Quatre ans après sa création, la Fondation des œuvres de l’islam de France patauge toujours. Lancé bruyamment en mars 2005 par le Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes, cet organisme a pour vocation de financer la construction de nouvelles mosquées. À ce jour, on ne lui connaît qu’un seul généreux donateur : Serge Dassault, sénateur de l’Essonne, qui a déjà financé la mosquée de sa ville de Corbeil-Essonnes à hauteur de deux millions d’euros. Le bon Serge a généreusement fait cadeau de deux autres millions d’euros à ladite Fondation. Mais réalisant que son président, Dalil Boubakeur, ne faisait pas preuve d’une activité débordante, il a demandé à récupérer ses deniers. Pour l’heure, seul un malheureux million a retrouvé la bourse de Serge.
L’autre million ? Et bien il est toujours dans la caisse de la Fondation. Enfin presque. On a ainsi découvert que 50 000 euros ont servi à remplir la tirelire du CFCM, le Conseil Français du Culte Musulman. Une petite obole qui a permis, entre autres, de régaler 200 convives, lors d’un dîner organisé le 14 septembre dernier au pavillon Dauphine, à Paris (facture 18 000 euros). Agape au cours de laquelle Brice Hortefeux a battu sa coulpe après ses délicats propos sur les Arabes : « Quand il y en a un… »
« Aucun pays musulman n’a envie de financer la Fondation » persifle un membre de son bureau. L’Algérie et le Maroc ont déjà leurs oeuvres : l’Institut musulman de la Mosquée de Paris pour Alger et la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger pour Rabat. Restent les pays du Golfe persique, Arabie Saoudite en tête. Généreuse dès qu’il s’agit d’aider la cause musulmane, elle n’affiche pas vraiment les mêmes objectifs religieux que les représentants de l’islam de France… Et préfère par exemple financer la Ligue Islamique Mondiale, dont le siège français est domicilié à la mosquée de Mantes-la-Jolie, qui a our mission de populariser l’islam wahhabite saoudien. Le Qatar évite lui aussi la case Boubakeur, et finance directement ses mosquées chouchoutes comme celle de Mulhouse ou de Reims.
Autre souci de cette Fondation en mal de fondement : la son président, par ailleurs recteur de la Mosquée de Paris. Le bon monsieur Dalil, qui passe plus de temps à briquer les mocassins des politiques français qu’à gérer sa mosquée, doit en effet passer la main, au début du mois d’octobre, au frère Fouad Alaoui, le vice-président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France). Et c’est une échéance qui ne le réjouit vraiment pas. De peur de tomber dans l’oubli ?