Un financier suisse, Roland Kaufmann, n’est autre que le banquier privé du roi Abdallah d’Arabie saoudite. L’heureux homme, qui voit passer des virements libellés en milliards de dollars, est chargé d’investir dans l’économie de la planète. Très discrètement, jusqu’à que l’enquête de « Bakchich » perce l’opacité de cette gigantesque cagnotte.
Tout commence par un morceau de papier qui donne le vertige : la photocopie d’un virement bancaire de 5,5 milliards de dollars, au profit d’un mystérieux compte bancaire, qui serait toujours opérationnel à ce jour, dénommé Three Stars, enregistré auprès de l’UBS, à Genève, rue du Rhône. L’opération, datée du 28 juillet 1997, a pour signataire rien de moins que le cabinet privé d’Abdallah bin Abdelaziz al Saud, devenu depuis cette date le tout puissant roi d’Arabie Saoudite. L’argent provient d’un compte de la Riyad Bank réservé aux chefs de file de la noblesse saoudienne. Ce duplicata bancaire a une valeur considérable. Grâce à lui, Bakchich lève un coin du voile sur les pratiques financières parmi les plus obscures de la planète, celles qui reposent sur les mannes du pétrole saoudien. Car la comptabilité publique de ce régime monarchique ne représente en réalité qu’une fraction ridicule des engagements financiers de sa famille royale.
Explications : en 2007 par exemple, les recettes budgétaires officielles de l’Arabie avoisinaient les 194 milliards de dollars – essentiellement constituées par les droits perçus sur les ventes de pétrole. Cependant ces fonds, destinés à administrer le royaume, ne prennent pas en compte les ponctions réalisées, au bénéfice exclusif du Palais royal, sur une quote part des barils de brut vendus. Une taxe cachée sur les réserves nationales, calculée et encaissée de manière discrétionnaire. Pour en connaître les détails, il faut être de sang bleu saoudien. Et la gestion de ces dizaines de milliards de dollars demeurent l’un des secrets les mieux gardés du Moyen-Orient. Rien, jusqu’à présent, n’autorisait à décrire les prises de positions stratégiques prises dans l’économie internationale par les al-Saud grâce à cette gigantesque cagnotte.
La révélation de l’existence de ce fameux compte bancaire dénommé Three Stars permet pour la première fois de percer cette opacité. Deux sociétés gèrent en réalité ce compte suisse : Rolcan Finance Ltd et Akar Verwaltungs A.G. Deux structures dirigées par le même homme, un banquier d’affaires bien connu des financiers de Genève, Roland Kaufmann. Rien de moins que le banquier suisse attitré du souverain saoudien. Selon un accord de quatre pages, également de juillet 1997, signé de la main même d’Abdallah bin Abdelaziz al Saud, et dont Bakchich a obtenu copie, Three Stars se définit comme un fonds privé, destiné à prendre des positions stratégiques sur les marchés internationaux, mais aux noms de ses bénéficiaires apparents, Akar Verwaltungs et Rolcan Finance. Jamais officiellement pour le compte de la famille royale saoudienne.
Rolcan Finance dispose ainsi de bureaux de représentation à New York et accompagne des investissements dans des secteurs très variés, en œuvrant comme un quelconque investisseur privé. Mais c’est depuis Genève et Zurich que ces deux structures définissent leurs axes de travail, en concertation avec leurs mandants saoudiens, notamment sur les secteurs industriels à privilégier dans leurs investissements. Quant à l’intendance, c’est-à-dire les questions d’ingénierie financière, l’accord de 1997 stipule qu’une troisième entité, établie, elle, au Lichtenstein, coordonne et contrôle les opérations bancaires réalisées dans ce cadre. La société Preferact Ltd, installée au n°2 Meierhofstrasse à Vaduz, est également confiée à Roland Kaufmann (voir notre document).
D’autres archives auxquelles nous avons eu accès montrent que le dispositif Three Star a été régulièrement alimenté avec les années. Soit par un autre virement de 7,5 milliards de dollars, expédié à l’UBS. Soit par un virement de 10 milliards de dollars effectué au profit de Preferact Ltd, à la Landesbank du Liechtenstein, sur le compte n° 182-259-71 ; Roland Kaufmann ayant ensuite la responsabilité de transférer ces fonds entre les diverses fiduciaires selon les opportunités du moment. Ce virement de 10 milliards de dollars (qui correspond à la moitié du budget 2006 de l’Education nationale en Arabie Saoudite) a pour origine un compte spécial réservé au roi Abdallah et ouvert auprès de l’Islamic Bank de Jeddah, sous le numéro ABAAAS-1CPRKSA-0011-77-00.
Globalement, les résultats obtenus par Kaufmann semblent avoir ravi sa royale clientèle. A telle enseigne qu’au début des années 2000, l’ambassade d’Arabie Saoudite à Berne a coordonné des procédures pour faire élever ce citoyen helvétique au rang d’ambassadeur du royaume. Celui-ci a depuis développé des activités de banquier diplomate qui l’ont amené sur des sujets bien plus politiques. Ainsi, des courriers échangés avec le ministère des Mines et de l’Energie du Liberia montrent que Roland Kaufmann a participé à des tractations pour accorder une « aide islamique » aux communautés musulmanes de ce pays. Bakchich a cherché à recueillir les commentaires de Roland Kaufmann, en vain.
Sympa,
le top du top serait de connaître les avoirs planqués de nos politiciens, parce qu’ils en ont…il n’y a pas que chirac.
Les politiciens occidentaux aussi se sucrent.
de chirac à bush, en passant par Dsk, SR, Sarko et tous les autres.
la dgse a quelques dossiers en stock…. Bakchich va t-il en révéler quelques lignes ???