Le rouquin et talentueux Boulet poursuit la publication de ses "Notes" chez Delcourt.
Tout avait mal commencé. En plus d’être le traître de la chrétienté, Judas eut le malheur d’être roux. Un père capillaire pareil ne peut engendrer dans l’Histoire que des gamins perturbés. Ce qui explique sûrement pourquoi Van Gogh peignait sous Prozac, Johnny Rotten jouait du punk, Cohn-Bendit courait les belles plantes avant de finir vendeur de pots écolos (quelle décadence !).
Et Boulet – voyez le traumatisme – de se mettre à la BD. Pour alléger cette mauvaise orangeade, il leur a fallu à tous une certaine dose de talent. Fort heureusement, l’artiste rouquin en est pourvu. La sortie du quatrième tome de ses Notes, aux éditions Delcourt, est là pour nous le rappeler.
C’était pourtant pas gagné. À l’origine, le poil de carotte peignait sa misérable condition de mangeur de kebab et de célibataire endurci sur son blog, Bouletcorp.com, qu’il tient toujours. N’étant pas le seul, il va sans dire, sur Internet, Boulet a entraîné dans son sillage ces joyeux ratés de la vie plus attachés à leur clavier qu’à leurs vacances chez mémé. À tel point que ses planches délicieuses d’autodérision et de connerie bien sentie ont fini par se retrouver sur papier.
Ce qui fait la force de ce cabochard, c’est sa capacité à se renouveler, tant dans le style dessiné, à l’encre noire et à l’aquarelle, que dans l’approche comique de ses tracas du quotidien. Chauves, lisez Boulet, vos cheveux repousseront ! Avec, peut-être, du poil roux sur le caillou.