Plongée dans l’esprit Monthy Python avec la pièce d’Edouard Baer, Looking for Mister Castang.
Les acteurs vibrionnent, la trame papillonne, le jeu détonne. C’est de la mise en scène de flibustier. Elle jette ses grappins sur le public qui se rend sans même sortir le mousquet. Le capitaine Bear est à la barre, sabre au clair. Les répliques claquent comme les voiles dans la tempête. Son équipage bigarré nous tient à fond de cale. Ça tangue, ça houle, on se demande comment tout ça va finir…
Profitez-en, ce sont les dernières. Le 18 janvier, le navire se saborde après un dernier morceau de Music Hall sur le pont et il ne restera qu’un souvenir du déluge.
La pièce s’ouvre sur la dernière d’une autre, autour de l’auteur, un connard superbe nommé Luigi (Edouart Bear) débordant de médiocre suffisance et vomissant son mépris sur tout ce qui l’entoure. Mister Castang, un nabab hollywoodien des sixteens, a envoyé son ombre recruter Luigi : pour un grand rôle.
Vous embarquez pour un voyage foutraque qui vous mènera des farcs chorégraphes poussant la chansonnette aux brucolaques qui peuplent les arrière-mondes obscures du héros. Bear taquine le kitch avec Indiana Monique qui venge son père (Jones), victime de la télé réalité : tout ça n’était qu’une version aventure de Truman show, isn’it ? Il verse dans le pure délire avec un show brillant de télé-évangéliste qui reconstitue la tête de Luigi (Edouart Bear) grâce à une boule d’amour créée par l’énergie de la passion du public… Une pale d’hélicoptère (le pied tournant d’une chaise de bureau) la lui avait arrachée avant qu’il ne soit remplacé par un chien (excellent le chien) recruté lors d’un improbable casting. Tendresse obligatoire pour le héros nombriliste qui cavale à en crever après le hochet minable qui lustrera son égo.
Tout cela est élégant. Ça vous plonge un tantinet dans l’esprit Monthy Python et vous nagez dans un burlesque rafraîchissant. Une longueur ? On le pensait et on se ravise, ce Bear est un Cupidon du rythme, tous les temps se marient à merveille.
Et Mister Castang ? Chimère fuyant devant un destin en attente. Comme Godot [1], on croit toujours qu’il arrivera demain. Luigi en fait des tonnes pour agripper une illusion de rôle et ne récoltera au terme de son voyage initiatique que les quelques grammes de vertu qui manquent au connard pour être juste un type honorable.
Looking for Mister Castang. Théâtre Marigny, Paris 8e. Jusqu’au 18 janvier 2009.
Mise en scène et écriture : Edouard Baer.
[1] Wainting for Godot, Samuel Bekett, 1948.