Deuxième épisode de la saga des RG sous Yves Bertrand.
Dans le livre qu’il vient de publier sur ses 12 ans à la tête des RG, Bertrand raconte une quantité de complots et de manipulations liés à la politique française. Parmi tous ces complots, il en dénonce un qui était destiné à le détruire, oeuvre de policiers impatients, selon lui, de lui piquer sa place. Et il désigne comme comploteur l’ex-commissaire principal Patrick Rougelet, qui a servi une période aux RG. Rougelet vient à Bakchich répondre à son accusateur. Et nous explique le combat d’un petit groupe de policiers contre la dérive des RG d’Yves Bertrand, mis au service du clan Chirac pour assombrir l’étoile de Nicolas Sarkozy.
Nous sommes en 1995. Chirac est président. Sarkozy a perdu : il a suivi Balladur, le voilà sur la touche. Mais il se rase déjà le matin en rêvant d’un destin national. Cette année-là, le commissaire principal Rougelet travaille au ministère de l’Intérieur pour le Haut fonctionnaire de défense. Lui et un groupe de policiers observent que les RG d’Yves Bertrand marchent de plus en plus en dehors des clous. Ils se rendent compte que les RG sortent de leurs tiroirs des dossiers hostiles à des hommes politiques ; ils voient des journalistes sortir souriants du bureau d’Yves Bertrand, et ils ne comptent plus les documents secrets du service qui finissent dans les pages des journaux. En bref, ils se persuadent qu’Yves Bertrand est en train de transformer les RG en officine de coups tordus au service du pouvoir, au lieu de s’occuper à démanteler, par exemple, des réseaux terroristes naissants.
La troupe rebelle décide un jour, donc, de faire péter une bombe anti-Bertrand. Ils rédigent un rapport dans lequel ils dénoncent la gestion d’Yves Bertrand et proposent une réforme des RG. Et pour être assurés que leur rapport explose en majesté, ils l’adressent au sommet de l’Etat : c’est à dire au Premier ministre Alain Juppé.
Un exemple de la dérive des RG sous Chirac et Bertrand : une enquête qui pourrait bien devenir utile, un jour, sur la fortune d’un jeune ministre du Budget qui vient de trahir Chirac pour rejoindre Balladur : un certain Nicolas Sarkozy.
Malheureusement pour les rebelles, la bombe anti-Bertrand n’explose pas. A l’hôtel Matignon, où siège Alain Juppé, un préfet ami de Bertrand intercepte le rapport hostile au patron des RG. Et il le désamorce. Au lieu de le communiquer au Premier ministre comme il était prévu, il se dépêche de le remettre à son ami Bertrand.
À partir de cet instant, c’est la carrière de Rougelet qui explose. Moins d’une semaine après, la police des polices (l’IGPN) perquisitionne le bureau du commissaire rebelle et confisque plusieurs notes hostiles à Yves Bertrand. Rougelet est révoqué de la police. Un peu après, par les journaux, par les radios, la France entière apprend le démantèlement d’une bande de flics ripoux et maître chanteurs, qui monnayent des dossiers à la presse et trafiquent des voitures avec l’Europe de l’Est. Ces Pieds-Nickelés ? C’est Rougelet et sa bande. La bête noire de Bertrand est K-O. Mais un an plus tard, Rougelet poursuit en diffamation les cinq journaux qui ont lancé le scoop, et gagne. Lors des audiences, il sera démontré que toutes les accusations contre Rougelet sont fausses. On apprendra aussi qui les avait fabriquées. Le dossier entier, bidon de A à Z, avait été transmis à la presse par Bertrand et son entourage…
Comment le patron des RG a neutralisé les rebelles.
La réponse d’Yves Bertrand aux déclarations recueillies par Bakchich. L’ex-patron des RG dément en bloc et retourne l’accusation.
« Rougelet raconte ce qu’il veut ; je n’ai jamais demandé une enquête sur le patrimoine de Sarkozy. Des officines, peut-être, mais pas moi. Et si un blanc (une note anonyme des RG) l’atteste, alors peut-être que c’est un faux ».
« Je n’ai jamais donné aux journalistes des dossiers destinés à nuire à Rougelet. C’est lui et sa bande qui montaient des dossiers sur moi et qui alimentaient les journalistes ».
Je connais bien Patrick Rougelet, c’est un homme intègre et qui a toujours fait son travail avec passion et dévouement.
Bertrand est un bougre. Comme le dit l’autre : la vérité finit toujours par sortir ! alors CHAMPAGNE !!