Elle s’en est très bien tiré, la môme Marie Drucker. Son « Droit d’inventaire » (France 3, 23/1) consacré à Mai 68 fut drôle et instructif. L’affrontement Cohn-Bendit /Copé ? Succulent ! Le président du groupe UMP, tête à claques du gouvernement, qui était âgé de quatre ans à l’époque, nous a divertis avec le refrain de son boss Sarkozy : feu sur Mai 68, cette page noire de notre histoire, triomphe du cynisme, de l’individualisme, de l’égalitarisme…
On croyait entendre un clone d’Alain Peyrefitte (alors ministre de l’Information) ou de Pompidou (premier ministre) quarante ans plus tard ! Même Balladur, conseiller social de Pompidou à l’époque, présent sur le plateau, reconnut la nécessité et l’utilité du mouvement soixante-huitard. On se pinçait pour y croire… Max Gallo, pourtant rallié à Sarkozy, salua « un mouvement de liberté » tandis que Marie Drucker avait du mal à ne pas se marrer en voyant Copé se faire exploser par le rigolard Cohn-Bendit.
Autres bonnes séquences : celle consacrée aux CRS, ces fils de prolos qui se faisaient traiter de « SS », incroyablement mal équipés (des cravates, des casques en plastique, des boucliers opaques qui leur bouchaient la vue). Bien expliquée, la manœuvre de De Gaulle disparaissant 24 heures pour attirer les gauchistes ou le PCF dans le piège de l’insurrection. Bien racontée la censure à l’ORTF et particulièrement bien vu, le chapitre sur les femmes : où étaient-elles en 68 ? Pas à la tribune, pas au micro, pas en première ligne, non, on ne les voyait guère, excepté quelques égéries juchées sur les épaules des mecs, avec un drapeau à la main, rejouant sagement Marianne et la Liberté de Delacroix. « Elles ont pris le rôle de l’allégorie » commentait une ancienne, « on était très machos » confessait Cohn-Bendit. Même si le féminisme explosa quelques mois plus tard, la Révolution, pourtant du genre féminin, était complètement couillue !
Finalement, ce « Droit d’inventaire » fut un joyeux pavé balancé dans le discours sarkozien. Cohn-Bendit fit remarquer que Sarkozy était un « soixante huitard contrarié » (« il veut jouir partout sans entraves »).
Enfin il y eut ce grand moment : sous prétexte qu’il fut un gréviste de l’ORTF, Michel Drucker était présent sur le plateau. Ce fut l’annonce faite à Marie (Drucker) : le gendre idéal révéla qu’il avait lancé quelques pavés sur les flics. Et fit de la pub pour son livre ! Merci ma nièce ! Pas de quoi, tonton ! La preuve que Mai 68, malgré ses débordements, n’a pas touché l’esprit de famille.
Mai 68 démonta aussi le mythe du gendre idéal (une femme autonome financièrement n’est plus obligée de choisir un "bon" mari) ! Et si les femmes n’étaient pas toutes dans les rues à balancer du pavé et de la gouaille, dans les arrières cuisines elles n’étaient pas les dernière à bourrer le mou des boutonneux de leur âge, ou pour les plus âgées de leurs fils !
Mai 68 c’est le point de départ de l’émancipation des femmes, la fins de tous les tabous, les débuts de la contraception et de leur révolution sexuelle ! Une femme aujourd’hui est libre de choisir sa vie et grâce aux progrès scientifiques et aux lois pour l’IVG contrôle son utérus de la puberté à la ménopause (une enfant si je veux et avec qui je veux !) Rendez-vous compte on ne chope plus de grossesses non désirées !!! C’est une liberté jouissif, inouïe et enviée par des millions de femmes esclaves et soumises aux lois machistes, sexites et liberticides des hommes !
Une belle vie !
Hélas pas pour toutes ! nombre de femmes ne se sont toujours pas émancipées d’une culture machiste qui déifie la "mère" et certaines toujours se font piégées par les politiques natalistes et socio-culturelles qui leur proposent l’assistanat renouvelé à chaque nouvelle grossesse pour les moins motivées à réussir leur vie active (1 million de filles-mères peu cultivées, peu ou pas diplômées, sans travail, en France à la charge complète de l’Etat ! des millions de femmes passives au foyer qui préfèrent jouer avec leurs enfants qu’être économiquement actives). Ce pays a besoin de cerveaux féminins et non de ventres mous ! Bref à entendre un Etat qui se réjouit du taux de fécondité des femmes, c’est pas demain la veille qu’une vaccination obligatoire dès la puberté jusqu’à autonomie complète sera offerte aux françaises !
La machine à fabriquer des femmes pauvres et assistées fonctionne à plein régime
ORTF
Petit bémol de l’histoire : les extraits ’radios’ mis en exergue pour vanter la liberté des stations périphériques (Europe 1 et RTL) étaient en fait un reportage de Jeean Claude Bourret, jeune reporter à FRANCE INTER (groupe ORTF)