Nicolas Beytout, qui quitte le Figaro pour le pôle médias de LVMH, se voit patron d’un groupe coté en bourse, comme ses amis capitaines d’industrie
On n’imagine pas le calvaire qu’a vécu Nicolas Beytout à la tête du Figaro. Il le raconte à qui veut l’entendre : il a dû résister tous les jours aux assauts du propriétaire du journal, Serge Dassault, qui l’avait pourtant nommé sur les recommandations de leur ami commun, Super Sarko. En dépit de ces relations d’amitié et d’argent, notre Brummell des médias n’était pas heureux. Il a souffert en silence. Heureusement, tout cela est fini et Beytout peut revivre. Tout ça grâce à un autre milliardaire, Bernard Arnault, qui vient de racheter Les Echos et qui, heureuse surprise, est aussi un ami de Sarko, dont il a d’ailleurs été le témoin de mariage. Toutes les garanties d’indépendance sont réunies. Notre virevoltant président l’a dit lui-même aux journalistes des Echos. Et Nicolas Beytout l’assure aussi, en expliquant toutefois qu’il faut faire confiance aux industriels qui investissent dans la presse.
Pour Beytout, le nouveau job de PDG de LVMH Medias est pour le moment un lot de consolation. Il a cru jusqu’au début de l’année qu’il pourrait devenir ministre de l’Économie et des Finances mais Super Sarko, tout à sa quête de modernisme, a préféré nommer Christine Lagarde. Depuis cette dernière a montré sa compétence en matière de communication en lançant notamment aux Français : puisque le pétrole est cher, évitez d’utiliser votre voiture et choisissez le vélo ou la marche. Notre Marie-Chantal de Bercy a viré d’un coup en Marie-Antoinette. De quoi énerver l’agité de l’Élysée. Beytout a de toutes façons fait une croix sur Bercy. Il guignait ces derniers mois la direction de l’information de TF1 mais il s’est heurté à l’opposition de PPDA, de MMDA (pardon Claire Chazal) et de Jean-Pierre Pernaut, qui sont allés pleurnicher chez Martin Bouygues. Du coup, Robert Namias a sauvé son poste.
Quant à Beytout, à force de fréquenter les patrons, il veut désormais devenir lui-même patron. Son objectif est simple : diriger une boite cotée en bourse. De quoi parler d’égal à égal à ses amis de Total, de Carrefour ou de Lazard. Sans préjudice pour le portefeuille même si, selon ses amis, cet héritier né avecune cuillère en argent dans la bouche n’est pas motivé par l’argent. Pour aller en bourse, l’ami Nicolas B. a son idée. À la tête de LVMH Medias, qui regroupe outre Les Echos, Investir, Radio Classique et des publications d’art, il veut se lancer dans de multiples acquisitions. Il dispose du chéquier de Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France à défaut d’être le plus sympathique. Beytout vise Le Figaro. Il est convaincu que Serge Dassault va se lasser. Problème : le papy réac dit partout que les pertes du Figaro représentent à peine un bout d’aile d’un Rafale. Et comme le gouvernement français lui rachètera bien d’autres coucous dans les prochaines années, il n’a pas trop de souci à se faire. L’ami Nicolas regarde aussi TF1 mais Martin Bouygues n’est pas vendeur.
Reste le Financial Times, qui fait partie de ce même groupe Pearson qui a vendu Les Echos à Arnault. Beytout a une revanche à prendre sur les English qui le prenaient de haut. Son rêve, selon certains de ses amis, est de racheter ce journal qui fait rêver Bernard Arnault et satisfaire. Il serait alors l’interlocuteur privilégié des grands de ce monde. Autant le dire, il serait lui-même un grand de ce monde. En toute indépendance, bien sûr.