Quand en 1994 le livre de Pierre Péan (« Une jeunesse française ») a dévoilé, avec le consentement de l’intéressé, l’ampleur de l’engagement pétainiste de Mitterrand, ce dernier s’est fait traiter de « collabo » après avoir été considéré pendant un demi-siècle comme un résistant de la première heure. Aujourd’hui le balancier est revenu au centre et le portrait s’est stabilisé, grâce aux historiens mais aussi, désormais, à ce « docu-fiction » de Serge Moati, diffusé mardi soir par France 2 (« Mitterrand à Vichy »).
Dans le rôle de Mitterrand, le beau et longiligne Mathieu Bisson a, certes, quelques centimètres de trop, mais il s’en tire épatamment bien. Les dialogues nous font entrer dans la cervelle d’un jeune ambitieux de droite qui croit à ce point en la « Révolution nationale » qu’il reste dans les bottes de Pétain jusqu’à l’automne 1942, quand les Allemands envahissent la « zone libre ». A cette époque, la majorité des Français n’a plus beaucoup d’illusions sur ce régime, mais le subtil Mitterrand en a encore.
Malgré sa position au cœur du pouvoir et de l’information, il ne perçoit pas l’horreur des persécutions contre les Juifs, ne bronche pas au moment de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Il faut que ses amis Georges et Irène Dayan, victimes de lois anti-juives, lui secouent les neurones. Quant à la francisque, décoration réservée à des « happy few », Mitterrand ne l’a pas accrochée à son veston par accident ou par ruse.
C’est donc à petits pas que le jeune bureaucrate de Vichy s’écartera du Maréchal et se rapprochera de la Résistance. Il n’y entre irréversiblement qu’au printemps 43 – pas très tôt ! - mais en brillant par son intelligence et son courage physique. Tout cela est très bien raconté par Moati puis, dans une partie documentaire, par des historiens (Azéma, Rousso, Laborie) et quelques autres (Lacouture, Joffrin, Edgar Morin).
Au bout du compte, c’est le concept de « vichysto-résistant » qui colle le mieux au cas Mitterrand. Un concept hybride, défrisant, inaudible tant que les Français ont cru à cette légende dorée : d’un coté, les affreux pétainistes, de l’autres les résistants. Aujourd’hui, ce manichéisme a du plomb dans l’aile et tant pis pour les mythes gaullo-communistes qui ont fondé les IVe et Ve Républiques.
L’histoire perso de Mitterrand, quand elle est racontée aussi intelligemment, permet d’être un peu moins borné. Reste un détail à régler : que le sommet de l’Etat soit aussi cultivé sur cette question que les téléspectateurs.
Mitterrand et Chirac avaient cette culture et cette mémoire. Aujourd’hui, nous avons droit aux bouffonneries présidentielles sur Guy Môcquet. On envoie le DVD à l’Elysée ?
Ah le bon donneur de leçons que vous êtes. Vous écrivez :
"Ne soyons pas dupes ! C’est très simple , cet homme , pour être un vrai résistant aurait dû d’emblée rejoindre de Gaulle ."
C’était quand "d’emblée" : pendant les deux ans où il était prisonnier ?
C’est marrant et vous l’oubliez Mitterrand était prisonnier, il s’est évadé et on lui reproche de ne pas avoir été résistant dès Juin 40…E. Plenel dont on connait la haine vis à vis d eMitterrand avait eu le culot de l’afirmer il y a 8 ans en présence d’à peu près le même aéropage.. et dans le même silence…
Et être résistant c’était rejoindre forcément De Gaulle à Londres ?
Je me pince quand je lis ça…
La résistance intérieure, ça ne vous dit rien ?
Penons un exemple de héros (discret) de la résistance : Serge ravanel.
Il a résisté dès le début, il n’est jamais allé à Londres , il a été humilié avec ses hommes par De Gaulle à la Libération.
Alors, qu’en conclure ?
Que De Gaulle a préfèré à la Libération des parcours très troubles, ceux de Couve de Murville, Debré, Chaban, Foyer, Sanguinetti,Papon, L. Noel et sommet des sommets Foccart à des résistants intérieurs qui lui faisaient de l’ombre.
Rélisez la guerre de ces zozos qui ont été de grands gaullistes sous la IVeme et la Vemme et vous verrez qu’eux ont autrement servi Vichy que Mitterrand et pourtant d’eux, on ne dit rien..
Relisez ce qu’écrivait le Général Grossin patron du SDECE sous la IVeme et au début de la Veme sur "Le Chaban" ce "plus jeune Général de la résistance" pour lequel il avait été écrit sur les murs de casernes à la Libération "L’entrée de la caserne est interdite aux généraux non accompagnés par leurs parents !" .
Relisez ce que le Général Grossin disait des "compagnons" de de Gaulle sous la Veme et de leur parcours sous Vichy…
Je viens d’acheter un livre sur les Vichysso-résistants attiré par le bandeau où on nous parle de Mitterand mais aussi de tous ces "gaullistes " qui occupaient d’emminentes fonctions à Vichy : les Couve, Chaban, Debré etc…
J’ouvre le bouquin : plus rien…
La censure est passée par là…Il ne faut surtout pas soulever le tapis.
Par contre, dans cette ouvrage d’une soit disant "historienne" des pages et des pages sur Mitterrand qui lui à l’inverse des autres étaient prisonnier alors que les autres étaient aux + hautes fonctions à Vichy.
Renseignez-vous sur ce que faisaient à Vichy Couve, L. Noel, Debré, Chaban, Foyer, Sanguinetti et on en reparlera…
Quant à Foccart c’est avec les nazis (l’organisation TODT)qu’il collaborait jusqu’à ce qu’il se retourne…
Certes Mitterrand est passé à Vichy mais :
après avoir deux ans prisonniers ce qui n’est pas le cas des autres éminences que je viens de citer,
il y a occupé un poste infiniment plus modeste que ces éminences,
il a eu une résistance sans nul doute infiniment plus brillante que ces zozos (qui pour certain n’ont rien fait..).
Alors pourquoi ne parler que de lui ?
C’est vendeur ? Certes…
Cela évite de parler de nos très très gros mensonges par omission en particulier sur les gaullistes de l’après-guerre ?
Certainement…
Et comptons sur la lâchete de nos stars des médias pour perpétuer les légendes…
article intéressant de Nicolas Beau ! L’accusation est facile car nous connaissons l’histoire mais au début de la deuxième guerre mondiale Pétain restait l’un des plus illustre français et lorsque Mitterrand s’évade d’un camp de prisonniers en Allemagne, c’est pour rejoindre Vichy. Sans doute le jeune Mitterrand a-t-il été aveuglé par son admiration pour le maréchal ?
Tant de français n’ont rejoint la resistance qu’après l’ordre de mobilisation (pour se battre auprès des Allemands) prononcé par Laval.
Ce qui est magnifique dans la résistance, c’est la diversité politique et sociale des francais qui ont combattu pour notre liberté et pour qu’aujourd’hui encore nous soyons considérés dans le monde comme la patrie des droits de l’hommes.
Par exemple la Chine a vivement réagi après le passage de la flamme olympique à Paris car notre jugement les a bléssé. Nous représentons encore l’héritage des droits de l’hommes ou bien de De Gaulle. Les Chinois n’ont pas manifesté leurs hostilité auprès des Anglais car les critiques de Londres les ont laissés indifférents.