Dans la presse cette semaine, un éditorialiste suprenant (c’est rare), un gastrosexuel (ça ne s’invente pas), et un Standard & Poor’s amnésique, à moins que ce soit le contraire.
Nos grands éditorialistes, qui nous vantaient les bienfaits de la mondialisation si nous savions attendre, ne se préoccupent pas du tout de l’avenir des Chinois. La Croix s’en occupe. La situation est tellement critique que l’hebdomadaire Outlook, lié au Parti Communiste, prévoit que 2009 pourrait être « l’année de tous les dangers ». Est-ce aussi génial que cela, la mondialisation, si même les Chinois n’en profitent pas ?
Yves Puget, dans l’éditorial de LSA (le journal de la distribution) de cette semaine, essaie de référencer les responsables de la baisse des ventes de textile (-2,3 % sur les dix derniers mois de 2008). Tout y passe, la météo, les soldes, le manque de créativité. Mais rien sur la morosité des acheteurs, liée à la hausse du chômage, cela aurait été l’occasion de parler du rôle déterminant de la distribution dans les délocalisations. Encore un éditorialiste téméraire.
Si vous ne savez pas quoi faire, mais vraiment pas du tout, vous pouvez tenter de lire l’article sur « La révolution (gastro) sexuelle » du Nouvel Obs, page 18. On y parle de l’homme 2009. Si vous le terminez, c’est vraiment que vous n’avez rien à faire.
Dans LSA, encore, dans les « 10 défis juridiques pour 2009 », « l’ouverture du dimanche » est présentée comme « un grand débat de société ». Les « class actions », qui permettraient aux consommateurs de mieux se défendre, sont présentés eux comme « un projet qui fait peur ». Peur à qui ? Aux distributeurs pardi. Heureusement, N. Sarkozy les a entendus, il est contre. Les consommateurs doivent consommer même le dimanche, essayer de se défendre leur est refusé.
Dans LSA, toujours, le patron des Leclerc de Templeuve et de Wattrelos (Nord) affiche le bilan carbone de 20 000 de ses produits. L’objectif est clairement affiché : « À terme, cela doit nous permettre de reprendre la main et d’arrêter de passer pour d’affreux pousseurs à la consommation ». Naïvement, certains clients pouvaient penser que ce bilan devait les inviter à mieux consommer. Et bien non, c’est pour les gaver un peu plus. Les voilà informés.
Standard & Poor’s vient de baisser la note de la Grèce (Les Echos 14/01/08). Les agences de notation ont mauvaise presse ces temps-ci. Ils n’ont pas vu venir la crise, voire l’ont même favorisée. Pour redorer leur image, l’une des plus prestigieuses se montre intransigeante. Elle s’attaque à un Etat, petit, méditerranéen, qui laisse courir ses déficits pour limiter la crise. Standard & Poor’s mais pas téméraire !
Stratégie, le journal de la communication, sait ménager la chèvre et le pape. Le journal, juste après avoir vanté une communication financée par les libres-penseurs, publie un article sur le sanctuaire de Fatima et les 700 000 visiteurs du site Internet de la sainte. Il ne faut vexer personne, ça c’est de la Stratégie.
Faute d’avoir su prévoir la crise, IPSOS, l’institut de sondage, vient de lancer un « observatoire de la crise ». Le principe est simple, le monde change, les marques sont perdues, l’Institut leur vend une étude tous les mois plutôt qu’une par trimestre. Comme cela, les industriels pourront réagir plus vite et IPSOS se faire un peu plus d’argent. La crise doit enrichir IPSOS.