Hier, ange gardien de la révolution orange, Ioulia Timochenko vient de perdre les élections ukrainiennes au profit du russophile Ianoukovitch.
Ioulia Timochenko, "la tigresse" comme elle s’est elle-même surnommée, ne veut pas lâcher le morceau… de bout de lard ? de bout de tissu du pantalon de Ianoukovitch, son rival déclaré vainqueur ? de bout de pouvoir ?
Le résultat du deuxième tour des élections présidentielles ukrainiennes était relativement prévisible depuis l’élimination, au premier tour, du président sortant Viktor Iouchtchenko. Cette fois, Viktor Ianoukovitch, le candidat blackboulé par la rue en 2004, obtiendrait une victoire en bonne et due forme. Economie en berne, chômage galopant autour de 20 %, luttes intestines sont à mettre au bilan de six ans de pouvoir orange en plus d’une dégradation des relations avec le voisin russe du fait d’un gouvernement auto-déclaré pro-occidental. A quoi il faut ajouter un éloignement prudent de l’UE suite au soutien de l’Ukraine au président géorgien Saakachvili lors du conflit russo-géorgien durant l’été 2008.
Si, il y a déjà six ans de cela, la pin-up à la natte blonde réchauffait par ses harangues et faisait tomber en pâmoison les opposants à Ianoukovitch qui avaient pris possession de la rue, aujourd’hui la Louise Michel ukrainienne semble ne plus faire recette. Et sa persistance à dénoncer de nouvelles fraudes quand tout le monde, c’est-à-dire principalement les observateurs internationaux, s’accorde à reconnaître qu’il n’y en a pas ressemble plus à de l’entêtement et met son entourage dans l’embarras.
Il semblerait qu’après avoir mis en doute les résultats du deuxième tour, se disant prête à traîner son rival devant les tribunaux, la charismatique Timochenko soit rentrée dans un silence inhabituel.
Viktor Ianoukovitch en a d’ailleurs profité pour marquer les esprits en déclarant que si l’actuel Premier ministre "n’accepte pas la volonté du peuple ukrainien, ne reconnaît pas le résultat de l’élection et continue de pousser l’Ukraine vers le chaos politique, elle risque de se transformer d’héroïne en bourreau de la Révolution orange."
Passer du stade d’icône de la liberté à celui de princesse déchue, aussi préoccupée de sa mise, toujours haute-couture, que de ses ambitions personnelles, est un virage difficile à négocier. Il est fort à parier que le silence derrière lequel "la tigresse" s’est retranchée pour le moment n’engage rien de facile pour la suite des événements, et que loin d’envisager la défaite, l’actuelle Premier Ministre, à qui il a été demandé de démissionner, cherche encore quelques armes à fourbir, non pour sortir la tête haute de ce marasme politico-mégalomaniaque mais pour faire encore parler d’elle dans le bruit et la fureur.
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