Jean-Philippe Peyraud adapte en BD "Lui", la pièce de théâtre éponyme de Philippe Djian. Un alliage réussi.
Matin, midi et soir, à l’heure de la pilule de l’écriture, Philippe Djian récite de sa plume le même angélus depuis trente ans, dans tous ses romans : il y a autant de façons d’aimer qu’il y a de cœurs.
Il ouvre pour la première fois les portes de son confessionnal à un chuchoteur haut en couleur, le dessinateur Jean-Philippe Peyraud.
Pour l’adaptation de sa pièce de théâtre, Lui, en BD, chez Futuropolis. Le bouquin est un alliage réussi entre le métal froid de la langue de l’écrivain et la chimie des coloris alternant noir et blanc, vert émeraude et couleurs chaudes.
Il fallait bien ces deux talents pour traquer, au moyen d’un micro cérébral et d’un pinceau, l’esprit de cet homme étrange, « lui », perdu dans une valse à trois temps et dans les pas d’autant de femmes. Le tempo lent et répétitif de la narration emmure au fil des pages le huis clos du seul monde mental du personnage principal. Là, un meurtre qui se prépare ; ici, une jalousie qui pousse comme une herbe folle ; au loin, un amour passionnel. Il est fouetté en avant par le gémissement de celles qu’il délaisse. Jusqu’à s’anéantir en elles.
Djian est là dans son jardin secret. La poésie amère du roman sauvé des eaux par des bulles dessinées. Une alchimie qui bout à 37,2.