La France extradera-t-elle l’ami Rafik ?
Un juge britannique a donné mercredi 29 août son feu vert à l’extradition vers la France de l’ex-magnat algérien Rafik Khalifa. Manque de bol, Rafik n’a pu assisté à la scène, la faute à une grève des gardiens de prison. Heureusement ses avocats devraient interjeter appel et lui accorder ainsi une séance de rattrapage. Le feuilleton Khalifa continue donc. La justice française recherche ce dernier dans le cadre d’une enquête sur des malversations présumées au sein du groupe Khalifa, à savoir déterminer le montant des sommes dues au fisc français dans les ex-sociétés Khalifa Airways, Antinéa Airlines (transport aérien), Khalifa rent a car (KRC, location de voitures) toutes enregistrées en France. Lancée par le parquet de Nanterre en 2003, l’information judiciaire pour « abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée » n’a que lentement progressé. Et a débouché en mars de cette année à un mandat d’arrêt européen qui a précipité l’arrestation et la détention de Khalifa à Londres.
Par ailleurs l’épouse de Rafik Khalifa avait été arrêtée à Paris, il y a quelques mois, ainsi que deux anciens collaborateurs du groupe avant d’être placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la France. Autant d’épisodes qui n’ont fait qu’attiser la colère de la presse algérienne envers la justice locale. Alger est le dernier endroit où le pouvoir souhaite voir Rafik Khalifa s’expliquer sur sa trajectoire affairiste et les soutiens qu’il a reçu pour réussir en quelques mois à créer un groupe qui s’est investi dans la banque, le transport aérien ou les médias. La nouvelle de son extradition est tombée sur fonds de rumeurs insistantes à propos de la santé du chef de l’Etat. Rappelons que de nombreuses personnalités ont été salariées ou associées du groupe Khalifa. Épouses de militaires, enfants de barons du FLN, maîtresses de parlementaires… Dans ces conditions les Algériens ne sont pas prêts de connaître la vérité sur les ramifications d’une affaire qui aurait pour effet de ternir un peu plus le bilan d’Abdelaziz Bouteflika et de son entourage. Quant aux petits porteurs ruinés par la banqueroute de Khalifa, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. La justice algérienne ayant estimée que l’Etat n’eût aucune responsabilité dans ce scandale, ils ne seront pas indemnisés. Parmi les deux généraux dont les noms étaient couramment cités comme étant les protecteurs de Rafik Khalifa, Mohamed Touati et Smaïn Lamari, le second vient d’être foudroyé par une crise cardiaque alors qu’il se rendait à un mariage. Ce qui devrait définitivement clore ce chapitre.