Le député UMP de Chanteloup-les-Vignes doit prendre la présidence de l’autorité de régulation ferroviaire. Après un recrutement rocambolesque.
Autorité de la concurrence du secteur ferroviaire cherche patron avec beau salaire estimé à quelque 150 000 euros par an.
Aussi curieux que cela puisse paraître, le gouvernement rame depuis des mois pour pourvoir le poste de président de la toute nouvelle ARAF. Un acronyme pour désigner l’Autorité de régulation des activités ferroviaires créée par une loi de décembre 2009. A l’instar de la CRE dans l’énergie ou de l’ARCEP dans les télécoms, elle doit jouer les arbitres entre les acteurs du transport ferroviaire.
Pour la présidence, des noms ont circulé par wagons entiers : le sénateur alsacien UMP Hubert Haenel, l’ex commissaire européen Jacques Barrot, voire celui plus hypothétique de l’ancien maire d’Annecy, Bernard Bosson. Mais peu excités par l’idée de finir leur carrière en exil au pays des rillettes - au Mans où siégera le machin – ces veinards de Haenel et Barrot ont trouvé un fromage plus prestigieux : le Conseil constitutionnel où ils se sont faits nommés fin 2009. Ne restaient plus comme candidatures que celle de fonctionnaires de seconde zone peu charismatiques, ce qui est toujours embêtant pour asseoir une future Autorité…
Mais voilà le gouvernement a fini par trouver la perle rare en élargissant son recrutement au monde politique, alors que les statuts de l’ARAF précisent que son président ne peut exercer aucun mandat. Difficile autrement d’expliquer le changement de statut de l’ARAF voté ce jeudi 6 mai. Un amendement introduit en douce lors de la discussion de la loi Grenelle 2 précise que le futur président pourra exercer un mandat municipal.
Ainsi le futur patron de l’ARAF devrait rester maire ou élu d’une commune. A moins d’un coup de théâtre, et comme le montrent des sources concordantes, il devrait s’agir de Pierre Cardo député UMP des Yvelines, conseiller municipal à Chanteloup-les-Vignes, président d’une communauté de commune. D’ailleurs son entourage ne dément que mollement cette hypothèse et signale qu’« il n’a pas encore démissionné de son mandat de député. » Son suppléant l’UMP Arnaud Richard doit piaffer.
Quoi qu’il en soit, Cardo avec son caractère de tête de lard devrait faire l’affaire à la tête du régulateur. Ancien de l’aventure Eurotunnel – il a fait partie des administrateurs qui se sont faits élire en 2005 pour renverser l’ancienne direction – il voulait faire rendre gorge aux créanciers avant de démissionner lassé par le farfelu Jacques Maillot, alors président d’Eurotunnel.
Si sa nomination intervient, l’ARAF qui aura un patron va donc pouvoir exister, choisir des locaux et recruter. Ce qui tombe bien car le marché du fret est ouvert à la concurrence depuis 2005 et que les bisbilles entre concurrents de la SNCF se multiplient. Et plusieurs compagnies ( Deutsche Bahn, Veolia, Trenitalia) qui entendent se lancer dans le transport de voyageurs entre la France et les pays voisins aimeraient y voir plus clair sur les futures règles du jeu.
La mauvaise nouvelle c’est que le gouvernement dans son amendement a décidé de repousser la mise en service de l’ARAF au « 1er décembre 2010 ». Tout ça pour qu’elle puisse rendre la justice « avec toutes les garanties nécessaires ».
Les péripéties de l’Etat recruteur ne devraient pas mécontenter la SNCF, pas pressée de voir la concurrence s’organiser.