Son estimation atteint 50 millions d’euros pour 20 600 vélos par an.

Mais Bertrand Delanoë, qui n’aime pas les comptes d’apothicaires, n’a pas jugé bon de publier d’un côté les recettes de pub qu’il aurait pu réaliser en louant tous les panneaux de Paris et, de l’autre, le coût d’un vélo vraiment libre.

Un manque à gagner important

Or, ce calcul mériterait d’être effectué. Fabienne Keller, le maire de Strasbourg, estime qu’il y a un manque à gagner important à Paris. Pour sa ville, elle a choisi une autre piste que celle élue par Delanoë : un système de vélos en libre-service (Call a bike), qui n’est pas enchaîné à la pub. Selon cette mairesse membre de l’UMP (parti si cher à Decaux), et qui s’exprime dans le quotidien l’Alsace : « A Paris, avec le choix du système Vélib’, ce sont environ 57 millions d’euros de recettes publicitaires qui ne rentrent pas dans les caisses de la ville ».

Et Denis Baupin écrivait la même chose dans un article paru dans Libération en septembre 2007 : « Les promoteurs de cette solution, à commencer par JC Decaux, ont réussi ce tour de force de faire croire à beaucoup de gens, y compris des élus, que ce système ne coûtait rien à la collectivité ! En fait, si les villes bénéficient d’un nouveau service, elles abandonnent en contrepartie une recette très importante : la redevance qu’elles toucheraient normalement avec les recettes publicitaires ».

Les calculs d’apothicaires, JC Decaux, lui, ça ne l’ennuie pas. Il les a faits et annonce une recette publicitaire minimum de 569 millions d’euros pour 10 ans, alors que le revenu total dans le même temps des locations de vélos empochés par la Mairie ne sera que de 200 millions !

A ce prix-là, Paris valait bien un vélo ?

Pour relire le premier épisode des ratés du Vélib’, cliquez ICI


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13 MESSAGES
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Forum

  • Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)
    le jeudi 21 février 2008 à 00:18, Julien Rassoul a dit :
    Par pitié, sauvegardez la langue française et faites parvenir cette "enquête" (en quête de…) à un ou une secrétaire de rédaction pour relecture et corrections lexicales et formelles !
  • Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)
    le mardi 19 février 2008 à 18:42, Nemus a dit :

    Il est vrai que je ne comprend pas pourquoi avoir renouvelé cette critique acerbe et injustifié. Si tous les publicitaires gagnait de l’argent en forçant les gens a moins pollué et à faire du sport tant mieux, car ce sera une bonne habitude de prise ! Le bonheur des uns fait le bonheur des autres et le monde va bien. Bakchich, ne lis tu pas les critiques de tes fidèles internautes ? Car je trouve certains de tes articles étrangement tournés, mais j’espère me trompé, aussi continuerais-je a venir sur ton site régulièrement pour soutenir cette "presse" dite libre et admirer son "évolution". Je ne suis pas le premier a être choqué et espère être le dernier. Continuer, bien a vous,

    un jeune lecteur qui pense a l’avenir.

  • Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)
    le lundi 18 février 2008 à 23:06, maria a dit :
    J’utilise les vélib’ avec bonheur. Hormis la période de gève, pas de problème particulier et je connais beaucoup d’autres satisfait(e)s. Je ne comprends pas une telle charge.Pour qui roulez-vous ?
  • Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)
    le lundi 18 février 2008 à 21:59, Apollo Creed a dit :

    Article pitoyable. Néanmoins cohérent (dans sa pauvreté idéologique) puisque l’article fait référence au non moins pathétique "journaliste" Ivan Stefanovitch (Aaah, monsieur, quelle réponse brillante d’ignorance et d’incapacité intellectuelle lorsque vous avez été interpellé lors du "débat" avec J-M. Cavada, incapable que vous avez été de vérifier les causes des subventions aux associations juives différemment dotées !)

    Mention spéciale aux phrases : "Bertrand Delanoë, tombé à terre après le pitoyable revers de l’opération J.O. 2012 à Paris" (sans tomber dans la neutralité axiologique, vous arrivez à vous regarder dans votre miroir professionnel après avoir utilisé une telle formulation ?)

    "Aujourd’hui ce « niveau d’exigence » semble loin d’être atteint." (on appréciera le brillant travail d’étude statistique, venu étayer avec force ce "constat" d’échec, apparemment flagrant, relatif au cahier des charges du Vélib’)

    Ah la la, en lisant un article pareil, on a peur de comprendre pourquoi "Bakchich"…

  • Vélib’ : un vélo qui ne tourne pas rond (2)
    le lundi 18 février 2008 à 16:23, Quidam a dit :

    Et encore un mi article à charge, déjà le premier était assassin mais celui-ci est pire. Comme toutes nouvelles activités il y a des problèmes au lancement, je pense qu’au lancement de votre site vous avez connu aussi des problèmes. Le vélo est un mode de transports non polluants, économe, rapide et non bruyant. Il a beaucoup davantage, mais c’est clair qu’avec des articles de ce genre la voiture a encore de beaux jours devant elle.

    Un lecteur mécontent mais un cycliste heureux.

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