Pour ceux qui dirigent et possèdent, inutile de se rendre au tribunal, face à des hommes en noir.
Il est dommage que la nuit du 4 août soit déjà passée, elle fut douce. On aurait pu en profiter pour fêter le rétablissement des privilèges, par exemple l’instauration d’une justice privée. Pour ceux qui dirigent et possèdent, inutile de se rendre au tribunal, face à des hommes en noir. Aujourd’hui, le plaideur VIP marchande de gré à gré sa justice ajustée. Et c’est Jacques Chirac qui achète un verdict à venir. C’est Bernard Tapie qui touche 210 millions d’euros attribués par des arbitres auxquels la silhouette de tenanciers du Loto semble convenir. C’est Roman Polanski, qui mobilise la France des bobos, au motif « qu’un vieux viol de gamine n’est pas bien grave ». Nicolas Sarkozy rêve de supprimer les juges : la réalité l’a déjà fait.
Il faut vraiment être mal embouché pour trouver à redire au deal Chirac-Delanoë. L’UMP va verser 1,65 million à la Ville de Paris et personne n’observe que ces euros sont de l’argent public, celui que l’État accorde aux partis politiques. Et nul ne s’étonne que l’ex-Président, pour sa contribution, sorte 550 000 euros de son inépuisable tirelire, sans que l’on contrôle d’où ils proviennent.
Tapie proteste. L’argent qu’on lui accorde n’est qu’une partie de ce qu’on lui a naguère « volé », le fruit de son labeur. Bakchich a déjà publié le contrat de « travail » liant, en 1997, le même Nanard à Joe Polito, mafieux de New York et membre de la famille Gambino. Un travail de brute.
Reste un contre-exemple, cet ahuri de Loïk Le Floch- Prigent, ancien patron d’Elf, qui retourne en prison où il a déjà passé deux ans, tout cela pour ne plus être une Very Important Person. C’est pas juste. Alors qu’André Tarallo, camarade de Chirac, vrai pivot du scandale Elf, n’a passé que quinze jours à l’ombre, le temps de lire un peu saint Augustin. Soyons tous VIP !
Et rendez-vous dans Bakchich Hebdo n°37, en vente samedi 11 septembre chez tous les bons marchands de journaux.