Le gouvernement travaille pour l’avenir et sait que l’excès de mensonges qui scandalisent aujourd’hui deviendra proverbial demain.
On a longtemps cherché l’inspirateur de la curieuse stratégie choisie par le président de la République pour tenter de retenir une opinion qui se dérobe. Patrick Buisson, l’expert en sondages, pour qui les réserves de voix sont à l’extrême droite ? Machiavel, prince des cynismes ? Mitterrand, ce Machiavel du XXe siècle ? les avocats d’affaire – ou plus exactement d’affaires –, pour qui le mensonge est le premier droit de la défense ? Il y a un peu de tout ça. Mais, quand on voit M. Woerth nier l’évidence, M. Besson soutenir qu’il ne savait rien et tous les membres du premier cercle s’écrier « C’est pas moi ! » quand ils sont pris le doigt dans le pot de confiture, on comprend soudain que les conseillers élyséens aient choisi un modèle imparable : Landru. L’assassin, confronté au caractère si flagrant de ses crimes que l’avocat général lui lance « Vous avez tué neuf fois, vous méritez neuf fois la mort », réplique : « Je regrette de n’avoir qu’une tête à vous offrir. » Gros succès, popularité immense.
On objectera que, avec Woerth, Hortefeux, Besson, Estrosi, Ciotti, Mariani, Morano et Lefebvre, le Président aurait non pas une, mais huit têtes à offrir aux électeurs, un peu las d’être pris pour des imbéciles. Mais ses conseillers l’exhortent à la patience. Sans doute lui rappellent-ils qu’avant de grimper à l’échafaud Landru glissa à l’oreille de son avocat un conseil mystérieux que ledit avocat, Me Moro-Giafferi, finit par révéler : « N’avouez jamais ! » On objectera que cette maxime ne sauva pas la vie de son inventeur. Mais elle lui assura une popularité qui fait de lui l’assassin le plus célèbre de l’Histoire.
Le gouvernement travaille donc pour l’avenir. Si ses jours sont comptés, il sait que l’excès de mensonges qui scandalisent aujourd’hui deviendra proverbial demain et amusera encore dans mille ans, quand les honnêtes gestionnaires seront oubliés.
Autre atout du petit Nicolas : comme Landru, il plaît aux femmes. Alors même que la manifestation du 7 septembre réunissait les mécontents à la Bastille, on pouvait voir, avenue Montaigne, des attroupements tout aussi motivés. Les top-modèles du quartier célébraient on ne sait quelle fête de la mode. Lors de la prochaine manifestation, le Président n’aura qu’à envoyer Carla et ses amies montrer leurs jambes rue Saint-Honoré. Malgré leurs charmes, messieurs Thibault, Chérèque et Mailly ne seront pas de taille à retenir les foules.