Sarkozy mouline, la France patine

Reprenant un jeu de mots qui fait les délices de la presse satirique depuis le G20 de Londres, Jacques Attali parle dans l’Express de G vain. Le grand penseur s’adonne au plaisir du sarcasme partagé pour mieux se désoler de ce qui, avec le recul, est en passe de se transformer en déroute de la politique française.

En effet, Nicolas Sarkozy est d’abord rentré très content de lui de Pittsburgh. Mais au fur et à mesure que le temps passe, le doute commence à s’installer dans son esprit et il est désormais plus à cran que jamais. Et pas seulement à cause de l’affaire Clearstream.

Son tiers-mondisme tout récemment affiché qui en fait le soutien inconditionnel de Lula dans la course au poste de secrétaire général des Nations Unies n’a même pas agacé les Américains. La promotion de la candidature égyptienne à l’Unesco s’est terminée dans un tel fiasco que maintenant, les grands de la diplomatie mondiale ne font plus semblant de s’intéresser à ce qu’il raconte. Les Américains sont allés plus loin dans le mépris en se montrant ouverts à la proposition des Asiatiques de diminuer drastiquement le rôle de la France et du Royaume-Uni au sein du FMI.

Le peu de cas fait de la France a été enfin confirmé par l’affrontement entre l’Allemagne et les Etats-Unis. Soulignant que l’économie mondiale est en crise à cause des déséquilibres de balance des paiements courants, les Etats-Unis ont rappelé que leur déficit, certes abyssal, n’est que le pendant de l’excédent chinois, japonais et allemand. Et les Américains de comprendre que les Chinois doivent se constituer des réserves vu la situation de leur économie qui est encore celle d’un pays en voie de développement, de se féliciter que le yen se soit apprécié ces derniers mois et de stigmatiser le refus allemand de toute forme de relance réelle autre que par la poursuite du développement de leurs exportations.

Larry Summers, le conseiller économique d’Obama, a été réquisitionné pour distiller l’air de rien des menaces à l’endroit des Européens. dans les couloirs du sommet de Pittsburgh. En substance, le message se déclinait ainsi : les Etats-Unis ont relancé leur économie d’abord par le déficit budgétaire ; pendant ce temps, leurs entreprises ont refait une partie de leur marge en licenciant à tour de bras ; la santé en voie d’être retrouvée, il ne leur reste plus maintenant qu’à partir à la conquête de nouveaux marchés au détriment de l’industrie européenne ; pour y arriver, rien de tel que de laisser filer le dollar.

Les allemands se préparent à la guerre monétaire

Les Allemands ont compris, et d’ores et déjà annoncé qu’ils étaient prêts à la guerre monétaire. La nouvelle majorité à Berlin est plus que jamais déterminée à faire face aux objurgations économiques de Washington. Les libéraux ont ainsi affirmé que la politique économique qui allait se mettre en place se fonderait sur une nette baisse des impôts des entreprises pour réduire leurs coûts et renforcer leur compétitivité.

Or, dans cet échange, personne n’a jugé bon d’interroger sur la position de la France dont la monnaie reste l’euro. Quand on fait cette remarque aux Allemands, ils préfèrent évoquer les Italiens qui essaient de remettre de l’ordre dans leurs finances publiques et ont réussi à réduire leur déficit extérieure.

Pour eux, quand la France sera marginalisée, Sarkozy sera coupable de n’avoir rien fait. Et il aura été …prévenu !