Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Shutter Island, Scorsese à zéro

Technicolor / mardi 23 février 2010 par Marc Godin
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Dans un mystérieux asile psychiatrique, Leo DiCaprio traque une fugitive et les fantômes de son passé. Un thriller de série, usiné par un Scorsese en bout de course.

- Génial, le nouveau Scorsese débarque enfin sur les écrans !

- Ouais…

- Ca y est, tu vas faire à nouveau ta chochotte et nous dire que tu n’aimes pas Scorsese ? T’as vu Mean Streets, Taxi Driver ou Raging Bull quand même ?

- On est d’accord. Mais depuis une quinzaine d’années, disons Casino, Scorsese bégaie, fait du Scorsese.

- C’est déjà pas mal, je le souhaite à pas mal de réalisateurs français. Explique.

- Lourcelles le décrit comme un « frimeur », Skorecki comme un « pasticheur ». On a l’impression que son cinéma a été vidé de toute substance, de tout sens. Il ne reste que la forme, les références en pagaille et le montage virtuose de Thelma Schoonmaker. Même s’ils sont éblouissants, Gangs of New York ou Aviator sont des objets désincarnés et creux, des trucs sans âme. Comme Tim Burton, tu as l’impression que le cinéma ne l’intéresse plus et que c’est son chef-op’ qui réalise. D’ailleurs, tu as vu, il enchaîne les docs sur le cinéma, Dylan ou filme platement un concert des Stones.

- C’est vrai, c’était bizarre ce concert des Stones présenté comme un doc.

- Scorsese va avoir 68 ans cette année. Sa fin de carrière est placée sur le signe du faux, de la manip’, du mensonge.

- N’importe quoi !

- Aviator, biographie honteusement édulcorée de la vie d’Howard Hughes, n’a que peu de rapport avec la réalité, tu n’as qu’à lire le dernier Ellroy. Les héros des Infiltrés sont un faux flic et un faux gangster pour un faux film, un vrai remake absolument inutile. Toute la première partie de Shine a Light est un suspense bidon, avec en guest-star un Scorsese hystérique qui ne sait pas comment il va pouvoir filmer le concert ! Et il y a naturellement Shutter Island, dont la manipulation est au cœur même du film, mais chut, je ne peux en dire plus…

- Peut-être un peu plus, quand même ?

- Un détective privé, incarné par Leo DiCaprio, débarque sur une île isolée, dans un hôpital psy pour fous dangereux, à la recherche d’une patiente qui a disparu. Mais la réalité va se révéler beaucoup plus complexe.

- Et alors ?

- Inspiré du roman de Dennis Lehane, c’est un polar de série B, avec coups de théâtre et coups de cymbales, imagerie gothique et trucages 3D, plein d’acteurs formidables et un twist final assez sévère. C’est plutôt impersonnel et ça aurait pu être usiné par un tâcheron comme Martin Campbell, voire Pierre Morel.

- Mais justement, il y a la patte Scorsese.

- Son modèle cette fois, c’est Jacques Tourneur, paraît-il. Il devrait revoir La Féline… Tourneur, c’est le cinéaste de l’invisible, des ténèbres. Scorsese, il s’astique l’objectif avec des nuages numériques, des fantômes Photoshop, chacun son truc… Et il ne peut s’empêcher un travelling latéral spectaculaire avec jets de sang en images de synthèse quand des G.I. exécutent les bourreaux d’un camp de concentration. Dans un autre siècle, JLG avait écrit que le travelling était « une affaire de morale ». Ça fait longtemps que Scorsese le mercenaire n’en a plus.

Di Caprio et Scorsese - JPG - 38.2 ko
Di Caprio et Scorsese
Dessin d’Oliv’

-----

Shutter Island de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Max von Sydow. En salles le 24 février

AFFICHER LES
7 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • génial
    le vendredi 12 mars 2010 à 18:14

    J’attend de voir vos propres films alors !!

    AHAHAH

    Ce film est génial, j’ai adoré. arrêttez de matter la ferme débilité les zozos

  • Pas d’accord
    le vendredi 26 février 2010 à 17:21
    Quand à la fin du film on comprend que tout ce qu’on vient de voir sort d’un esprit schyzophrénique, tous les abus -inclus le traveling de Dachau- sont subitement justifiés. La tension dans ce film mérite le ticket d’entrée. Pour le reste je suis d’accord, Casino était le dernier grand film de Scorsese. Avant celui-ci.
  • Shutter Island, Scorsese à zéro
    le mercredi 24 février 2010 à 17:53, sandor K. a dit :
    Dire que ce film aurait pu être réalisé par Morel ou Campbell, c’est un peu fort, comme toujours… Ce film n’est pas de mauvaise facture. Je suis d’accord, depuis Casino (un monument), Scorsese n’est plus Scorsese, car son alter-ego (Di Caprio), n’est pas De Niro, il ne l’inspire sans doute pas autant et on peut aisément comprendre qu’il a besoin de lui pour trouver ses financement. Mais votre critique M. Gaudin, n’en est pas une, elle ne dit rien, on se croirait au "Masque et la Plume". ;)
  • Et puis…
    le mardi 23 février 2010 à 13:46, Shiva a dit :
    On peut aussi parler de LIBERTE, le dernier Tony Gatlif. Cela vaut bien le Scorcese.
  • Shutter Island, Scorsese à zéro
    le mardi 23 février 2010 à 08:59, shiva a dit :
    Monsieur Godin, entierement d’accord. Le remake de Infernal affaires, n’etait pas indispensable et pas meilleur que l’original. Aviator ne vaut rien et son cinéma comme,celui de Tarantino tourne sur lui meme. Dommage ! que les Affranchis et Casino sont loin…
    • Shutter Island, Scorsese à zéro
      le mardi 16 mars 2010 à 13:51, Les habits du roi a dit :

      Ce film me rappelle le genre de sujet de rédaction qu’on donne en sixième : "Racontez votre rêve".

      Scénario, une fois qu’on en a compris le truc, peut être appliqué à n’importe quel récit élucubré qui échappe à son auteur collégien ! On s’en sort par la pirouette : "Et brusquement je me suis réveillé".

      Pour les adultes, ca devient : "Et brusquement, je suis fou", avec le même coup de théâtre navrant, après le même baratin sous acide. Ce sujet a été vu et revu dans le cinéma.

      La beauté des images, le jeu des acteurs ne sauvent pas la pauvre petite histoire bonne à impressionner un public qui a peu lu ou vu. L’effet boule de neige fait le reste. Le public américain conquis, car décérébré, attirera le gogo européen pour la lobotomie de masse.

      D’ailleurs, la seule bonne image, c’est le pic à lobotomie, qui est une bonne allégorie du spectateur ravi par ce film.

0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte